Les Moustiques : comment s'en protéger ?
LES PIQÛRES
Au moment où j’écris ces lignes, on vient d’apprendre le décès de 3 nouvelles personnes à cause du Chikungunya à la Réunion. Évidemment, on oublie de nous préciser l’âge et l’état de santé initial de ces personnes, car n’importe qui ne décède pas de ce virus. Il faut des fragilités particulières.
Pour autant, les moustiques sont vraiment une des plaies de l’été et s’en prémunir paraît essentiel. Entre les piqûres bien désagréables avec parfois des réactions cutanées importantes et les virus qu’ils peuvent nous transmettre, ces insectes peuvent gâcher nos vacances, alors voici quelques conseils bien utiles.
Le jour et à l’extérieur : se protéger en priorité
Si vous allez dans un pays où les moustiques sont nombreux, la priorité est de limiter leur accès à votre peau. Surtout s’ils risquent d’être porteurs de maladies.
Le jour, il est conseillé de porter des vêtements légers et amples. Légers parce qu’il fait chaud et amples parce que le mouvement du tissu, quand on bouge, va gêner le vol des insectes et limiter les risques de piqûres.
Mais impossible de protéger ainsi 100% de notre surface corporelle.
Alors, il sera souvent nécessaire de rajouter des répulsifs sur la peau ou les vêtements.
On peut utiliser des répulsifs chimiques qui sont plutôt efficaces et parfois les plus simples à utiliser, mais il ne faut pas choisir n’importe quel produit. On trouve dans cette gamme :
- Les répulsifs à base de IR3535, comme le « cinq sur cinq ». Leur efficacité est variable, mais leur toxicité faible. On trouve des concentrations en principes actifs allant de 10 à 35% Choisissez les plus concentrés. Ils sont déconseillés chez l’enfant de moins de 6 ans, mais autorisés chez la femme enceinte.
- Les répulsifs à base de DEET sont les plus efficaces, mais aussi les plus toxiques. On les utilise pour protéger certaines professions, comme les gardes forestiers ou dans des régions où existent des moustiques vecteurs de maladies graves, comme Zika, Dengue ou Chikungunya, mais je les déconseille chez mes patients dans les autres conditions.
- Des répulsifs plus récents à base d’Icaridine (ou KBR3023). Ils sont une alternative au DEET, en particulier dans les zones à risque de paludisme. Déconseillé pour les enfants de moins de 30 mois, on n’a pas décrit d’autres contre-indications à ce jour. Mais on manque de recul pour affirmer qu’ils sont sans effets secondaires.
- Les produits à base de perméthrine sont strictement réservés à l’imprégnation des vêtements et des moustiquaires. Ne les utilisez pas sauf dans des régions à risque de maladies graves. C’est en fait un insecticide et pas un répulsif.
On trouve de plus en plus souvent des répulsifs dits « naturels » à base de PMD ou de Citridiol, un extrait breveté issu de l’huile essentielle d’Eucalyptus citronné (ou d’eucalyptus citriodora). Ils sont déconseillés pour les enfants de moins de 6 mois et les femmes enceintes et leur efficacité est variable. Contrairement aux huiles essentielles pures, on peut les appliquer directement sur la peau. Ils sont probablement préférables aux répulsifs chimiques, mais leur efficacité est plus aléatoire et ils ont une courte durée d’action (renouveler l’application régulièrement). Attentions aussi aux éventuels excipients ajoutés.
Il existe plusieurs huiles essentielles qui sont de bons répulsifs à commencer par la citronnelle, mais cette huile essentielle bien connue est dermocaustique et ne doit pas être appliquée pure sur la peau. C’est pourquoi je conseille plutôt à mes patients qui veulent utiliser ces produits 100% naturels de faire préparer un mélange dilué avec des huiles végétales.
Il existe plusieurs formules en fonction des habitudes de chaque aromathérapeute. En voici un exemple :
Répulsif préventif pour application locale
- HE Lemongrass 2 ml
- HE Eucalyptus citronné 2 ml
- HE Palmarosa 2 ml
- HE Lavande officinale 3 ml
- HE Gingembre 1 ml
- HV de jojoba 90 ml
On appliquera ce mélange sur les parties du corps découvertes, sauf sur le visage (ne surtout pas s’approcher des yeux). Dans les périodes à risque, je conseille de renouveler l’application toutes les 2 à 3h. Il faut malgré tout porter des vêtements longs et amples le plus souvent possible et appliquer avant tout cette préparation sur les chevilles et les poignets. On peut, bien sûr, l’appliquer sur toute la jambe si on décide de se promener en short et sur les bras si on est en tee-shirt, mais ça ne donne pas une efficacité parfaite.
Si vous êtes dans une région où les moustiques transmettent des maladies graves, ne comptez pas uniquement sur l’aromathérapie.
