L'Aromathérapie

Se soigner avec les huiles essentielles​

Sommaire :

PARTIE 1:
INTRODUCTION

Historique et généralités

Soigner par les odeurs. En voilà une belle idée ! Si l’aromathérapie moderne naît au XIXe siècle, depuis l’Antiquité, les senteurs des plantes sont utilisées pour guérir. Les huiles essentielles offrent une voie royale contre les microbes, les infections, les douleurs et mêmes les pathologies internes (digestives notamment). Mais faut-il encore savoir laquelle utiliser, quelle application privilégier et surtout quelles précautions prendre. 

L’aromathérapie est une approche de soin qui attire par ses odeurs, sa puissance et ses mystères. Dès notre naissance, notre odorat est un de nos guides. Nous reconnaissons l’odeur de notre mère, de son sein, puis l’arôme des aliments.

Surtout que notre système olfactif est intimement lié à notre cerveau, à nos émotions et au système neuro-végétatif, expliquant la puissance thérapeutique des huiles essentielles utilisée par voie olfactive.

Évidemment, nos ancêtres ont très vite compris l’intérêt thérapeutique ou sanitaire de ces extraits de plantes. Au départ, comme pour les bébés, nos ancêtres cueilleurs-chasseurs se servaient de leur odorat pour trouver et reconnaître leur nourriture comme le font encore la plupart des animaux. Ils pouvaient ainsi reconnaitre un aliment non comestible à son odeur particulière.

C’est de la même façon que les plantes aromatiques vont être sélectionnées de façon intuitive à partir de leur odeur et de ce qu’elles nous font ressentir puis par le biais de l’expérience. C’est ainsi que des Aborigènes apprennent alors à utiliser les feuilles de Melaleuca alternifolia également appelé « tea tree » ! Les propriétés anti-infectieuses de celles-ci ont sûrement participé à aider ces peuples à survivre dans des territoires alors particulièrement hostiles.

Puis vont se développer des techniques de macération et d’infusion dans des huiles végétales permettant d’extraire d’autres molécules végétales. Ces substances peuvent être éventuellement chauffées. 

On retrouve ainsi l’utilisation de l’encens dans différents rituels religieux. Il y avait là un symbolisme fort de cette fumée odorante qui montait vers le ciel et les dieux. Les résines d’encens oliban et de myrrhe sont utilisées à ces fins par les différents chamans et autres prêtres. D’ailleurs, le terme d’ « encens » peut être traduit chez les Égyptiens par « l’odeur qui plaît aux dieux », chez les Hébreux par « l’escalier du ciel ». 

L’usage des sources aromatiques est, à cette époque, surtout réservé aux rituels sacrés, mais aussi pour la séduction chez les castes privilégiées. Pendant près de 3000 ans, les prêtres égyptiens utilisent diverses plantes aromatiques, comme la cannelle, la résine de cèdre et de myrrhe sous forme d’onguents, pour rendre le corps de leur pharaon immortel lors de l’embaumement et permettre le passage de l’âme de ces derniers vers l’au-delà. 

Du fait d’une certaine rareté et des modes de transport, un commerce intense va se développer suite à l’usage universel des arômes. À partir des grandes découvertes maritimes, les épices resserviront de monnaie d’échange et seront à l’origine du terme de payer en « espèces ».

De l’intuition au concept d’huile essentielle

Vont ensuite apparaître les techniques de distillation qui feront définir le concept d’huile essentielle.

Les peuples de la péninsule arabique et les Perses participent grandement à ces progrès aux alentours du Xe siècle av. J.-C. On dira d’ailleurs que les Perses sont les pères de l’aromathérapie. Environ 2000 ans plus tard, un de leur descendant, le médecin – philosophe Ibn Sina, plus connu sous le nom d’Avicenne, surnommé par ses élèves « Prince des médecins », rédigea une centaine d’ouvrages faisant référence aux huiles essentielles. Avicenne tirait lui-même certains de ses enseignements du philosophe grec Aristote (environ IIIe siècle av J.-C.).

L’église et sa méfiance envers cette science provenant des Arabes, mais aussi la volonté de réserver ces plantes aromatiques aux usages sacrés ne permettront pas à cette approche thérapeutique de se développer facilement en Occident pendant le Moyen-âge.

Ce sont les Croisades qui permettront de mieux accepter les extraits tirés de la distillation. Les plantes aromatiques sont alors utilisées pour lutter contre les épidémies. Au XVe siècle, les apothicaires sont dénommés « aromaterii ». Un siècle plus tard, plus de 100 huiles essentielles sont utilisées. 

