La médecine intégrative
Partie 3 - La médecine intégrative : qu’en disent les études ?
La France, arque boutée sur sa demande de preuves scientifiques absolues, rejette la plupart du temps des études pourtant très positives qui concernent les thérapeutiques non conventionnelles.
Ce fut le cas pour l’homéopathie qui bénéficie pourtant de nombreuses études scientifiques probantes, mais jamais assez puissantes pour être acceptées par ses détracteurs. Mon but n’est pas, ici, de démontrer le bien-fondé de l’homéopathie, donc je ne m’étendrai pas spécifiquement sur ce sujet.
On a vu pendant la crise COVID que plusieurs études voulant prouver l’efficacité des médicaments chimiques, comme le remdésivir ou voulant démontrer les risques supposés des traitements comme l’hydroxychloroquine, avaient été totalement bidonnées. De la même façon, les études sur le vaccin Covid sont loin de démontrer une quelconque efficacité sur la population globale et pourtant on fait la promotion de ce vaccin en permanence.
Cela montre bien que l’interprétation des études et leur prise en compte par le ministère et les agences de santé dépendent bien plus de décisions subjectives où les gros sous sont souvent présents plutôt que de la rigueur de ces mêmes études.
On comprend alors que les études sur cette homéopathie qui ne rapporte rien aux labos et qui leur fait de l’ombre ne soient pas prises en considération dans les décisions politiques. Je ferme la parenthèse.
Concernant la médecine intégrative, un certain nombre d’études existent. Je vais en citer quelques-unes, mais vous devez comprendre que la pratique de cette MI est tellement variable suivant les pays et les thérapeutes qu’il est difficile d’en tirer des convergences de résultats.
Les recherches sur la médecine intégrative se concentrent sur son efficacité globale, sa sécurité et son impact sur la qualité de vie, particulièrement en oncologie, dans la gestion de la douleur et des maladies chroniques. Voici un aperçu des études clés.
Bell et al. (2002) – Médecine intégrative et recherche systémique
Cette étude fondamentale explore la médecine intégrative comme un modèle pour les soins primaires, en mettant l’accent sur une approche des objectifs thérapeutiques. Elle souligne l’importance d’évaluer les thérapies complémentaires dans un cadre scientifique rigoureux. (1)
Résultats : Les auteurs concluent que la médecine intégrative peut améliorer la prise en charge des patients en tenant compte de leur complexité spécifique et de leur terrain, mais insistent sur la nécessité de méthodologies adaptées pour évaluer les thérapies complémentaires, qui diffèrent des protocoles standards des essais cliniques. C’est d’ailleurs souvent ce que reprochent ses détracteurs à la médecine intégrative ou aux pratiques non conventionnelles : un manque de méthodologie commune. Mais en même temps, peut-on évaluer de la même façon des antibiotiques, de l’homéopathie et de l’acupuncture ? Vous répondrez NON sans hésiter et vous aurez raison. Et pourtant c’est ce que les agences de santé veulent imposer, ce qui est tout à fait irréaliste.
Néanmoins, l’étude que je cite ici a eu le grand avantage de poser les bases théoriques pour intégrer les approches complémentaires dans les systèmes de santé. Malheureusement, seuls les pays anglo-saxons s’en inspirent concrètement.
Rosenthal & Dean-Clower (2006) – Médecine intégrative en oncologie
Cette revue examine l’utilisation de certaines thérapies complémentaires (yoga, acupuncture, méditation) dans les soins oncologiques pour gérer les symptômes, comme la douleur, la fatigue et l’anxiété. (2)
Résultats : Les thérapies complémentaires, lorsqu’ intégrées à des traitements conventionnels, en réduisent les effets secondaires et améliorent la qualité de vie des patients atteints de cancer. L’acupuncture, par exemple, a montré des effets bénéfiques sur les nausées liées à la chimiothérapie.
Cette étude a renforcé la légitimité de l’oncologie intégrative, adoptée par des centres comme le Dana-Farber Cancer Institute. Elle a été appliquée depuis longtemps par le Dr Jean-Loup Mouysset dans son centre ressource à Aix-en-Provence, mais il aura fallu 20 ans pour que d’autres osent lui emboîter le pas et cette approche globale du patient cancéreux reste encore très exceptionnelle en France et combattue par de nombreux centres spécialisés.
Pourtant, l’étude citée a déjà 20 ans !
Ornish et al. (1980s-1990s) – Programme multidimensionnel pour les cardiopathies
Ces études pionnières ont examiné l’effet d’un programme intégratif combinant régime alimentaire, yoga, méditation et soutien de groupe pour inverser les cardiopathies. (3)
Résultats : Les participants ont montré une amélioration significative des marqueurs cardiovasculaires (réduction des plaques d’athérome) et une meilleure qualité de vie, démontrant la synergie des approches intégratives.
Ces travaux ont validé l’efficacité des interventions de style de vie dans la médecine intégrative, influençant les programmes de prévention. En France, une telle approche est plutôt reconnue officiellement, mais si peu appliquée. Les cardiologues ne sont absolument pas formés à cette approche intégrative et n’y pensent que très rarement. Et la formation des jeunes médecins ne s’est pas améliorée dans ce domaine. Il faut dire qu’il n’y a rien à gagner pour les laboratoires pharmaceutiques, donc il n’existe aucun financement de telles démarches.
