Les additifs alimentaires

Des messages concernant l’alcool, le tabac ou la prévention routière sont répétés à foison (et c’est très bien), mais sur la qualité de notre alimentation et les risques qui en découlent, bien peu de messages et encore moins de contrôles et de lois pour limiter les abus des industriels.

C’est tellement vrai que des étudiants d’AgroTech Paris ont poussé un cri d’alerte et de révolte lors de leur cérémonie de diplôme. Huit étudiants de cette prestigieuse école d’agronomie ont prononcé un discours au vitriol contre « une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours ». Et de poursuivre : « Nous ne croyons pas que nous avons besoin de ‘toutes les agricultures’. Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur Terre. Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme », poursuit la jeune femme, sous les applaudissements de ses camarades réunis Salle Gaveau à Paris (1).

Ces jeunes diplômés, à la fois lucides et courageux (ils prennent de gros risques pour leur avenir professionnel) appellent leur congénère à « déserter » cette industrie agroalimentaire qui nous amène dans le mur. 

Tout aussi encourageants, les jeunes diplômés de Polytechnique leur ont emboité le pas, là aussi lors de leur soirée de fin d’études. À peine diplômés, ces étudiants de l’École polytechnique se sont révoltés contre l’impact environnemental de leur industrie en affirmant : « Il est plus que crucial de critiquer, de dénoncer, d’oser s’opposer à ces blocages qui nous empêchent d’avoir le niveau d’ambition nécessaire face à l’urgence écologique. Il est urgent d’entamer un virage radical, de sortir des rails sur lesquels nous installent insidieusement notre diplôme et notre réseau. Il est urgent de renoncer à notre petit confort, un confort certes rassurant, mais délétère. Redescendons sur terre. Soyons à l’écoute des femmes et des hommes qui nous entourent et qui ont beaucoup plus à nous apprendre que ce que nos prédécesseurs ont bien voulu entendre d’elles et eux. Nous ne pourrons relever le défi écologique qu’avec l’implication active des décideurs économiques et politiques. »

Nous voulions partager ces 2 exemples extraordinaires à la fois pour vous montrer à quel point les ingénieurs les plus brillants commencent enfin à prendre conscience de la situation, entretenue par leurs prédécesseurs et aussi pour nous donner une pointe d’espoir de voir ces jeunes prendre le destin de la planète en main. Évidemment il faudra qu’ils soient encore plus nombreux, mais c’est aussi à nous de faire, chacun dans notre foyer, les efforts qu’il faut pour ne plus être complice de ces industries mercantiles et sans éthique.

Comme le disait Coluche : « quand on pense qu’il suffirait que les gens ne l’achètent pas pour que ça ne se vende plus » !

Alors informez-vous pour ne plus acheter ces produits ultratransformés qui font autant de mal à votre organisme qu’à la planète.

Revenons à la question des additifs qui est un des éléments alimentaires sûrement les plus malsains pour notre santé et en même temps les plus simples à supprimer. Il suffira de réduire drastiquement les aliments transformés par l’industrie qui en contiennent.

Qu’appelle-t-on « additifs » alimentaires ? Ce sont tous ces éléments, souvent chimiques, mais parfois naturels qui servent à modifier la texture, le goût ou la couleur d’un aliment transformé par un industriel. 

Ne soyons ni aveugles ni hypocrites : ces additifs servent surtout à masquer la piètre qualité d’un aliment d’origine très variable et qui ne pourrait pas séduire le consommateur sans ces artifices.

Les additifs sont aussi des conservateurs qui permettent d’obtenir des dates limite de consommation les plus longues possibles. Attention, les industriels ne sont pas les seuls coupables de l’utilisation excessive de ces additifs. Les grandes surfaces leur mettent une grande pression pour pouvoir vendre plus et à moindre prix (ou plutôt à plus forte marge) et pour avoir des produits qui se conservent plus longtemps.

Ces additifs sont les fameux « E » présents sur les étiquettes des produits transformés que vous achetez. Mais ils ne sont pas toujours si visibles. D’abord parce que certains n’ont pas l’obligation d’être mentionnés et d’autres ont été valorisés par des artifices qui ne laissent pas penser que ce sont des additifs chimiques. 

Un exemple parmi d’autres : les « sels de fonte » qu’on utilise pour les fromages fondus comme celui portant le nom d’une vache très souriante histoire de mieux nous manipuler. Ces sels de fonte ne sont pas sans risques pour la santé. D’ailleurs, la législation limite leur utilisation, mais ne les a toujours pas interdits. Nous ne pouvons que vous déconseiller fortement de consommer de tels fromages. Surtout que si on a ajouté ces additifs c’est que les fromages utilisés sont de très mauvaise qualité, souvent des rebuts ou des morceaux de fromage qui ne pourraient être vendus autrement. On a même parfois dans ces compositions des ingrédients qui n’ont rien à voir avec le lait ou le fromage !

Cela veut dire que les additifs peuvent être toxiques par eux-mêmes, mais aussi peuvent permettre de cacher la mauvaise qualité de l’ingrédient de base.

Et comme toujours, les enfants sont les premières victimes de ces additifs qui peuvent augmenter leur hyperactivité (2). C’est le cas de certains colorants alimentaires et du conservateur appelé « benzoate de sodium » qui augmenterait l’hyperactivité chez l’enfant ! En avez-vous entendu parler à la télé entre 2 publicités pour des bonbons et des barres chocolatées ? Pourtant c’est bien au gouvernement de nous alerter sur ces risques comme ils le font pour le tabac !