Le XXe siècle : l’essor de l’aromathérapie 

L’aromathérapie va être définie et gagner ses lettres de noblesse avec René Maurice Gattefossé, ingénieur chimiste de formation et originaire de Lyon, dont les travaux portent sur la stabilisation des parfums de synthèse. En 1910, une explosion dans son laboratoire lui provoque des plaies importantes. Celles-ci ne guérissant pas, il décide d’utiliser l’huile essentielle de lavande comme dernier recours. C’est alors que les plaies vont cicatriser, lui confirmant les propriétés antiseptiques et cicatrisantes de cet extrait.

Il va alors faire de nombreux travaux à ce sujet et rédiger de nombreux ouvrages dans lesquels le terme d’aromathérapie fait son apparition dans les années 1930. 

Dans le même temps, Flemming effectue ses recherches sur la pénicilline et à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’essor de la chimie de synthèse va donner un coup d’arrêt au développement de l’aromathérapie.

C’est le Dr Valnet dans les années 1960 qui va relancer l’intérêt pour l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles. Ses ouvrages sont encore une référence aujourd’hui. Il aura aussi la bonne idée de vulgariser ses travaux, ce qui permettra à l’aromathérapie de se développer, en particulier chez les personnes recherchant une approche plus naturelle de la santé. 

Avec Pierre Franchomme et Daniel Pénoël à partir des années 1970, cette approche deviendra encore plus scientifique et rigoureuse avec la définition des chémotypes qu’on cite sous les sigles « CT » ou « HEBBD » pour « Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie ».

L’aromathérapie « scientifique » est née et pourtant, à ce jour, elle n’est pas reconnue comme une thérapeutique à part entière et les huiles essentielles sont vendues sous la dénomination de complément alimentaire ou bien d’arôme sans aucune référence à leurs formidables propriétés médicales.

 

Pour plus d’informations vous pouvez visiter ces 2 sites :

PARTIE 2 :
L’aromathérapie est une science

Mieux connaitre l’aromathérapie - Une véritable science

C’est René Maurice Gattefossé qui utilise le premier le terme aromathérapie en 1928. Elle devient une discipline dite « scientifique, mais non conventionnelle » dans la définition de l’OMS.

Elle est considérée comme une branche de la phytothérapie utilisant des huiles essentielles et reposant sur l’activité́ pharmacologique de molécules volatiles d’origine végétale.

Beaucoup d’études et pourtant rejetée par la médecine « officielle »

Malgré des milliers d’études très rigoureuses, à ce jour, l’aromathérapie n’est pas enseignée en faculté de médecine. Elle est rejetée, voire combattue par des scientifiques ou des responsables de la santé publique qui la considèrent comme inefficace ou dangereuse suivant les cas.

Il faut dire que les huiles essentielles n’ont pas un statut de « traitement » utilisé pour soigner en France. Elles sont uniquement considérées comme des compléments alimentaires ou bien, pire, comme des excipients (arôme). C’est totalement incompréhensible au regard de tout ce que l’on connait sur l’aromathérapie. Mais personne dans les instances officielles, ne veut reconnaître leur intérêt thérapeutique et cela explique en grande partie la situation ubuesque des fabricants ou des prescripteurs d’huiles essentielles. 

Les agences du médicament française et européenne considèrent les huiles essentielles comme un « produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé́ mécanique approprié sans chauffage. » 

Et c’est tout !

Mais ne perdons pas de temps avec une législation obsolète qui met autant de mauvaise foi à reconnaître l’aromathérapie et voyons plutôt comment sont fabriqués ces produits uniques en leur genre et comment ils fonctionnent.

La « substantifique moelle » des plantes

Ces « composés volatils » sont présents dans des parties de la plante très diverses. 

Ainsi, on va trouver des huiles essentielles dans :

  • Les racines : vétiver, angélique, nard de l’Himalaya…
  • Les rhizomes : gingembre…
  • Les bois : santal, rose, cèdre…
  • Les écorces : cannelle…
  • Les oléorésines : térébenthine, myrrhe, encens…
  • Les fruits, graines, semences : anis, fenouil, citron…
  • Les feuilles : niaouli, myrte, tea tree, eucalyptus…
  • Les fleurs et sommité fleuries: lavande, menthe, romarin, sauge, thym, origan, ylang-ylang…

Le mode d’extraction va donc dépendre en particulier de la partie de la plante utilisée. Le but est de récupérer l’huile essentielle en la séparant de la phase aqueuse de la plante sans entraîner de changement significatif de sa composition et donc de ses propriétés.

