Les pesticides
et autres molécules chimiques utilisés dans l’agriculture
Il y a 3 façons d’être en contact avec les pesticides et autres produits chimiques utilisés en agriculture :
1/ En vivant près des champs sur lesquels sont répandus des tonnes de pesticides
Il faut dire que la France malgré ses bonnes intentions dans le domaine de l’écologie et du développement durable est un des premiers pays utilisateurs de pesticides en Europe avec près de 100 000 tonnes utilisées chaque année ! (1)
Si vous êtes dans ce cas, vous pouvez alerter les pouvoirs publics sur cette situation à risque. Mais au vu des décisions récentes sur le plan sanitaire, nous craignons que les lobbys industriels soient plus puissants que les associations de défense de l’environnement et que la seule solution pour vous prémunir de ce risque soit de déménager !
N’oublions pas que si vous n’êtes pas impacté par la pollution atmosphérique quand les agriculteurs industriels déversent ces tonnes de molécules chimiques sur leurs cultures, vous pourrez l’être à travers l’eau du robinet. Un rapport du Sénat (comme pour le Covid on a l’impression que le Sénat fait bien plus pour notre santé et notre environnement que nos députés !) de 2022 commence par : « La France est le troisième consommateur mondial, après les États-Unis et le Japon et, de loin, le premier utilisateur de pesticides en Europe. » (2)
Nous rappellerons que sous la 1ère mandature de Monsieur Macron le glyphosate (Roundup) qui aurait dû être interdit totalement a été réhomologué par l’ANSES. Pourtant, en 2017, il avait été demandé au gouvernement de prendre les « dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite dans les trois ans ». Comme beaucoup d’autres de ses promesses, et malgré la présidence de l’Europe pendant son mandat, aucun progrès n’a été fait dans ce sens au 1er juillet 2022.
Toujours est-il que le rapport du Sénat nous rappelle que ces pesticides se retrouvent très largement dans l’eau des rivières, mais aussi des puits et potentiellement dans l’eau que nous pourrions boire dans ces régions d’agriculture intensive.
2/ En consommant des aliments riches en pesticides. Et Dieu sait qu’on en trouve partout !
Ainsi une récente étude de l’association Générations Futures montre que des résidus de pesticides sont fréquemment trouvés dans les fruits et légumes. La présence de résidus de pesticides dans l’alimentation fait l’objet d’une surveillance annuelle réalisée par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), mais ses résultats ne sont pas communiqués clairement au grand public.
L’association a donc décidé de reprendre l’ensemble des études de la DGCCRF disponibles de 2012 à 2017 et de ne retenir que celles concernant les végétaux non bio vendus en France et analysés au moins 5 années sur 6 avec un nombre significatif d’échantillons.
Sur ces six années, en moyenne 71,9% des échantillons de fruits et 41,3% des échantillons de légumes contenaient des résidus de pesticides et 2,9% des échantillons de fruits ainsi que 3,4% des échantillons de légumes dépassaient la LMR (limite maximale en résidus autorisée par l’Union européenne).
Les fruits le plus souvent contaminés étaient la cerise (89% des échantillons), la clémentine/mandarine (88,1%), le raisin (87,3%), le pamplemousse/pomelos (86,3%), les nectarines/pêches (83%), les fraises (82,9%) et les oranges (81,2%). Les moins souvent contaminés étaient les prunes/mirabelles (50,8%), les avocats (27,8%) et les kiwis (25,8%).
Une étude plus récente à l’échelle européenne montre qu’un tiers des fruits sont contaminés par des pesticides dangereux ! Elle a été publiée en mai 2022 par l’ONG Pesticide Action Network (PAN) (3).
Quand on connait les quantités de fruits et légumes importées en France en provenance de toute l’Europe, il y a de quoi s’inquiéter. D’où l’importance de privilégier les petits producteurs locaux et les AMAP.
La solution : Manger bio oui, mais … !
L’alimentation bio est une alternative pour s’épargner la consommation de résidus de pesticides, mais tout n’est pas aussi simple
Une étude publiée par 60 millions de consommateurs a porté sur 130 produits bio appartenant à 14 catégories alimentaires. Aucune trace de pesticides dans les pommes et les bananes bio analysées.
Mais certains laits et œufs bio étaient plus contaminés en dioxine et PCB (polychlorobiphényles) que des laits et œufs conventionnels ! Les résultats étaient aussi « problématiques » dans les huiles d’olive biologiques (dont certaines contenaient des phtalates, alors qu’aucune huile non bio n’en contenait). Leur production en Tunisie était souvent en cause.
Ces résultats, a priori surprenants, sont dus au fait que les sols peuvent être contaminés de longue date quand un exploitant décide de passer au bio.
Ainsi, les PCB (qui ne sont pas des pesticides), bien qu’interdits depuis 1987, persistent pendant de nombreuses années dans les sols et les rivières.
La même étude montre que les chips bio recèlent de l’acrylamide, comme les non-bios, et que beaucoup de charcuteries biologiques contiennent des nitrites de sodium, cancérogènes. C’est tout à fait normal : des chips bio restent des chips cuites à haute température et cette cuisson développe obligatoirement des produits carbonés.