Vous pouvez faire remplacer l’huile végétale de Jojoba par de l’alcool à 70° afin de mettre ce mélange dans un pulvérisateur qui vous permettra de l’appliquer sur les vêtements ou autour de vous. Pour les diffuseurs, je vais vous donner une autre formule ci-dessous.
Les huiles essentielles sont contre-indiquées chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que chez les enfants de moins de 6 ans. Demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien.
Pour des nuits sans nuisible…
Encore une fois, il est préférable de se protéger avec des vêtements adaptés et une moustiquaire pendant la nuit. Dans les zones où circulent des maladies transmises par les moustiques, c’est une précaution indispensable.
On pourra aussi utiliser des diffuseurs d’huiles essentielles dans les pièces à vivre et dans la chambre. Là encore, de nombreuses formules existent. Voici un exemple à utiliser dans un diffuseur soit à ultrasons soit à vapeur :
Répulsif préventif pour diffuseur
- HE Citronnelle de Ceylan 3 ml
- HE Eucalyptus citronné 3 ml
- HE Géranium Rosat 3 ml
- HECT Giroflier 1 ml
Il existe d’autres solutions, comme les produits à base de citronnelle à faire bruler. Certains disent que de faire bruler du marc de café éloigne les insectes. Il existe aussi des répulsifs chimiques à brancher sur une prise de courant. Je ne suis pas très favorable à cette solution qui n’est pas sans effets secondaires potentiels.
Là encore, attention aux huiles essentielles dans la chambre des enfants de moins de 6 ans ou encore chez les asthmatiques. Demandez conseil à votre médecin.
Vous protéger de l’intérieur ? Oui, c’est possible !
On peut aussi éloigner les moustiques par des produits à prendre per os.
J’utilise pour ma part 2 produits par voie orale afin d’augmenter l’efficacité de cette prévention chez les personnes les plus sensibles.
- La vitamine B1 à forte dose va donner une odeur à la peau que les moustiques redoutent. Son efficacité est variable, mais son usage est sans risque, surtout sur une période courte, donc il ne faut pas hésiter à en parler à votre médecin qui pourra vous prescrire du BENERVA 250 mg : prendre 1 comprimé matin et soir pendant tout le séjour en commençant au moins 3 jours avant le départ. Ce traitement est réservé à l’adulte.
- En aromathérapie, le laboratoire Pranarom propose une spécialité appelée AROMAFOREST. Elle continent les huiles essentielles suivantes : Origan, Cannelier de Chine, Cannelier de Ceylan, Lemongrass, Tea-tree, Niaouli, Muscadier, Bois de Hô, Eucalyptus globuleux. 2 heures avant une balade en forêt, il faut prendre 4 gouttes du mélange à mettre dans du miel ou de l’huile d’olive à garder en bouche 1 min avant de l’avaler. Entre 6 ans et 12 ans, on donnera une ½ dose. Elle est contre-indiquée avant 6 ans et chez les femmes enceintes.
Aromaforest va donner une odeur corporelle qui repousse les insectes et surtout les tiques contre lesquelles ce produit à été spécialement conçu. Par ailleurs, sa formule est active sur une partie des germes potentiellement présents dans les tiques et peut limiter le risque de maladie de Lyme même si son efficacité est loin d’être garantie. Je ne l’utilise pas pour repousser les moustiques.
Il existe aussi un traitement homéopathique préventif pour les piqures de moustique. Comme ça finit par faire beaucoup de choses à prendre et qu’on est en vacances, je limite ce traitement aux plus réactifs, à ceux qui attirent les moustiques et font de fortes réactions. Dans ce cas je donne : LEDUM PALUSTRE 5CH (3 granules le matin à jeun et le soir au coucher).
Ce qu'il faut retenir
La protection contre les moustiques est essentielle, notamment dans les zones où circulent des maladies (dengue, chikungunya, paludisme).
Vêtements : privilégiez des habits amples et légers pour limiter l’exposition cutanée.
Répulsifs cutanés : IR3535 (faible toxicité, efficacité variable) / DEET (le plus efficace mais toxique, réservé aux zones à risque) / Icaridine (alternative au DEET, prudence chez les enfants) / PMD, Citridiol (issus de l’Eucalyptus citronné, plus naturels mais durée d’action courte).
Huiles essentielles : citronnelle, eucalyptus citronné, palmarosa… à utiliser diluées (contre-indiquées chez enfants < 6 ans, femmes enceintes, asthmatiques).
La nuit : privilégier les moustiquaires et diffuseurs d’huiles essentielles.
De l’intérieur : vitamine B1 à forte dose (Benerva®) ou préparations spécifiques comme Aromaforest® (efficacité plus ciblée sur les tiques).
Homéopathie : Ledum palustre 5CH peut aider les personnes très réactives aux piqûres.
Associer mesures physiques, répulsifs et solutions naturelles est la meilleure stratégie de prévention.
Pour aller plus loin...
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.