Comment extrait-on les huiles essentielles ?

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour extraire les HE de la plante. 2 techniques sont prioritaires : 

  • L’expression utilisée surtout pour les zestes d’agrumes qui consiste en une rupture mécanique des poches d’essence. On obtient alors une essence (de zeste citron ou d’orange en particulier) qui peut être volatile ou non volatile et n’est pas une « huile essentielle » dans sa définition.
  • L’hydrodistillation, la méthode la plus courante, utilise un entraînement des composés volatiles par la vapeur d’eau. C’est la méthode de l’alambic qui permet d’extraire des huiles essentielles volatiles.

D’autres méthodes sont moins utilisées :

  • La percolation qui utilise la vapeur d’eau ;
  • L’enfleurage qui permet de fabriquer les « absolues » ;
  • La macération (pendant plusieurs semaines dans une huile) qui donne des huiles florales ;
  • Co2 supercritique, une méthode alternative pour extraire des essences de plantes.

Qu’est-ce qu’une huile essentielle ?

En réalité, ces « huiles » ne sont absolument pas « grasses ». Il n’y a aucun lipide, aucun corps gras dans une huile essentielle. Alors, pourquoi les appeler ainsi ? 

Ces extraits aromatiques sont hydrophobes : ils ne sont absolument pas miscibles à l’eau, d’où le nom « d’Huile ». Leur densité est en effet inférieure à l’eau. Les huiles essentielles vont donc flotter quand on les met dans un verre d’eau, exactement comme une huile alimentaire.

Cette caractéristique proche des corps gras donne aux HE un fort pouvoir pénétrant à travers la peau.

Ce sont aussi des corps très volatils d’où le terme « d’essence ».

Les huiles essentielles sont liquides à température ambiante. Elles présentent une diversité moléculaire très importante qui fait à la fois leur puissance et leurs effets secondaires. Cette diversité explique les couleurs très variables entre les différentes HE : bleu foncé de l’armoise, vert pâle de la bergamote, rouge de la sarriette des montagnes, jaune du pamplemousse, brun de l’écorce de cannelle….

Ces multiples molécules permettent une bonne conservation des huiles essentielles sans avoir besoin d’ajouter un conservateur.

Si elles sont stockées à l’abri de la lumière dans un flacon adapté et bien fermé, elles se conservent 3 à 5 ans dans la majorité des cas. Par contre, exposées à la chaleur, à l’humidité ou à l’oxygène, elles se périmeront beaucoup plus vite. Sachez que les essences de citrus se conservent mal, car ce ne sont pas réellement des huiles essentielles.

Fabriquer une huile essentielle peut être assez onéreux. Cela dépend de la richesse de la plante en composés aromatique et de la partie de la plante utilisée. Le prix peut dépendre de la rareté de la plante ou de la difficulté d’extraction.

Le rendement de la distillation des huiles essentielles est très variable. Ainsi, pour obtenir 1 litre d’huile essentielle, il faudra mettre en production :

  • 6 kg de clou de girofle, car il est particulièrement riche, comme vous le savez, en composés aromatiques ;
  • 150 kg de lavande dont on utilise uniquement la sommité fleurie ;
  • 5 000 à 10 000 kg de mélisse qui contient peu d’huile essentielle. 

Vous comprenez pourquoi certaines huiles essentielles peuvent être assez chères et pourquoi il faut les utiliser avec respect et précision. 

D’ailleurs, quand un flacon d’huile essentielle vous paraît peu cher, méfiez-vous, car souvent, cela veut dire que l’huile n’est pas pure et a été coupée avec une autre huile de qualité médiocre.

PARTIE 3 :
Choisir les huiles essentielles

Comment bien choisir ses HE ?

Il est absolument essentiel, pour un usage thérapeutique, d’utiliser des HE 100 % pures et naturelles. Cela veut dire qu’elles ne doivent rien contenir d’autre. Elles doivent être issues d’une seule plante et ne pas être coupées avec des diluants.

Il est également indispensable d’avoir une définition claire et rigoureuse du produit que vous achetez, car le nom français (qu’on appelle vernaculaire) ne suffit pas à savoir ce que vous achetez. Ainsi, une huile essentielle d’orange ou de lavande ne veut pas dire grand-chose et ne vous dit pas clairement ce que contient le flacon.

