La médecine intégrative
Partie 1 - Qu’est-ce que la médecine intégrative ?
Dans chacune des fiches présentes sur ce site, nous parlons des multiples voies de traitement et de prévention, que j’utilise personnellement depuis 35 ans avec mes patients. Cette approche globale, holistique, centrée sur le patient a un nom : la médecine intégrative.
Il m’a paru opportun de mieux définir ce qu’est la médecine intégrative et vous la présenter plus en détail. Et d’entamer une réflexion sur ce que la médecine intégrative peut faire pour vous. Comment peut-elle vous aider à rester en bonne santé ou bien la retrouver si vous souffrez de différentes affections ?
Vous allez aussi comprendre à quel point vous êtes concerné et comment vous pouvez vous impliquer dans cette médecine globale pour en arriver à la santé intégrative, celle qui vous concerne VOUS !
C’est quoi la médecine intégrative ?
La médecine intégrative : une approche globale de la santé
La médecine intégrative est une approche médicale qui combine la médecine conventionnelle, basée sur des preuves scientifiques, avec des pratiques complémentaires issues des médecines dites « alternatives » (terme que je n’aime pas) ou traditionnelles, comme l’acupuncture, l’ostéopathie, la méditation ou la phytothérapie.
Cette approche vise à traiter le patient dans sa globalité, en tenant compte de ses dimensions physique, psychologique, émotionnelle, sociale et spirituelle, plutôt que de se focaliser uniquement sur la maladie.
L’objectif est d’optimiser la santé et le bien-être en personnalisant les soins, en renforçant la relation médecin-patient et en intégrant des thérapies complémentaires validées scientifiquement.
Selon le Collège Universitaire de Médecines Intégratives et Complémentaires (CUMIC), elle repose sur une coordination multidisciplinaire centrée sur le patient.
Au-delà de cette définition, je veux que vous compreniez pourquoi je n’utilise jamais le terme de médecine alternative. Bien entendu, une technique peut parfois en remplacer une autre et représenter une « alternative », mais, en réalité, toutes ces approches thérapeutiques ou préventives sont avant tout COMPLÉMENTAIRES !
Par ailleurs, parler de médecine alternative à l’allopathie est toujours mal vu par certains de mes confrères un peu obtus et fermés aux autres approches. Comme je cherche avant tout à réunir les bonnes volontés et à faire des ponts entre les différentes médecines, j’évite le terme « alternatif » pour ne froisser et ne rejeter personne. Je ne veux pas que telle méthode qui serait dite « alternative » soit, de fait, une forme de rejet d’une autre méthode tout aussi valable.
Voilà pourquoi je privilégie le terme de médecine complémentaire.
Pour les mêmes raisons, je n’utilise jamais le terme de « médecine parallèle ». D’abord ça ne veut rien dire quand on cherche à définir la médecine intégrative. Ensuite, 2 lignes parallèles ne se rejoignent jamais et c’est bien tout l’opposé de la complémentarité.
Alors il est vrai que beaucoup de méthodes de soins « naturels » se développent « à côté » de la médecine allopathique qu’on appelle parfois conventionnelle (encore un terme que je n’aime pas), mais, si ces soins sont « à côté », ils n’ont qu’un but : se croiser avec les autres approches dont l’allopathie et ne jamais rester isolés. Si certains de ces soins semblent « à part », c’est malheureusement souvent à cause de leur rejet injuste de la part d’une médecine moderne et technocratique qui ne voit la santé que par le petit bout de la lorgnette.
D’ailleurs cette médecine « officielle », dite « conventionnelle », parle souvent de toutes les autres approches de soins en les nommant « pratiques de soin non-conventionnelles ». Mais en quoi la médecine ayurvédique ou la médecine traditionnelle chinoises qui existent depuis plus de 2000 ans, seraient plus « non conventionnelles » que cette médecine chimique qui existe depuis à peine 1 siècle ?
C’est pourquoi le terme de médecine intégrative est surement le plus adapté à cette médecine que je cherche à pratiquer depuis que je suis médecin et que je partage avec vous depuis 100 numéros de ma revue.