Donc le bio, OUI pour les fruits et légumes, mais aussi les céréales. Pour les autres aliments, tout dépend de leur origine et de leur qualité. Dans tous les cas, le bio est préférable, car si un lait bio contient des traces de PCB il n’aura ni pesticides, ni hormones, ni antibiotiques ! Mais faites attention aux produits bio transformés (et donc cuits à haute température) ou ceux qui viennent de pays où les contrôles sont moins rigoureux.
Pour limiter les risques, vous pouvez aussi faire attention à consommer surtout des fruits et légumes de saison et choisir des circuits d’approvisionnement courts et des petits producteurs locaux en qui vous avez confiance. Même s’ils ne sont pas certifiés bio, ils proposent souvent des aliments de qualité !
3/ Dans les jardins particuliers
Pendant des décennies, les pires intoxications à partir de pesticides ou autres produits phytosanitaires étaient retrouvées chez les jardiniers amateurs qui utilisaient ces produits en quantité parfois trop importante et surtout sans protection au moment de leur application.
Les lois récentes sur les pesticides et herbicides comme le glyphosate qui n’est plus en vente libre a permis de commencer à faire diminuer ce risque.
Les pesticides se trouvent aussi dans des produits pour traiter le bois. Ainsi, un Toulousain qui travaillait dans une usine de fabrication et vente de xylophène et lasures a dû arrêter son travail avec une invalidité de 60% et un lien reconnu avec son travail. Il raconte dans une interview : « J’étais en contact direct avec des insecticides et j’ai mélangé beaucoup de produits chimiques avec du xylène, des solvants, des bactéricides, des biocides ». À l’image de ce cas, la toxicité n’est pas liée à un seul produit, mais bien aux associations, aux mélanges ou aux contacts répétés avec plusieurs produits chimiques.
Récemment, 2 Américains ont gagné contre Monsanto en faisant reconnaitre le lien entre le glyphosate et leur maladie.
La solution :
Attention aux produits que vous choisissez pour entretenir vos jardins et quoi que vous utilisiez, pensez à porter des gants et un masque de qualité pour limiter le contact et l’ingestion des molécules à risque.
Les jardins bio se développent et de nombreuses astuces existent sur le net, y compris pour fabriquer soi-même ses désherbants à base de vinaigre et de liquide vaisselle. L’ASEF propose gratuitement un petit guide du bio-jardinage. Allez vite le télécharger ici : https://www.asef-asso.fr/production/le-petit-guide-sante-du-jardinage/
Toutes ces mesures sont importantes, car les pesticides sont réellement dangereux pour la santé. Voici un résumé de l’excellente synthèse réalisée par l’ASEF que vous pourrez lire sur leur site :
http://www.asef-asso.fr/production/les-pesticides-la-synthese-de-lasef/
En cas de contact répété avec des pesticides, on peut observer :
- Des lésions dermatologiques qui sont parmi les effets secondaires les plus fréquents (rougeurs, démangeaisons, ulcérations ou urticaires)
- Des atteintes neurologiques plus fréquentes qu’on ne le croit, mais dont le lien avec les pesticides n’est pas toujours reconnu. Les enfants sont les plus touchés avec beaucoup d’hyperactivité et de trouble de la concentration. On peut aussi avoir un vieillissement cognitif accéléré chez les seniors. On incrimine aussi les pesticides dans la maladie de Parkinson.
- L’association Génération Future a mesuré que 157 substances sur les 350 types de résidus de pesticides détectés dans les aliments sont des perturbateurs endocriniens. Ils vont donc entrainer de nombreux déséquilibres hormonaux avec une infertilité parfois très résistante aux traitements et des cancers hormono-dépendants : sein en particulier, mais aussi prostate et testicule.
Comme toujours, la concentration de chaque molécule est faible dans l’aliment incriminé, ce qui est la réponse faussement rassurante des industriels et parfois des instances gouvernementales. Mais que fait-on une fois encore de l’effet cocktail, c’est-à-dire de l’accumulation de toutes ces molécules qu’on ingère dans 1 repas ?
Le Pr Gilles-Eric Seralini a ainsi mesuré que l’on consommait en moyenne 36 pesticides différents par jour ! Et c’est ce risque-là d’association et de cumulation qui n’est jamais mesuré ! - Certains pesticides sont des causes reconnues de cancer du cerveau (glioblastomes). On les voit en particulier chez les viticulteurs. Ils favorisent aussi particulièrement les lymphomes (cancers du sang)
Alors, faites tout pour limiter votre contact avec ces molécules chimiques parmi les plus dangereuses de notre environnement. On se demande même comment ces produits sont encore autorisés !
Sans parler de leur impact sur la planète et en particulier sur la faune : oiseaux, poissons et abeilles pour ne parler que des principales victimes animales !
1 – https://www.generations-futures.fr/publications/pesticides-qui-sont-les-plus-gros-consommateurs-en-europe/
2 – https://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-239.html
3 – publiée ce mardi 24 mai 2022, par l’ONG Pesticide Action Network (PAN),
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.