Identifier le nom latin

Pour éviter les confusions, le nom latin doit absolument être précisé ainsi que la partie de la plante utilisée et, quand cela est nécessaire, son chémotype.

Ainsi, il existe plusieurs lavandes :

  • Lavandula officinale ou Lavandula Vera est la lavande vraie. On l’appelle aussi Lavandula angustifolia ;
  • Lavandula spica est la lavande aspic qui n’est pas la même plante que la précédente même si certaines propriétés se recoupent. On l’appelle parfois Lavandula latifolia ;
  • Lavandula hybrida correspond au lavandin ;
  • Lavandula stoechas est la lavande stoechade plus rarement utilisée.

Sans le nom latin, vous risquez de ne pas utiliser le bon produit. Les mêmes distinctions existent pour différentes plantes et en particulier l’eucalyptus.

On distingue ainsi :

  • L’Eucalyptus globuleux ou Eucalyptus globulus, très antibactérien et surtout utilisé pour des infections pulmonaires ;
  • Eucalyptus radié ou Eucalyptus radiata, un grand antiviral utilisé pour les infections ORL ;
  • Eucalyptus citronné ou Eucalyptus citriodora (aussi appelé Corymbia citriodora) aux propriétés anti-inflammatoires et surtout utilisé localement pour les douleurs et inflammations mécaniques.

Connaître la partie de la plante utilisée

Dans d’autres cas, c’est la partie de la plante utilisée qui est essentielle à préciser. L’oranger en est un bon exemple.

L’huile essentielle tirée de la feuille de l’oranger amer donne l’HE de petit grain bigarade (ou bigaradier). Son nom latin est Citrus aurantium.

Il ne faut pas la confondre avec l’huile essentielle d’orange douce issue du zeste de l’orange douce qui ne vient donc pas du bigaradier. Son nom latin est Citrus sinensis.

Mais d’autres huiles essentielles sont issues du bigaradier. :

L’huile essentielle de néroli est tirée des fleurs du bigaradier. Son nom latin est aussi Citrus aurantium.

On peut même trouver une essence d’orange amère tirée du zeste par la méthode d’expression comme l’essence de citron. Là encore, le nom latin est le même (Citrus aurantium) et c’est bien la précision de la partie utilisée qui pourra différencier les produits.

Vous constaterez que l’HE de néroli est très chère par rapport à l’HE de petit grain bigarade, car les fleurs sont plus rares et ont un rendement nettement moins bon que les feuilles de cet arbre.

Rechercher les principes actifs

Une autre façon de différencier certaines huiles essentielles est de connaître le chémotype, c’est-à-dire les principes actifs dominants dans l’huile essentielle en fonction de l’origine géographique de la plante.

Ainsi, pour le romarin, on connaît 3 chémotypes qui donnent à l’huile essentielle des propriétés très différentes :

  • Le romarin à verbénone est le plus actif sur le foie et s’utilise par voie orale ;
  • Le romarin à cinéole a des propriétés plus anti-infectieuses et est utilisé pour les infections respiratoires ;
  • Le romarin à camphre est surtout actif sur les inflammations des muscles et articulations et doit être exclusivement utilisé par voie externe.

 

Vous comprenez à quel point il faut bien connaître les huiles essentielles avant de les acheter et de les utiliser à visée thérapeutique. Ce sera évidemment moins grave si vous voulez vous en servir uniquement pour « parfumer » une pièce, mais même dans ce cas-là, choisissez des produits de qualité et ne prenez pas n’importe quelle origine.



PARTIE 4 :
mode d’emploi

Comment Bien utiliser les Huiles Essentielles ?

Les huiles essentielles s’utilisent de plusieurs façons et il est important de connaître les avantages et inconvénients de chaque mode d’administration.

La voie transcutanée : le meilleur rapport efficacité/tolérance

L’application locale d’huiles essentielles est sans aucun doute la plus employée avec la voie olfactive, surtout utilisée dans l’assainissement des pièces.

Mais sur le plan thérapeutique, la voie transcutanée est sans aucun doute celle à privilégier, car elle offre le meilleur rapport efficacité/tolérance. C’est aussi la moins toxique et la moins à risque quant aux effets secondaires que je vous détaillerai plus loin.

Les HE étant lipophiles, elles traversent parfaitement la peau afin de rejoindre la microcirculation pour une action d’abord locale puis générale – mais sans passer par le foie, ce qui est important, car la toxicité hépatique ou digestive (estomac) n’est pas rare.