Évidemment, tout ça, ce sont des mots. Certains vont séparer, exclure quand d’autres vont rassembler, réunir. Mais au final, il n’y a qu’une seule médecine, celle qui SOIGNE.
La médecine est un art basé sur la science et surement pas une science exacte, comme certains essayent de le faire croire. La science c’est celle qui se passe dans une éprouvette, loin de la vraie vie. La médecine c’est celle qui s’adresse à un individu unique dans une situation unique (voir la définition de l’Evidence Based Médecine un peu plus loin).
Et tout l’art médical est d’analyser cette situation unique que représente le patient que nous avons en face de nous pour ensuite déterminer le meilleur traitement qui lui sera adapté sans mettre aucune limite à la recherche d’un tel traitement et en utilisant toute la palette de soins que nous propose la médecine intégrative.
Origine du terme « médecine intégrative »
Pour tout vous dire, comme Monsieur JOURDAIN avec sa prose, j’ai longtemps pratiqué une médecine « intégrative » sans le savoir.
Le terme apparaît discrètement aux États-Unis dans les années 1990, au moment où j’ouvre mon premier cabinet de médecine générale à Paris. On le doit aux travaux des Drs David Eisenberg et Andrew Weil. Ces pionniers ont cherché à répondre à l’évolution des besoins des patients, confrontés à des maladies chroniques et à des modes de vie modernes marqués par le stress, une alimentation déséquilibrée et un manque d’activité physique.
En 1992, la création de l’Office of Alternative Medicine au sein des National Institutes of Health (NIH) aux USA a marqué un tournant, suivi par sa transformation en 1998 en National Center for Complementary and Alternative Medicine, puis en 2015 en National Center for Complementary and Integrative Health (NCCIH). Ces institutions ont financé des recherches pour évaluer l’efficacité et la sécurité des thérapies complémentaires.
En Europe, et notamment en France, le concept s’est développé plus lentement. Des précurseurs comme le Dr David Servan-Schreiber ou le formidable centre Ressource d’Aix-en-Provence créé en 2010 par mon ami le Dr Jean-Loup Mouysset, ont contribué à son essor.
Pour avoir travaillé étroitement avec ces 2 grands médecins et avoir participé comme intervenant à leur côté lors des congrès de cancérologie intégrative à Aix-en-Provence, j’ai moi aussi commencé à utiliser cette terminologie qui illustrait parfaitement ma vision des soins que je pratiquais.
En 2008, au Québec, les chercheuses Luce Pélissier-Simard et Marianne Xhignesse ont introduit le terme « santé intégrative », qui englobe une vision encore plus large, intégrant la médecine du mode de vie (nutrition, activité physique, gestion du stress). Nous y reviendrons.
En France, l’oncologie (ou cancérologie) intégrative, qui associe soins de support (art-thérapie, acupuncture, etc.) aux traitements conventionnels du cancer, a gagné en popularité, avec des initiatives dans des centres comme l’Institut Rafaël à Paris ou le CHU de Bordeaux.
Grâce à toutes ces initiatives, la médecine intégrative a gagné ses lettres de noblesse et son droit de cité. À tel point qu’un syndicat a vu le jour il y a un an, le SYNAMIEF : Syndicat National de Médecine Intégrative et Fonctionnelle présidé par le Dr Vincent Renaud qui commence à voir arriver des jeunes médecins qui ont une idée plus globale et humaniste des soins, centrés sur le malade et non sur la maladie.
Ce qu'il faut retenir
La médecine intégrative propose une vision unifiée de la santé, alliant la rigueur scientifique de la médecine conventionnelle à la richesse des approches complémentaires comme la nutrition, la méditation ou l’acupuncture.
Elle considère le patient dans toutes ses dimensions — physique, émotionnelle, mentale et spirituelle — et vise avant tout à restaurer l’équilibre et le bien-être global.
En France comme ailleurs, cette approche gagne en reconnaissance grâce à des médecins pionniers et à des initiatives qui replacent l’humain au cœur du soin.
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.