Prenez conscience de la pollution de l’air
Et voyez sur quoi vous pouvez agir

Ici nous allons parler de l’air extérieur. Cette fiche sera plus courte, car malheureusement, il n’y a pas grand-chose que puisse faire le citoyen pour agir sur cette pollution dont nous sommes tous victimes ! Ce sont surtout les industriels et les pouvoirs publics qui ont les moyens de changer la donne.

Faut-il encore le vouloir et s’en donner les moyens.

La pollution de l’air qu’on respire a de multiples causes. Dans une autre fiche, on a cité les épandages massifs de pesticides et autres produits chimiques sur les cultures.

On a également parlé du fait de bruler des végétaux verts, mais aussi et surtout des usines d’incinération.

Beaucoup d’usines polluent notre air. En France la législation est suffisamment stricte pour que le problème ait été bien diminué. Mais dans certains pays comme l’Inde ou la Chine, la situation est parfois dramatique autour de certaines usines. Sans parler de la contamination de l’eau.

Une étude parue dans le Lancet en 2017 parlait de 9 millions de morts dans le monde par an à cause de la pollution atmosphérique ! En Europe on parle de 500 000 morts par an à cause de l’air qu’on respire ! Là encore, la France n’est pas la plus concernée. 

La Pologne et l’Italie seraient les plus touchées par la pollution, mais l’Allemagne supporte le plus grand nombre de décès avec 81 160 morts par an devant l’Italie (79 820) et le Royaume-Uni (52 240). La France (45 840) arrive au cinquième rang derrière la Pologne (48 690), pays de l’UE le plus sévèrement touché compte tenu nombre d’habitants.

INFOGRAPHIE LE MONDE

La plupart (plus de 70 %) des décès attribués à la pollution sont dus à des maladies non transmissibles : pathologies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux (AVC), cancers du poumon, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), maladies gastro-intestinales …

Des progrès restent donc à faire, même en France, en particulier autour des raffineries de pétrole. Mais ce ne sont pas les seules. Parfois cette pollution atmosphérique est très sournoise. 

Ainsi L’association France Nature environnement a décidé de porter plainte en juillet 2018 contre l’usine Sanofi du bassin de Lacq à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) qui fabrique la Dépakine et qui pollue bien au-delà des normes autorisées.

L’usine a rejeté, en avril 2018 jusqu’à 190 000 fois la norme autorisée de bromopropane, une substance inodore, mais classée comme cancérigène mutagène et avec des effets susceptibles d’altérer la fécondité comme l’explique un article de France-Info.

On a même retrouvé 5 autres polluants qui peuvent aggraver les phénomènes de pollution atmosphérique et provoquer des problèmes respiratoires chez les habitants autour de l’usine. Les associations de riverains et les associations environnementales qui siègent dans la commission de suivi du site industriel sont particulièrement choquées par les niveaux de polluants et les délais de réaction de l’usine qu’elles jugent « inadmissibles. » Le site rejetterait même du valproate de sodium, la base de la Dépakine, et ce à des niveaux de plusieurs tonnes par an.

Nous ne citerons pas ici tous les cas de pollution, mais vous voyez que le premier rôle du citoyen est d’alerter les pouvoirs publics à chaque fois qu’il constate ce type d’abus et de mise en danger de la population

Les associations de défense de l’environnement sont en première ligne, mais on aimerait que l’état joue son rôle qui est de protéger la population et de dépister ces pollutions au plus tôt en contrôlant mieux les usines.

Mais l’individu a d’autres actions à mener pour protéger sa santé et celle de ces concitoyens. En particulier parce que la 1ère pollution des villes est sans aucun doute la voiture et les émanations de particules fines.

Une prise de conscience récente fait que la législation amène à réduire l’utilisation du diesel et à favoriser les voitures hybrides ou électriques. Car n’ayez aucun doute, le diesel est bien un produit cancérigène (le diesel est classé comme cancérigène avéré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2012et source de maladies respiratoires très handicapantes. On se demande même comment on a pu, pendant des décennies, réduire à ce point les taxes sur le diesel. Les lobbys ont été encore une fois très efficaces ! 

Une étude publiée en 2017 dans le Lancet a même conclu que la pollution aux particules fines semble avoir une incidence sur l’apparition de maladies neurodégénératives comme Alzheimer !