J’insiste sur cette action locale qui paraît évidente quand on applique une huile essentielle sur un genou douloureux, mais qui est tout aussi intéressante pour agir sur le poumon ou la vessie.

Vous pourrez lire que la voie transcutanée est surtout utilisée en « prévention », mais c’est méconnaître la puissance de pénétration des huiles essentielles et je les utilise souvent ainsi pour traiter des infections aiguës.

De plus, la voie cutanée permet aussi de bénéficier de l’action olfactive des huiles, en particulier en les appliquant sur les poignets, ce qui est une des méthodes les plus employées.

Poignets, plexus, pieds : où les appliquer ?

En priorité, il paraît logique de les appliquer en regard de l’organe à traiter. C’est ainsi qu’on va traiter de nombreuses douleurs, mais aussi une bronchite par exemple.

Pour obtenir un effet plus profond et plus général, on pourra aussi choisir des zones riches en tissus vasculo-nerveux. C’est ainsi qu’on applique très souvent les HE sur la face interne des poignets. 2 gouttes d’un côté puis on frotte les 2 poignets l’un contre l’autre pour faire pénétrer doucement et pour finir, on pourra respirer ses poignets pour compléter l’action au niveau olfactif.

Les autres zones prioritaires pour appliquer les huiles essentielles sont :

  • Le plexus solaire, surtout pour une action sur le système nerveux ;
  • Les zones paravertébrales ;
  • Les mastoïdes (derrière l’oreille) en particulier pour les maladies infectieuses, mais pas seulement ;
  • La plante des pieds, surtout si vous avez des notions de réflexologie plantaire. Mais masser l’ensemble de la voûte plantaire avec des huiles essentielles permettra une action générale très intéressante tout en utilisant une zone qui donne peu de réactions cutanées. À privilégier chez les personnes à la peau très sensible ou réactive ;
  • Au niveau des chakras pour ceux qui maîtrisent cette approche et ces zones énergétiques particulières.
Sur la peau : HE pure ou diluée ?

Tout dépend de l’HE et de l’action recherchée. Nous allons le voir un peu plus loin avec les précautions d’emploi, mais beaucoup d’HE sont dermocaustiques et pas question de les appliquer pures.

Par ailleurs, en les mélangeant dans une huile végétale, on peut optimiser leur action et leur pénétration. C’est pourquoi, dans la majorité des cas, on préfèrera diluer les HE dans une huile végétale pour les utiliser par voie transcutanée. 

Il y a évidemment plusieurs exceptions. Par exemple, en cas de piqûre de moustique, on applique de l’HE de lavande aspic pure directement sur la piqûre. De la même façon en cas d’herpès, on peut appliquer une HE de niaouli ou de tea tree pure directement la lésion.

Tout cela dépendra aussi de la zone à traiter et de la sensibilité de chaque personne. Il faudra toujours faire attention de ne pas appliquer une HE pure sur des muqueuses sans l’avis d’un thérapeute qui maîtrise cette approche thérapeutique.

La voie olfactive pour agir sur les émotions… mais pas seulement

Il ne faut pas confondre la « voie olfactive » qui possède une véritable action thérapeutique et la « diffusion » dans l’atmosphère d’huiles essentielles qui peut avoir une action préventive, mais n’a pas la puissance de l’olfaction individuelle.

Le principe est simple : respirer régulièrement des huiles essentielles par plusieurs méthodes simples :

  • l’application sur les poignets ;
  • l’application sur un mouchoir ;
  • l’utilisation d’un aérosol ou d’un bol d’eau chaude qui permet une « fumigation ».

Comme à chaque fois qu’on utilise des huiles essentielles, la voie olfactive présente des précautions d’emploi et des effets secondaires.

En priorité, attention aux HE pures qui sont ainsi inhalées de façon trop répétée. Elles peuvent être irritantes pour les muqueuses du nez et des sinus et même donner des céphalées voire des vertiges.

En cas d’asthme ou d’allergies, il faudra être prudent avec les HE utilisées. Ainsi, l’HE de menthe poivrée peut entraîner des spasmes respiratoires chez les enfants ou les personnes sensibles.

Mais la voie olfactive n’a pas seulement une action sur les voies respiratoires. En effet, les fosses nasales contiennent des terminaisons du système nerveux (bulbe olfactif) qui vont agir à la fois sur le cortex pour influencer nos émotions, mais aussi sur notre système nerveux autonome avec une action hormonale ou neuro-endocrinienne.

