L'AROMATHÉRAPIE Se soigner avec les huiles essentielles
PARTIE 1 : Introduction sur l'Aromathérapie
Historique et généralités
Soigner par les odeurs. En voilà une belle idée ! Si l’aromathérapie moderne naît au XIXe siècle, depuis l’Antiquité, les senteurs des plantes sont utilisées pour guérir. Les huiles essentielles offrent une voie royale contre les microbes, les infections, les douleurs et mêmes les pathologies internes (digestives notamment). Mais faut-il encore savoir laquelle utiliser, quelle application privilégier et surtout quelles précautions prendre.
L’aromathérapie est une approche de soin qui attire par ses odeurs, sa puissance et ses mystères. Dès notre naissance, notre odorat est un de nos guides. Nous reconnaissons l’odeur de notre mère, de son sein, puis l’arôme des aliments.
Surtout que notre système olfactif est intimement lié à notre cerveau, à nos émotions et au système neuro-végétatif, expliquant la puissance thérapeutique des huiles essentielles utilisée par voie olfactive.
Évidemment, nos ancêtres ont très vite compris l’intérêt thérapeutique ou sanitaire de ces extraits de plantes. Au départ, comme pour les bébés, nos ancêtres cueilleurs-chasseurs se servaient de leur odorat pour trouver et reconnaître leur nourriture comme le font encore la plupart des animaux. Ils pouvaient ainsi reconnaitre un aliment non comestible à son odeur particulière.
C’est de la même façon que les plantes aromatiques vont être sélectionnées de façon intuitive à partir de leur odeur et de ce qu’elles nous font ressentir puis par le biais de l’expérience. C’est ainsi que des Aborigènes apprennent alors à utiliser les feuilles de Melaleuca alternifolia également appelé « tea tree » ! Les propriétés anti-infectieuses de celles-ci ont sûrement participé à aider ces peuples à survivre dans des territoires alors particulièrement hostiles.
Puis vont se développer des techniques de macération et d’infusion dans des huiles végétales permettant d’extraire d’autres molécules végétales. Ces substances peuvent être éventuellement chauffées.
On retrouve ainsi l’utilisation de l’encens dans différents rituels religieux. Il y avait là un symbolisme fort de cette fumée odorante qui montait vers le ciel et les dieux. Les résines d’encens oliban et de myrrhe sont utilisées à ces fins par les différents chamans et autres prêtres. D’ailleurs, le terme d’ « encens » peut être traduit chez les Égyptiens par « l’odeur qui plaît aux dieux », chez les Hébreux par « l’escalier du ciel ».
L’usage des sources aromatiques est, à cette époque, surtout réservé aux rituels sacrés, mais aussi pour la séduction chez les castes privilégiées. Pendant près de 3000 ans, les prêtres égyptiens utilisent diverses plantes aromatiques, comme la cannelle, la résine de cèdre et de myrrhe sous forme d’onguents, pour rendre le corps de leur pharaon immortel lors de l’embaumement et permettre le passage de l’âme de ces derniers vers l’au-delà.
Du fait d’une certaine rareté et des modes de transport, un commerce intense va se développer suite à l’usage universel des arômes. À partir des grandes découvertes maritimes, les épices resserviront de monnaie d’échange et seront à l’origine du terme de payer en « espèces ».
De l’intuition au concept d’huile essentielle
Vont ensuite apparaître les techniques de distillation qui feront définir le concept d’huile essentielle.
Les peuples de la péninsule arabique et les Perses participent grandement à ces progrès aux alentours du Xe siècle av. J.-C. On dira d’ailleurs que les Perses sont les pères de l’aromathérapie. Environ 2000 ans plus tard, un de leur descendant, le médecin – philosophe Ibn Sina, plus connu sous le nom d’Avicenne, surnommé par ses élèves « Prince des médecins », rédigea une centaine d’ouvrages faisant référence aux huiles essentielles. Avicenne tirait lui-même certains de ses enseignements du philosophe grec Aristote (environ IIIe siècle av J.-C.).
L’église et sa méfiance envers cette science provenant des Arabes, mais aussi la volonté de réserver ces plantes aromatiques aux usages sacrés ne permettront pas à cette approche thérapeutique de se développer facilement en Occident pendant le Moyen-âge.
Ce sont les Croisades qui permettront de mieux accepter les extraits tirés de la distillation. Les plantes aromatiques sont alors utilisées pour lutter contre les épidémies. Au XVe siècle, les apothicaires sont dénommés « aromaterii ». Un siècle plus tard, plus de 100 huiles essentielles sont utilisées.
Le XXe siècle : l’essor de l’aromathérapie
L’aromathérapie va être définie et gagner ses lettres de noblesse avec René Maurice Gattefossé, ingénieur chimiste de formation et originaire de Lyon, dont les travaux portent sur la stabilisation des parfums de synthèse. En 1910, une explosion dans son laboratoire lui provoque des plaies importantes. Celles-ci ne guérissant pas, il décide d’utiliser l’huile essentielle de lavande comme dernier recours. C’est alors que les plaies vont cicatriser, lui confirmant les propriétés antiseptiques et cicatrisantes de cet extrait.
Il va alors faire de nombreux travaux à ce sujet et rédiger de nombreux ouvrages dans lesquels le terme d’aromathérapie fait son apparition dans les années 1930.
Dans le même temps, Flemming effectue ses recherches sur la pénicilline et à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’essor de la chimie de synthèse va donner un coup d’arrêt au développement de l’aromathérapie.
C’est le Dr Valnet dans les années 1960 qui va relancer l’intérêt pour l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles. Ses ouvrages sont encore une référence aujourd’hui. Il aura aussi la bonne idée de vulgariser ses travaux, ce qui permettra à l’aromathérapie de se développer, en particulier chez les personnes recherchant une approche plus naturelle de la santé.
Avec Pierre Franchomme et Daniel Pénoël à partir des années 1970, cette approche deviendra encore plus scientifique et rigoureuse avec la définition des chémotypes qu’on cite sous les sigles « CT » ou « HEBBD » pour « Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie ».
L’aromathérapie « scientifique » est née et pourtant, à ce jour, elle n’est pas reconnue comme une thérapeutique à part entière et les huiles essentielles sont vendues sous la dénomination de complément alimentaire ou bien d’arôme sans aucune référence à leurs formidables propriétés médicales.
Pour plus d’informations vous pouvez visiter ces 2 sites :
- La Fondation Gattefossé : https://www.fondation-gattefosse.org/
- L’Association Française d’Aromathérapie Clinique / AFAC : https://www.asso-afac.fr/