L'AROMATHÉRAPIE

Se soigner avec les huiles essentielles

PARTIE 4 : Mode d’emploi de l'aromathérapie

Comment Bien utiliser les Huiles Essentielles ?

Les huiles essentielles s’utilisent de plusieurs façons et il est important de connaître les avantages et inconvénients de chaque mode d’administration.

La voie transcutanée : le meilleur rapport efficacité/tolérance

L’application locale d’huiles essentielles est sans aucun doute la plus employée avec la voie olfactive, surtout utilisée dans l’assainissement des pièces.

Mais sur le plan thérapeutique, la voie transcutanée est sans aucun doute celle à privilégier, car elle offre le meilleur rapport efficacité/tolérance. C’est aussi la moins toxique et la moins à risque quant aux effets secondaires que je vous détaillerai plus loin.

Les HE étant lipophiles, elles traversent parfaitement la peau afin de rejoindre la microcirculation pour une action d’abord locale puis générale – mais sans passer par le foie, ce qui est important, car la toxicité hépatique ou digestive (estomac) n’est pas rare.

J’insiste sur cette action locale qui paraît évidente quand on applique une huile essentielle sur un genou douloureux, mais qui est tout aussi intéressante pour agir sur le poumon ou la vessie.

Vous pourrez lire que la voie transcutanée est surtout utilisée en « prévention », mais c’est méconnaître la puissance de pénétration des huiles essentielles et je les utilise souvent ainsi pour traiter des infections aiguës.

De plus, la voie cutanée permet aussi de bénéficier de l’action olfactive des huiles, en particulier en les appliquant sur les poignets, ce qui est une des méthodes les plus employées.

Poignets, plexus, pieds : où les appliquer ?

En priorité, il paraît logique de les appliquer en regard de l’organe à traiter. C’est ainsi qu’on va traiter de nombreuses douleurs, mais aussi une bronchite par exemple.

Pour obtenir un effet plus profond et plus général, on pourra aussi choisir des zones riches en tissus vasculo-nerveux. C’est ainsi qu’on applique très souvent les HE sur la face interne des poignets. 2 gouttes d’un côté puis on frotte les 2 poignets l’un contre l’autre pour faire pénétrer doucement et pour finir, on pourra respirer ses poignets pour compléter l’action au niveau olfactif.

Les autres zones prioritaires pour appliquer les huiles essentielles sont :

  • Le plexus solaire, surtout pour une action sur le système nerveux ;
  • Les zones paravertébrales ;
  • Les mastoïdes (derrière l’oreille) en particulier pour les maladies infectieuses, mais pas seulement ;
  • La plante des pieds, surtout si vous avez des notions de réflexologie plantaire. Mais masser l’ensemble de la voûte plantaire avec des huiles essentielles permettra une action générale très intéressante tout en utilisant une zone qui donne peu de réactions cutanées. À privilégier chez les personnes à la peau très sensible ou réactive ;
  • Au niveau des chakras pour ceux qui maîtrisent cette approche et ces zones énergétiques particulières.

Sur la peau : HE pure ou diluée ?

Tout dépend de l’HE et de l’action recherchée. Nous allons le voir un peu plus loin avec les précautions d’emploi, mais beaucoup d’HE sont dermocaustiques et pas question de les appliquer pures.

Par ailleurs, en les mélangeant dans une huile végétale, on peut optimiser leur action et leur pénétration. C’est pourquoi, dans la majorité des cas, on préfèrera diluer les HE dans une huile végétale pour les utiliser par voie transcutanée. 

Il y a évidemment plusieurs exceptions. Par exemple :

  • en cas de piqûre de moustique, on applique de l’HE de lavande aspic pure directement sur la piqûre.
  • De la même façon en cas d’herpès, on peut appliquer une HE de niaouli ou de tea tree pure directement la lésion.

Tout cela dépendra aussi de la zone à traiter et de la sensibilité de chaque personne. Il faudra toujours faire attention de ne pas appliquer une HE pure sur des muqueuses sans l’avis d’un thérapeute qui maîtrise cette approche thérapeutique.

La voie olfactive pour agir sur les émotions… mais pas seulement

Il ne faut pas confondre la « voie olfactive » qui possède une véritable action thérapeutique et la « diffusion » dans l’atmosphère d’huiles essentielles qui peut avoir une action préventive, mais n’a pas la puissance de l’olfaction individuelle.

Le principe est simple : respirer régulièrement des huiles essentielles par plusieurs méthodes simples :

  • l’application sur les poignets ;
  • l’application sur un mouchoir ;
  • l’utilisation d’un aérosol ou d’un bol d’eau chaude qui permet une « fumigation ».

Comme à chaque fois qu’on utilise des huiles essentielles, la voie olfactive présente des précautions d’emploi et des effets secondaires.

En priorité, attention aux HE pures qui sont ainsi inhalées de façon trop répétée. Elles peuvent être irritantes pour les muqueuses du nez et des sinus et même donner des céphalées voire des vertiges.