Cette voie olfactive peut donc permettre une action très générale à travers son action sur le système nerveux central. Ainsi, respirer une huile essentielle de lavande peut entraîner un apaisement du stress et même un effet anti-dépresseur.

Schéma du système olfactif

Ne sous-estimez pas la puissance de cette voie olfactive qui peut rendre de nombreux services.

Les voies cutanées et olfactives sont les seules méthodes qui bénéficient d’une reconnaissance « du bout des lèvres » de l’action thérapeutique des huiles essentielles, principalement en cas d’infections ORL ou pulmonaire, mais aussi de douleurs. 

De fait, il existe dans le Vidal un certain nombre de spécialités mises à disposition des médecins pour soigner les infections respiratoires à travers la méthode de la fumigation ou de pommades contenant des huiles essentielles pour soulager des douleurs inflammatoires ou traumatiques. On retrouve ces approches également dans les stations thermales spécialisées dans ces pathologies.

En diffusion pour assainir l’air

Une des utilisations les plus répandues des huiles essentielles est sans aucun doute la diffusion atmosphérique, en particulier dans des zones confinées. L’encens largement utilisé par les prêtres dans les églises au Moyen-âge était surtout là pour masquer les odeurs corporelles (l’église était un lieu de vie où l’on mangeait et où l’on dormait) et désinfecter l’air ambiant afin de limiter les risques infectieux.

Aujourd’hui, on utilise les huiles essentielles pour les mêmes raisons et avant tout améliorer la qualité de l’air ambiant, que ce soit dans les toilettes ou les pièces à vivre.

Mais au-delà de cette action « cosmétique », la diffusion d’huiles essentielles a aussi un rôle préventif. L’hiver, on va utiliser cette méthode pour assainir les pièces où des personnes se croisent afin de limiter la transmission de microbes.

Pour ma part, je l’utilise pendant toute la saison froide dans mon cabinet grâce à un diffuseur utilisant la vapeur d’eau. Et je l’applique aussi chez moi dès qu’un membre de la famille est malade afin de limiter la contagion entre nous.

Mais cette diffusion est aussi très utile au printemps ou l’été pour faire fuir les insectes indésirables et en particulier les moustiques. L’efficacité est variable suivant la taille des pièces, mais ça peut être très utile.

Attention en revanche à la diffusion d’huiles essentielles dans la chambre à coucher, surtout chez les enfants, car respirer des huiles essentielles toute la nuit peut avoir des effets secondaires, soit par irritation des voies respiratoires soit par action sur le système nerveux. Tout dépend évidemment des HE utilisées.

Vous trouverez des conseils pratiques dans la dernière partie de ce dossier et reportez-vous aussi aux précautions d’emploi de chaque HE que je détaille plus loin.

La voie orale déconseillée aux débutants

Nous arrivons à la voie la plus puissante, mais aussi la plus délicate, à savoir l’utilisation des HE « per os », par voie orale.

Je déconseille d’utiliser ce mode d’administration si vous ne connaissez pas bien l’aromathérapie et que vous ne maîtrisez pas ses contre-indications et précautions d’emploi. Nous y reviendrons en détail, mais cette voie est souvent déconseillée chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans en fonction des HE utilisées.

Sachez également que lorsqu’on avale des huiles essentielles, celles-ci vont passer par le foie et que cet organe peut souffrir d’une trop longue prise d’huiles essentielles. C’est pourquoi, sans avis médical, je vous déconseille de consommer des huiles essentielles plus de 10 jours consécutifs.

Pour certaines HE, il faudra, en plus, associer des plantes ou des huiles essentielles hépatoprotectrices.(desmodium en phytothérapie ou essence de citron en aroma)

Mais évidemment, dans certaines indications, rien ne remplace la voie orale pour l’aromathérapie. Comment doit-on les prendre en sachant que ce sont des produits très puissants, très forts et qu’il faut se méfier d’un effet irritant sur l’estomac, voire la bouche ?

Sauf cas particulier, on évitera donc de prendre des HE pures directement dans la bouche : 

  • soit on va diluer l’HE dans un aliment, un peu d’huile végétale (huile d’olive), du miel ou même une teinture mère de phytothérapie ; 
  • soit on la disposera sur un comprimé neutre, de la mie de pain ou du miel.

On peut aussi prendre les huiles essentielles sous forme de capsules vendues telles quelles par un laboratoire ou bien dans une gélule préparée par le pharmacien.

