La Flore Intestinale ou Microbiote - Partie 6
Les FODMAPs- 26 mars 2025
Les principales intolérances alimentaires qui vont influencer la flore sont les intolérances aux FODMAPs.
L’acronyme « FODMAP » signifie « Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols » autrement dit, en français : « oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale ».
Les FODMAPs regroupent donc des « sucres » de différentes structures et font partie des prébiotiques. On peut les classer par la taille et la structure des glucides qui les composent .On distingue ainsi 4 types de FODMAPs :
- Un monosaccharide, le fructose ;
- Un disaccharide, le lactose ;
- Des polyols comme le maltitol ;
- Des oligosaccharides qu’on retrouve dans les légumes secs ou bien sous forme de FOS ou Fructo-Oligo-Saccharides qui sont parfois assimilés à des fibres.
Quand une personne tolère mal ces FODMAPS, ils sont mal digérés et/ou mal absorbés au niveau de l’intestin grêle. Une trop grande quantité transite donc jusqu’au côlon droit où ils entrainent une fermentation excessive et une dysbiose entraînant météorisme, flatulences, douleurs et production de gaz.
Ce phénomène peut aussi apparaître dans l’intestin grêle et on parle de SIBO.
Il n’existe pas de bilan simple pour diagnostiquer une intolérance aux FODMAPs. Les symptômes cliniques peuvent l’évoquer et des tests d’exclusion permettront de repérer les aliments en cause.
Pour l’intolérance au lactose et au fructose, il existe des tests respiratoires réalisés par certains spécialistes ou des services hospitaliers de gastro-entérologie.
Mais pour les autres FODMAPs, seule l’observation clinique en fonction de ce que mange le patient pourra orienter le diagnostic.
Que faire en cas d’intolérance aux FODMAPs ?
En cas d’intolérance aux FODMAPs, une suppression totale des aliments n’est pas indispensable. Chaque personne a un seuil au-dessus duquel les FODMAPs entraînent des troubles.
Le mode de préparation ou de cuisson jouera également un rôle. Ainsi, les pâtes (blé dur cuit à l’eau) seront moins à risque que le pain (blé tendre cuit au four). Une personne intolérante aux FODMAPs pourra manger certaines formes de blé alors qu’une personne présentant une hypersensibilité au gluten (allergie de type 3) sera réactive à toutes les sources de blé.
De la même façon, après avoir supprimé les FODMAPs pendant quelques semaines et avoir constaté une nette amélioration, les patients peuvent réintroduire prudemment certains aliments. Alors que dans une hypersensibilité au gluten, l’exclusion devra être stricte pendant souvent plusieurs mois voire plus.
Si vous suspectez une intolérance aux FODMAPs, voici un tableau des aliments riches ou pauvres en FODMAPs qui vous permettra de vous y retrouver, ce qui n’est pas toujours simple.
Aliments riches en FODMAPs :

Vous remarquerez que certains aliments contiennent plusieurs types de FODMAPs, ce qui explique en partie les difficultés de diagnostic précis en cas de colopathie ou de pathologies plus complexes liées à la consommation de certains aliments.
Aliments bien tolérés en cas d’intolérance (non exhaustif) :

Voici les autres aliments à consommer avec prudence et sous des formes particulières :
- ail : cuit ou macéré dans de l’huile
- artichaut : ne manger que les feuilles, mais pas le cœur
- asperge : ne manger que quelques pointes, pas les tiges
- betterave : à consommer cuite uniquement
- chou-fleur : à ne consommer que cuit dans 2 eaux
- fenouil : à ne consommer que cuit
- pastèque : à consommer uniquement en très petites quantités
- pâtes : ne consommer que sans gluten
- poivrons : seuls les poivrons rouges et jaunes sont autorisés
Vous constatez que les prébiotiques sont à la fois indispensables pour avoir une flore équilibrée et peuvent aussi être cause de troubles digestifs chroniques très pénibles.
C’est pourquoi il est parfois si difficile de traiter les troubles digestifs avec gaz et flatulences. Sans parler de leur lien avec notre système nerveux qui complique encore les choses.
Et surtout, cette fiche vous montre à quel point les conseils diététiques doivent être très personnalisés. Certaines personnes ont une grande puissance digestive, un pancréas très efficace pour digérer les glucides et une flore bien équilibrée à la base. Ils peuvent manger des FODMAPs sans trop de risque et ces aliments aux propriétés prébiotiques vont aider à entretenir une flore équilibrée.
Pour d’autres patients, plus fragiles, le choix et la quantité des aliments prébiotiques seront très délicats à régler. Il faudra tâtonner et en général commencer par réduire au maximum les FODMAPs avant de réintroduire progressivement et prudemment ceux qui semblent les mieux tolérés.
Il n’existe pas de traitement vraiment spécifique pour se débarrasser de ces intolérances aux FODMAPS, mais dans tous les cas, il faudra agir sur la flore et la muqueuse intestinales qu’on traitera de façon individualisée également.
On peut aussi proposer des épices et aromates connus pour leur rôle dans la digestion. Il s’agit surtout de plantes carminatives comme : coriandre, menthe, basilic, aneth, clou de girofle, cumin, anis étoilé (badiane), fenouil, carvi, genièvre…
Ne pas oublier que seul un bilan IMUPRO permettra de distinguer les intolérances aux FODMAPS et les véritables hypersensibilités (ou allergies de type 3) qui nécessitent une exclusion plus radicale. Voir la fiche sur les intolérances alimentaires.
Dans tous les cas, les intolérances favoriseront une hyper-perméabilité intestinale (HPI) qu’il faudra également traiter pour soulager le patient. Voir la fiche sur l’HPI.
Sans oublier qu’un certain nombre de personnes présentent les 2 types de réactions : intolérance aux FODMAPs et hypersensibilité à certains aliments (gluten, œuf, oléagineux…). L’une pouvant influencer l’autre et vice versa.
Cela explique aussi pourquoi il arrive régulièrement que des personnes pensent être intolérantes au gluten alors qu’elles sont en réalité intolérantes aux FODMAPs. On parle parfois de « fausses allergies » au gluten qui sont des pièges diagnostiques fréquents !
Pourtant, il existe une grande différence entre les deux, car l’intolérance aux FODMAPs donne avant tout des troubles digestifs alors que les hypersensibilités (au gluten en particulier) sont impliquées dans des pathologies plus complexes (migraines, maladies auto-immunes, douleurs chroniques, allergies et dermatoses…).