L'AROMATHÉRAPIE Se soigner avec les huiles essentielles
PARTIE 3 : Choisir les huiles essentielles
Comment bien choisir ses HE ?
Il est absolument essentiel, pour un usage thérapeutique, d’utiliser des HE 100 % pures et naturelles. Cela veut dire qu’elles ne doivent rien contenir d’autre. Elles doivent être issues d’une seule plante et ne pas être coupées avec des diluants.
Il est également indispensable d’avoir une définition claire et rigoureuse du produit que vous achetez, car le nom français (qu’on appelle vernaculaire) ne suffit pas à savoir ce que vous achetez. Ainsi, une huile essentielle d’orange ou de lavande ne veut pas dire grand-chose et ne vous dit pas clairement ce que contient le flacon.
Identifier le nom latin
Pour éviter les confusions, le nom latin doit absolument être précisé ainsi que la partie de la plante utilisée et, quand cela est nécessaire, son chémotype.
Ainsi, il existe plusieurs lavandes :
- Lavandula officinale ou Lavandula Vera est la lavande vraie. On l’appelle aussi Lavandula angustifolia ;
- Lavandula spica est la lavande aspic qui n’est pas la même plante que la précédente même si certaines propriétés se recoupent. On l’appelle parfois Lavandula latifolia ;
- Lavandula hybrida correspond au lavandin ;
- Lavandula stoechas est la lavande stoechade plus rarement utilisée.
Sans le nom latin, vous risquez de ne pas utiliser le bon produit.
Les mêmes distinctions existent pour différentes plantes et en particulier l’eucalyptus. On distingue ainsi :
- L’Eucalyptus globuleux ou Eucalyptus globulus, très antibactérien et surtout utilisé pour des infections pulmonaires ;
- Eucalyptus radié ou Eucalyptus radiata, un grand antiviral utilisé pour les infections ORL ;
- Eucalyptus citronné ou Eucalyptus citriodora (aussi appelé Corymbia citriodora) aux propriétés anti-inflammatoires et surtout utilisé localement pour les douleurs et inflammations mécaniques.
Connaître la partie de la plante utilisée
Dans d’autres cas, c’est la partie de la plante utilisée qui est essentielle à préciser. L’oranger en est un bon exemple.
- L’huile essentielle tirée de la feuille de l’oranger amer donne l’HE de petit grain bigarade (ou bigaradier). Son nom latin est Citrus aurantium.
- Il ne faut pas la confondre avec l’huile essentielle d’orange douce issue du zeste de l’orange douce qui ne vient donc pas du bigaradier. Son nom latin est Citrus sinensis.
Mais d’autres huiles essentielles sont issues du bigaradier :
- L’huile essentielle de néroli est tirée des fleurs du bigaradier. Son nom latin est aussi Citrus aurantium.
- On peut même trouver une essence d’orange amère tirée du zeste par la méthode d’expression comme l’essence de citron. Là encore, le nom latin est le même (Citrus aurantium) et c’est bien la précision de la partie utilisée qui pourra différencier les produits.
Vous constaterez que l’HE de néroli est très chère par rapport à l’HE de petit grain bigarade, car les fleurs sont plus rares et ont un rendement nettement moins bon que les feuilles de cet arbre.
Rechercher les principes actifs
Une autre façon de différencier certaines huiles essentielles est de connaître le chémotype, c’est-à-dire les principes actifs dominants dans l’huile essentielle en fonction de l’origine géographique de la plante.
Ainsi, pour le romarin, on connaît 3 chémotypes qui donnent à l’huile essentielle des propriétés très différentes :
- Le romarin à verbénone est le plus actif sur le foie et s’utilise par voie orale ;
- Le romarin à cinéole a des propriétés plus anti-infectieuses et est utilisé pour les infections respiratoires ;
- Le romarin à camphre est surtout actif sur les inflammations des muscles et articulations et doit être exclusivement utilisé par voie externe.
Vous comprenez à quel point il faut bien connaître les huiles essentielles avant de les acheter et de les utiliser à visée thérapeutique. Ce sera évidemment moins grave si vous voulez vous en servir uniquement pour « parfumer » une pièce, mais même dans ce cas-là, choisissez des produits de qualité et ne prenez pas n’importe quelle origine.
Qu’est-ce qu’une huile essentielle ?
En réalité, ces « huiles » ne sont absolument pas « grasses ». Il n’y a aucun lipide, aucun corps gras dans une huile essentielle. Alors, pourquoi les appeler ainsi ?
→ Elles n’aiment pas l’eau
Ces extraits aromatiques sont hydrophobes : ils ne sont absolument pas miscibles à l’eau, d’où le nom « d’Huile ». Leur densité est en effet inférieure à l’eau. Les huiles essentielles vont donc flotter quand on les met dans un verre d’eau, exactement comme une huile alimentaire.
Cette caractéristique proche des corps gras donne aux HE un fort pouvoir pénétrant à travers la peau.
→ Une grande diversité moléculaire
Ce sont aussi des corps très volatils d’où le terme « d’essence ».
Les huiles essentielles sont liquides à température ambiante. Elles présentent une diversité moléculaire très importante qui fait à la fois leur puissance et leurs effets secondaires. Cette diversité explique les couleurs très variables entre les différentes HE : bleu foncé de l’armoise, vert pâle de la bergamote, rouge de la sarriette des montagnes, jaune du pamplemousse, brun de l’écorce de cannelle….
→ Conservation longue durée
Ces multiples molécules permettent une bonne conservation des huiles essentielles sans avoir besoin d’ajouter un conservateur.
Si elles sont stockées à l’abri de la lumière dans un flacon adapté et bien fermé, elles se conservent 3 à 5 ans dans la majorité des cas. Par contre, exposées à la chaleur, à l’humidité ou à l’oxygène, elles se périmeront beaucoup plus vite. Sachez que les essences de citrus se conservent mal, car ce ne sont pas réellement des huiles essentielles.
→ Des prix du simple au triple
Fabriquer une huile essentielle peut être assez onéreux. Cela dépend de la richesse de la plante en composés aromatique et de la partie de la plante utilisée. Le prix peut dépendre de la rareté de la plante ou de la difficulté d’extraction.
Le rendement de la distillation des huiles essentielles est très variable. Ainsi, pour obtenir 1 litre d’huile essentielle, il faudra mettre en production :
- 6 kg de clou de girofle, car il est particulièrement riche, comme vous le savez, en composés aromatiques ;
- 150 kg de lavande dont on utilise uniquement la sommité fleurie ;
- 5 000 à 10 000 kg de mélisse qui contient peu d’huile essentielle.
Vous comprenez pourquoi certaines huiles essentielles peuvent être assez chères et pourquoi il faut les utiliser avec respect et précision.
D’ailleurs, quand un flacon d’huile essentielle vous paraît peu cher, méfiez-vous, car souvent, cela veut dire que l’huile n’est pas pure et a été coupée avec une autre huile de qualité médiocre.