Il existe d’autres méthodes comme ajouter les huiles essentielles à un dispersant ou un sirop adapté comme le proposent parfois les pharmacies.

On prendra ces huiles essentielles le plus souvent en 3 prises à la fin des repas, mais tout dépend des indications. 

Le miellat, facile à digérer !

Si on doit prendre les HE en dehors de repas, pour ma part, je privilégie la méthode du miellat qui est à la fois efficace et permet d’améliorer la tolérance digestive.

Il faut mettre dans un petit récipient une cuillère à café un miel liquide, de qualité biologique, et y ajouter 2 gouttes HE à de miel puis mélanger énergiquement jusqu’à ce que le mélange blanchisse.

Cette dose est prévue pour 1 prise unique qu’on avalera doucement en 2 à 4 « bouchées ». 

C’est aussi une solution intéressante pour administrer de faibles doses d’HE de manière continue sur la journée et avoir un effet plus protecteur.

Dans ce cas, mettre dans le récipient une bonne cuillère à soupe de miel et ajouter 5 à 8 gouttes d’huiles essentielles (souvent 2 ou 3 HE complémentaires). Bien remuer et prendre une petite quantité toutes les heures par exemple. On utilise facilement cette méthode dans les infections aiguës en la répétant pendant quelques jours.

Petit rappel pour ne pas se tromper dans les doses

Je vais vous donner beaucoup d’exemples pratiques dans ce dossier et vous verrez que je parlerai de gouttes d’huiles essentielles quand c’est une utilisation familiale (comme le miellat ci-dessus), mais je pourrai aussi vous donner des quantités en mg, en particulier pour les préparations magistrales à faire fabriquer en pharmacie.

De la même façon, vous pourrez trouver dans des livres des posologies très variables qui utilisent aussi bien les milligrammes que les gouttes voire les millilitres.

Malheureusement, il n’y a pas de vrai consensus, car le poids d’une goutte dépend du flacon doseur et de la densité de l’huile essentielle. Je vais donc vous donner les moyennes qui sont en général retenues.

La pharmacopée européenne indique que si on utilise un compte-gouttes de référence sous forme de pipette en verre :

  • 20 gouttes = 1ml 
  • 1 goutte = 50 mg

Mais chaque fabricant fait en réalité ce qu’il veut en fonction des flacons qu’il décide d’utiliser. Le diamètre des compte-gouttes est donc variable d’une marque à l’autre. Aujourd’hui, la plupart utilisent des flacons « stilligouttes » qui donnent en moyenne :

  • 30 gouttes = 1 ml (les gouttes sont plus fines avec in stilligoutte qu’une pipette en verre)
  • 1 goutte = 30 mg en moyenne, mais ça peut aller de 25 à 40 mg

En pratique, utilisez ces chiffres qui sont proches de la réalité.

Précautions de dosage pour les voies orale et transcutanée

En cas de voie olfactive ou de diffuseur, on n’est pas à 2 ou 3 gouttes près. Pour la voie cutanée, il faut être plus précis, mais on n’est pas non plus à 1 goutte près.

Pour la voie orale, il sera important d’être attentif aux quantités, car un excès d’huiles essentielles peut agresser l’estomac et le foie, et être mal toléré.

On dit qu’il ne faut pas dépasser une dose de 10 mg/kg/j répartis en 3 prises per os et qu’il ne faut pas dépasser 10 jours de suite sans contrôle médical.

En réalité, cela dépend de chaque huile essentielle et je le préciserai dans les prochains chapitres pour chaque huile essentielle citée. Certaines sont quasiment sans risque comme l’essence de citron ou l’huile essentielle de mandarine, mais d’autres sont très agressives ou à risque comme le giroflier ou la menthe poivrée, et il faudra être très prudent.

Au-delà de cette dose maximale, on donne en moyenne, quand on utilise la voie orale :

  • 2 gouttes pures 3 fois/j
  • Soit environ 60 mg 3 fois par jour = 180 mg/jour

On peut aller jusqu’à 600 mg d’huiles essentielles par jour de façon exceptionnelle en fonction de l’huile utilisée et du poids du patient.

 

J’en profite pour vous donner la posologie maximale à utiliser par voie transcutanée : 15mg/kg/j. En moyenne on utilise :

  • Adulte : 6 à 10 gouttes par jour
  • Enfant : 2 à 6 gouttes

Mais là encore tout dépend de l’âge, de la pathologie et des huiles utilisées. Je vous donne ces chiffres pour que vous ayez une idée des quantités utilisées en moyenne. Et évidemment, par voie locale, il est préférable de diluer les HE dans une huile végétale.