En cas d’asthme ou d’allergies, il faudra être prudent avec les HE utilisées. Ainsi, l’HE de menthe poivrée peut entraîner des spasmes respiratoires chez les enfants ou les personnes sensibles.

Mais la voie olfactive n’a pas seulement une action sur les voies respiratoires. En effet, les fosses nasales contiennent des terminaisons du système nerveux (bulbe olfactif) qui vont agir à la fois sur le cortex pour influencer nos émotions, mais aussi sur notre système nerveux autonome avec une action hormonale ou neuro-endocrinienne.

Cette voie olfactive peut donc permettre une action très générale à travers son action sur le système nerveux central. Ainsi, respirer une huile essentielle de lavande peut entraîner un apaisement du stress et même un effet anti-dépresseur.

Schéma du système olfactif

Ne sous-estimez pas la puissance de cette voie olfactive qui peut rendre de nombreux services.

Les voies cutanées et olfactives sont les seules méthodes qui bénéficient d’une reconnaissance « du bout des lèvres » de l’action thérapeutique des huiles essentielles, principalement en cas d’infections ORL ou pulmonaire, mais aussi de douleurs. 

De fait, il existe dans le Vidal un certain nombre de spécialités mises à disposition des médecins pour soigner les infections respiratoires à travers la méthode de la fumigation ou de pommades contenant des huiles essentielles pour soulager des douleurs inflammatoires ou traumatiques. On retrouve ces approches également dans les stations thermales spécialisées dans ces pathologies.

En diffusion pour assainir l’air

Une des utilisations les plus répandues des huiles essentielles est sans aucun doute la diffusion atmosphérique, en particulier dans des zones confinées. L’encens largement utilisé par les prêtres dans les églises au Moyen-âge était surtout là pour masquer les odeurs corporelles (l’église était un lieu de vie où l’on mangeait et où l’on dormait) et désinfecter l’air ambiant afin de limiter les risques infectieux.

Aujourd’hui, on utilise les huiles essentielles pour les mêmes raisons et avant tout améliorer la qualité de l’air ambiant, que ce soit dans les toilettes ou les pièces à vivre.

Mais au-delà de cette action « cosmétique », la diffusion d’huiles essentielles a aussi un rôle préventif. L’hiver, on va utiliser cette méthode pour assainir les pièces où des personnes se croisent afin de limiter la transmission de microbes.

Pour ma part, je l’utilise pendant toute la saison froide dans mon cabinet grâce à un diffuseur utilisant la vapeur d’eau. Et je l’applique aussi chez moi dès qu’un membre de la famille est malade afin de limiter la contagion entre nous.

Mais cette diffusion est aussi très utile au printemps ou l’été pour faire fuir les insectes indésirables et en particulier les moustiques. L’efficacité est variable suivant la taille des pièces, mais ça peut être très utile.

Attention en revanche à la diffusion d’huiles essentielles dans la chambre à coucher, surtout chez les enfants, car respirer des huiles essentielles toute la nuit peut avoir des effets secondaires, soit par irritation des voies respiratoires soit par action sur le système nerveux. Tout dépend évidemment des HE utilisées.

Vous trouverez des conseils pratiques dans la dernière partie de ce dossier et reportez-vous aussi aux précautions d’emploi de chaque HE que je détaille plus loin.

La voie orale déconseillée aux débutants

Nous arrivons à la voie la plus puissante, mais aussi la plus délicate, à savoir l’utilisation des HE « per os », par voie orale.

Je déconseille d’utiliser ce mode d’administration si vous ne connaissez pas bien l’aromathérapie et que vous ne maîtrisez pas ses contre-indications et précautions d’emploi. Nous y reviendrons en détail, mais cette voie est souvent déconseillée chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans en fonction des HE utilisées.

Sachez également que lorsqu’on avale des huiles essentielles, celles-ci vont passer par le foie et que cet organe peut souffrir d’une trop longue prise d’huiles essentielles. C’est pourquoi, sans avis médical, je vous déconseille de consommer des huiles essentielles plus de 10 jours consécutifs.

Pour certaines HE, il faudra, en plus, associer des plantes ou des huiles essentielles hépatoprotectrices.(desmodium en phytothérapie ou essence de citron en aroma)

Mais évidemment, dans certaines indications, rien ne remplace la voie orale pour l’aromathérapie. Comment doit-on les prendre en sachant que ce sont des produits très puissants, très forts et qu’il faut se méfier d’un effet irritant sur l’estomac, voire la bouche ?

Sauf cas particulier, on évitera donc de prendre des HE pures directement dans la bouche : 

  • soit on va diluer l’HE dans un aliment, un peu d’huile végétale (huile d’olive), du miel ou même une teinture mère de phytothérapie ; 
  • soit on la disposera sur un comprimé neutre, de la mie de pain ou du miel.

On peut aussi prendre les huiles essentielles sous forme de capsules vendues telles quelles par un laboratoire ou bien dans une gélule préparée par le pharmacien.

Il existe d’autres méthodes comme ajouter les huiles essentielles à un dispersant ou un sirop adapté comme le proposent parfois les pharmacies.

On prendra ces huiles essentielles le plus souvent en 3 prises à la fin des repas, mais tout dépend des indications. 