Évidemment, le risque est dose-dépendant, mais quand ces colorants sont dans des bonbons dont les enfants raffolent, le risque est bien réel si les parents ne sont pas informés ou trop laxistes ?

Surtout que la toxicité de chaque additif est évaluée individuellement, mais que nous ne disposons d’aucune étude qui évalue l’ensemble des additifs ingurgités chaque jour. C’est ce fameux « effet cocktail » souvent repris sur le site de l’ASEF (3). La toxicité de chaque additif est peut-être faible, mais quelle est la toxicité de l’addition de tous ces additifs dans notre assiette ?

La revue « Que Choisir » a publié plusieurs dossiers avez une liste de tous ces additifs et leur niveau de risque. Il en existe plus de 300 autorisés en France et tous n’ont pas été évalués correctement et encore moins en association les uns avec les autres.

Reportez-vous à la fiche qui reprend une partie de ces tableaux !

Quelle est la solution ?

Bien sûr, vous pouvez apprendre cette liste par cœur ou bien faire vos courses avec un pense-bête pour éviter les additifs toxiques. 

Mais en pratique, le plus simple est d’éviter au maximum les aliments transformés par l’industrie. On ne peut pas éviter totalement les additifs, car certains produits alimentaires utiles, voire nécessaires, peuvent contenir des conservateurs. D’autres comme le jambon blanc contiennent presque toujours des colorants.

Si on est attentifs et qu’on limite ces aliments dans notre assiette, on risque vraiment de prendre moins de risques pour sa santé.

C’est pour cela que nous conseillons souvent le jambon cru de qualité plutôt que les jambons cuits ou équivalents.

Dans un jambon ordinaire, vous aurez des colorants, des conservateurs et surtout des polyphosphates qui sont un additif qu’il faut absolument éviter. Dans un jambon cru labellisé, il y a le jambon, du sel et c’est tout ! Vous comprenez la différence ? 

Alors apprenez à contrôler les étiquettes, car certains jambons crus « industriels » peuvent aussi contenir des additifs qui sont totalement inutiles sauf pour masquer la qualité médiocre du produit. Nous vous rappelons que certains jambons portant le nom d’une ville italienne viennent en fait de Chine ou d’autres pays où la qualité des porcs et de leur alimentation est très aléatoire (et c’est peu dire !).

Encore une fois, les additifs sont toujours là en priorité pour masquer la qualité médiocre du produit de base. Et cela aboutit à un aliment doublement à risque : à cause des additifs et à cause de la qualité intrinsèque des ingrédients principaux !

La toxicité reconnue des aliments ultra-transformés

On touche ici du doigt la toxicité des aliments dits « ultra transformés ». On est à la marge des questions d’environnement, mais ça reste dans le même esprit. Ces aliments industriels sont mauvais pour la santé à cause de la présence d’additifs, de pesticides, mais aussi à cause de leur teneur en sucres rapides ou en mauvaises graisses.

Quoi qu’il en soit, ce sont sûrement des aliments à éviter au maximum. La seule difficulté est de définir ce qu’est un aliment ultra-transformé (4). Et là, évidemment, les experts ne sont pas d’accord d’autant plus qu’il semble parfois évident que les lobbies industriels influencent l’opinion publique et les agences de santé en influençant certains experts comme cela semble le cas aussi sur les questions du Covid.

Mais plutôt que de rentrer dans ces discussions stériles et interminables, il est plus simple de se dire que plus vous achèterez des aliments naturels non transformés, plus vous éviterez les aliments industriels et plus votre santé sera protégée.

Car les conséquences de ces aliments sont particulièrement néfastes.

Ainsi une étude publiée en 2018 et reprise par le journal Le Monde laisse penser que ces aliments augmentent le risque de cancer. Ce n’est pas une surprise quand on sait que les sucres rapides et les graisses trans souvent très présents dans ces aliments sont des facteurs qui favorisent les cancers.

Mais ce sont aussi les additifs et en particulier les perturbateurs endocriniens qui sont en cause. D’ailleurs, les auteurs donnent des chiffres assez impressionnants puisqu’ils expliquent qu’augmenter de 10 % sa consommation de nourriture contenant additifs alimentaires et conservateurs divers élèverait de 12 % le risque de développer une tumeur. (5)

D’ailleurs, le Haut Conseil de la santé publique a actualisé ses repères alimentaires pour le futur Programme national nutrition santé et recommande de privilégier l’utilisation de ce qu’il appelle des « produits bruts » et que nous préférons appeler des aliments naturels et non transformés.

Une étude de 2019 s’est intéressée non pas à telle ou telle maladie, mais à l’espérance de vie et à la mortalité. Et les conclusions sont les mêmes : une augmentation de 10 % de la part des aliments ultra transformés dans l’alimentation augmenterait la mortalité de 15 % ! (6)

Vous savez ce qu’il vous reste à faire la prochaine fois que vous irez faire vos courses !

1 – https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/video-l-agro-industrie-mene-une-guerre-au-vivant-et-a-la-paysannerie-des-etudiants-d-agroparistech-appellent-leurs-camarades-a-deserter_5131804.html

2 – Sources : McCann D et al., Food additives and hyperactive behaviour in 3-year-old and 8/9-year-old children in the community: a randomised, double-blinded, placebo-controlled trial. Lancet. 2007 Sep 5.

3 – https://www.asef-asso.fr/?s=effet+cocktail

4 – https://www.inrae.fr/actualites/transformation-aliments-recherche-dun-systeme-classification-fiable

5 – http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/02/16/les-aliments-ultra-transformes-favorisent-le-cancer_5257759_3244.html

6 – https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2723626

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.