La voie rectale, réservée aux seuls expérimentés

C’est une voie qui a longtemps été utilisée par les médecins. Il existait d’ailleurs, en pharmacie, des suppositoires à base d’huiles essentielles pour traiter certaines infections respiratoires. Ils ont tous disparu.

Les médecins formés en aromathérapie font préparer de tels suppositoires en préparation magistrale par les pharmaciens, aussi bien pour des adultes que pour des enfants. Ils sont surtout utilisés pour des pathologies infectieuses.

Reste que c’est un mode d’utilisation délicat et que beaucoup de patients n’apprécient pas ou même ne supportent pas.

Je ne détaillerai pas ce mode d’utilisation qui reste réservé aux médecins expérimentés.

PARTIE 5 :
Composition chimique

Les différentes compositions chimiques des HE

PARTIE 6 :
attention à leur toxicité

Risques et effets secondaires de l’aromathérapie

Connaître ces différentes familles permet de mieux comprendre et repérer les toxicités potentielles des huiles essentielles.

Voilà un chapitre que je vous recommande de lire avec attention, car si l’aromathérapie est une approche très puissante et très efficace, elle est aussi la thérapie naturelle la plus agressive et qui comporte le plus de contre-indications qu’il est important de connaître.

Si vous n’avez pas d’expérience avec les huiles essentielles, demandez conseil à un thérapeute expérimenté ou bien à votre pharmacien.

Toxicité cutanés

On peut rencontrer des allergies, mais finalement elles sont assez rares.

Par contre, les personnes à la peau fragile ou sensible pourront faire des réactions cutanées à type de rougeur qui peuvent faire penser à une allergie.

Les HE étant puissantes, elles peuvent vite être irritantes et c’est pour cela qu’on les utilise diluées dans une huile végétale.

À côté de cette réaction individuelle, il faut surtout se méfier d’une autre toxicité locale :  la dermocausticité.

Il s’agit d’une agression physique de la peau qui peut aller jusqu’à la nécrose cutanée.

Les familles les plus à risque sont :

  • les phénols (thym CT thymol, origan compact, sarriette des montagnes, giroflier) ;
  • les aldéhydes (cannelle, litsée citronnée) ;
  • autres aldéhydes (eucalyptus citronné, verveine citronnée, citronnelle et dans toutes les HE ayant un parfum caractéristique de la citronnelle) ;
  • phénol-méthyle éthers comme dans HE basilic exotique et HE estragon.

 

Pour finir, certaines huiles sont dites « photosensibilisantes ». Elles vont donner une véritable allergie, parfois importante, en cas d’exposition au soleil après leur application. C’est le cas en particulier des HE « citronnées ». Il faut éviter de les utiliser localement moins de 6h avant une exposition au soleil. 

Attention au foie : ne dépassez pas les doses !

Elle fait partie des précautions d’emploi les plus importantes. Les plus toxiques pour le foie sont les phénols et les aldéhydes aromatiques.

Pour ces HE, il ne faut pas dépasser 500 mg/j et ne pas les utiliser pendant plus de 15 jours (et même 10 jours par précaution).

Chez les personnes qui ont un foie fragile et chez qui on veut utiliser ces HE, on pourra y associer des plantes hépatoprotectrices comme le desmodium, le chardon-Marie et le chrysantellum américanum. On pourra aussi associer des huiles essentielles qui ont ces mêmes propriétés comme l’essence de citron ou l’HE de romarin à verbénone.

la neurotoxicité

Elle est plus rare, car souvent liée à un surdosage, mais il faut bien la connaître. Elle concerne surtout les cétones qui seront donc contre-indiquées chez les personnes sensibles comme les bébés et les enfants de moins de 6 ans, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes âgées et bien sûr, en cas de pathologie neurologique. 

La toxicité est dépendante de la nature, de la concentration, de la dose, de la posologie, de la durée et de la voie administrée. Les plus toxiques pour le système nerveux sont les voies orales et olfactives et la moins à risque sera la voie cutanée.

 

Dans tous les cas, il faudra surtout se méfier de l’utilisation des HE chez la femme enceinte ou allaitante et chez les enfants de moins de 6 ans. Je vais détailler ces éventuelles contre-indications dans les tableaux qui suivent.

PARTIE 7 :
Principales Huiles essentielles

PARTIE 8 :
Tableau récapitulatif de 54 huiles vraiment essentielles