Le miellat, facile à digérer !

Si on doit prendre les HE en dehors de repas, pour ma part, je privilégie la méthode du miellat qui est à la fois efficace et permet d’améliorer la tolérance digestive.

Il faut mettre dans un petit récipient une cuillère à café un miel liquide, de qualité biologique, et y ajouter 2 gouttes HE puis mélanger énergiquement jusqu’à ce que le mélange blanchisse.

Cette dose est prévue pour 1 prise unique qu’on avalera doucement en 2 à 4 « bouchées »

C’est aussi une solution intéressante pour administrer de faibles doses d’HE de manière continue sur la journée et avoir un effet plus protecteur.

Dans ce cas, mettre dans le récipient une bonne cuillère à soupe de miel et ajouter 5 à 8 gouttes d’huiles essentielles (souvent 2 ou 3 HE complémentaires). Bien remuer et prendre une petite quantité toutes les heures par exemple. On utilise facilement cette méthode dans les infections aiguës en la répétant pendant quelques jours.

Petit rappel pour ne pas se tromper dans les doses

Je vais vous donner beaucoup d’exemples pratiques dans ce dossier et vous verrez que je parlerai de gouttes d’huiles essentielles quand c’est une utilisation familiale (comme le miellat ci-dessus), mais je pourrai aussi vous donner des quantités en mg, en particulier pour les préparations magistrales à faire fabriquer en pharmacie.

De la même façon, vous pourrez trouver dans des livres des posologies très variables qui utilisent aussi bien les milligrammes que les gouttes voire les millilitres.

Malheureusement, il n’y a pas de vrai consensus, car le poids d’une goutte dépend du flacon doseur et de la densité de l’huile essentielle. Je vais donc vous donner les moyennes qui sont en général retenues.

La pharmacopée européenne indique que si on utilise un compte-gouttes de référence sous forme de pipette en verre :

  • 20 gouttes = 1ml 
  • 1 goutte = 50 mg

Mais chaque fabricant fait en réalité ce qu’il veut en fonction des flacons qu’il décide d’utiliser. Le diamètre des compte-gouttes est donc variable d’une marque à l’autre. Aujourd’hui, la plupart utilisent des flacons « stilligouttes » qui donnent en moyenne :

  • 30 gouttes = 1 ml (les gouttes sont plus fines avec in stilligoutte qu’une pipette en verre)
  • 1 goutte = 30 mg en moyenne, mais ça peut aller de 25 à 40 mg

En pratique, utilisez ces chiffres qui sont proches de la réalité.

Précautions de dosage pour les voies orale et transcutanée

En cas de voie olfactive ou de diffuseur, on n’est pas à 2 ou 3 gouttes près. Pour la voie cutanée, il faut être plus précis, mais on n’est pas non plus à 1 goutte près.

Pour la voie orale, il sera important d’être attentif aux quantités, car un excès d’huiles essentielles peut agresser l’estomac et le foie, et être mal toléré.

On dit qu’il ne faut pas dépasser une dose de 10 mg/kg/j répartis en 3 prises per os et qu’il ne faut pas dépasser 10 jours de suite sans contrôle médical.

En réalité, cela dépend de chaque huile essentielle et je le préciserai dans les prochains chapitres pour chaque huile essentielle citée. Certaines sont quasiment sans risque comme l’essence de citron ou l’huile essentielle de mandarine, mais d’autres sont très agressives ou à risque comme le giroflier ou la menthe poivrée, et il faudra être très prudent.

Au-delà de cette dose maximale, on donne en moyenne, quand on utilise la voie orale :

  • 2 gouttes pures 3 fois/j
  • Soit environ 60 mg 3 fois par jour = 180 mg/jour

On peut aller jusqu’à 600 mg d’huiles essentielles par jour de façon exceptionnelle en fonction de l’huile utilisée et du poids du patient.

J’en profite pour vous donner la posologie maximale à utiliser par voie transcutanée : 15mg/kg/j. En moyenne on utilise :

  • Adulte : 6 à 10 gouttes par jour
  • Enfant : 2 à 6 gouttes

Mais là encore tout dépend de l’âge, de la pathologie et des huiles utilisées. Je vous donne ces chiffres pour que vous ayez une idée des quantités utilisées en moyenne. Et évidemment, par voie locale, il est préférable de diluer les HE dans une huile végétale.

La voie rectale, réservée aux seuls expérimentés

C’est une voie qui a longtemps été utilisée par les médecins. Il existait d’ailleurs, en pharmacie, des suppositoires à base d’huiles essentielles pour traiter certaines infections respiratoires. Ils ont tous disparu.

Les médecins formés en aromathérapie font préparer de tels suppositoires en préparation magistrale par les pharmaciens, aussi bien pour des adultes que pour des enfants. Ils sont surtout utilisés pour des pathologies infectieuses.

Reste que c’est un mode d’utilisation délicat et que beaucoup de patients n’apprécient pas ou même ne supportent pas.

Je ne détaillerai pas ce mode d’utilisation qui reste réservé aux médecins expérimentés.

 

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