SIO (2009) – Recommandations pour les thérapies complémentaires en oncologie
Basée sur plus de 300 références, cette publication définit des lignes directrices pour l’utilisation des thérapies complémentaires en oncologie, en évaluant leur efficacité et leur sécurité. (4)
Résultats : Les pratiques comme le yoga, l’acupuncture et la méditation sont recommandées pour gérer la douleur, l’anxiété et la fatigue, avec des preuves solides de leur efficacité.
Ces recommandations ont standardisé l’intégration des thérapies complémentaires dans les grands centres anticancéreux américains et c’est déjà une grande avancée, mais la liste des thérapies complémentaires reste vraiment trop courte. Nous verrons dans un prochain chapitre à quel point on peut aller plus loin et faire encore mieux.
Schlaeppi (2019) – Études en oncologie intégrative
Le Dr Marc Schlaeppi, oncologue suisse, souligne la multiplication des études rigoureuses sur les thérapies complémentaires en oncologie, publiées dans des revues prestigieuses. (5)
Ces études montrent que plus de la moitié des patients cancéreux utilisent des thérapies complémentaires, avec des bénéfices significatifs sur la qualité de vie (douleur, sommeil, anxiété).
Cette synthèse, qui n’est pas une étude scientifique, mais une étude observationnelle, met en avant l’acceptation croissante des approches intégratives dans les systèmes de santé en Suisse. Quid en France ?
Globalement, beaucoup d’études sur la médecine intégrative sont positives, mais avec des limites liées à cette approche globale très différente d’un pays à l’autre, d’un centre à l’autre et d’un médecin à l’autre. Par ailleurs, une médecine centrée sur l’individu plus que sur la maladie et où l’on applique les thérapeutiques de façon personnalisée ne peut pas répondre aux mêmes critères scientifiques qu’une étude centrée sur une molécule chimique donnée pour une maladie précise, quelles que soient les caractéristiques particulières de chaque patient.
Malgré tout, plusieurs bénéfices sont bien démontrés : les thérapies complémentaires, comme l’acupuncture, le yoga ou la méditation, sont efficaces pour réduire les symptômes associés aux maladies chroniques et au cancer (douleur, nausées, fatigue, anxiété). Elles améliorent la qualité de vie et l’adhésion aux traitements conventionnels. Par exemple, une méta-analyse récente (2023) citée par l’Institut Rafaël montre que la méditation réduit les troubles du sommeil chez les patients cancéreux.
Lorsqu’elles sont pratiquées par des professionnels formés, les thérapies complémentaires présentent peu de risques. Et sûrement beaucoup moins que les thérapeutiques chimiques, comme les chimios ou la radiothérapie. Mais vous aurez toujours des grincheux pour rappeler que des pratiques « non validées scientifiquement » peuvent poser des dangers si elles remplacent les traitements conventionnels. Mais qui décide que ces soins ne sont pas validés et sur quels critères se basent-ils ?
Par ailleurs, le principe de la médecine intégrative c’est justement de ne pas rejeter une thérapeutique, quelle qu’elle soit et surtout pas l’allopathie. Donc, dans cette approche globale, aucun risque de perte de chance, puisqu’on essaye de trouver le meilleur compromis, la meilleure association des thérapeutiques conventionnelles et non conventionnelles sans jamais rejeter les traitements « officiels » qui ont souvent leurs limites et beaucoup d’effets secondaires pouvant être réduits grâce à l’approche intégrative. C’est du gagnant-gagnant pour le plus grand bénéfice du patient.
Alors pourquoi autant de controverses en France sur les risques de pertes de chance ou de dérives sectaires. Comme le proverbe nous le rappelle, quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ! Et l’homéopathie en a fait les frais alors qu’elle devrait faire partie intégrante d’une médecine intégrative centrée sur le malade. C’est sûrement, avec la médecine traditionnelle chinoise, une des plus belles approches thérapeutiques individualisées.
Ce qu'il faut retenir
L’intérêt et l’efficacité de la médecine intégrative sont soutenus par des études positives, notamment en oncologie et pour les maladies chroniques. Les travaux de Bell, Rosenthal, Ornish et la SIO montrent des bénéfices significatifs, bien que des défis méthodologiques persistent. En Europe, l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni sont en avance, tandis que la France progresse lentement.
Il serait nécessaire que la formation des médecins soit un peu plus ouverte sur ces approches et qu’on évalue de façon plus objective d’autres pratiques non conventionnelles que je vais citer un peu plus loin. Malheureusement, des questions d’ego, des combats d’arrière-garde et des intérêts financiers viennent freiner cette évolution que beaucoup de patients appellent pourtant de leurs vœux.
1 - Archives of Internal Medicine, vol. 162, 2002, p. 133-140
2- American Society of Clinical Oncology Educational Book, 2006
3 - Études du Dr Dean Ornish, publiées dans The Lancet et JAMA
4 - Society for Integrative Oncology, 2009
5 - Interview dans Planète Santé
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.