À l’inverse, beaucoup de débats sont ouverts sur la véritable « écologie » des voitures électriques à cause de la production, mais surtout du recyclage des batteries. Il est certain que des questions restent à régler dans ce domaine et que tout n’est pas rose ni vert dans la voiture électrique. Mais 2 choses sont sûres :

  • La voiture électrique n’entraîne aucune pollution atmosphérique et peut donc permettre de limiter le nombre de malades et de morts liés à cette pollution.
  • Beaucoup d’articles qui critiquent l’aspect écologique de la voiture électrique sont diffusés par l’industrie pétrolière qui a peur pour ses profits !

Nous n’avons aucun conseil à vous donner, surtout que les voitures électriques sont encore chères, mais pour les petits trajets et même le trajet domicile – travail ou encore pour ceux qui passent leur journée à rouler en ville, la solution électrique est sans aucun doute une alternative à envisager.

De la même façon que les transports en commun doivent aussi évoluer vers des solutions vertes : bus électriques ou à hydrogène en particulier.

L’utilisation des transports en commun, surtout pour ceux qui habitent loin de leur travail, est aussi une solution à développer pour limiter le nombre de voitures dans les bouchons du matin et du soir qui sont parmi les plus polluants.

Oui, mais voilà, encore une fois, rien n’est simple. Ainsi on a mesuré l’air qu’on respire dans le métro. Évidemment, les résultats sont très différents entre l’Inde et la France, mais cela impacte de très nombreuses personnes. Chaque jour, il y a 4,8 millions d’usagers à Londres, 5,3 millions à Paris, 6,8 millions à Tokyo, 9,7 millions à Moscou et 10 millions à Pékin. Les transports en commun ont ainsi semblé constituer une solution permettant de réduire la pollution atmosphérique des métropoles.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs études pionnières ont analysé la qualité de l’air du métro dans un grand nombre de villes d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Et pour tout vous dire, la RATP est une des dernières à accepter de faire ces mesures. 

Récemment, une enquête du journal Le Monde révélait que 28 000 salariés étaient exposés à des concentrations dangereuses en particules fines dans le métro parisien et le RER. Car évidemment, les plus exposés sont ceux qui y passent leur journée entière.

Dans les villes qui ont accepté de faire un véritable état des lieux, les chiffres sont riches en enseignement.

Quand on compare, pour un même trajet dans la ville de Barcelone, la qualité de l’air respiré dans le métro, le bus, le tramway et dans la rue, la pollution mesurée dans le métro est supérieure à celle subie par les usagers du tram ou les piétons dans la rue, mais légèrement inférieure à celle des bus

À Hong Kong, Mexico, Istanbul et Santiago du Chili, en revanche, les niveaux de pollution mesurés dans le métro sont inférieurs à ceux des autres moyens de transport public.

Malheureusement, aucune étude épidémiologique ne permet à ce jour de pointer d’éventuels effets anormaux sur la santé des personnels travaillant sous terre et des usagers. Les ouvriers du métro new-yorkais qui ont été exposés à cet air souterrain n’ont apparemment pas subi une dégradation significative de leur état de santé.

À ce jour, il n’existe encore aucun encadrement légal de la qualité de l’air dans le métro, la recherche devrait progresser pour nous doter de méthodes pratiques permettant de limiter l’exposition aux particules fines. En attendant, peut-être faut-il faire comme les Japonais et porter un masque pour filtrer l’air que l’on respire si on prend le métro quotidiennement. Cela sera aussi efficace pour limiter la contagion pendant les épidémies hivernales, car le métro est un véritable nid à microbe et un lieu de promiscuité très favorable à la transmission des infections.

Si cela est vrai pour tous, c’est encore plus important pour les femmes enceintes qui devraient se protéger dès qu’elles sont dans un environnement pollué. Ainsi, en 2012, l’Inserm publiait un travail qui montrait qu’en France, 2,3 % des enfants sont nés avec un poids inférieur à 2,5 kg et que pour la moitié des cas, la raison est une exposition de la femme enceinte à cette pollution !

Et au-delà du coût humain, le coût pour la société est loin d’être négligeable puisque l’équipe d’épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires a calculé que le coût de la prise en charge à la maternité de l’hypotrophie à la naissance est estimé à 25 millions d’euros. Par la suite, les retards de développement de ces enfants engendrent une prise en charge spécifique « sur l’ensemble de leur vie qui coûte 1,2 milliard d’euros » !

Et ne croyez pas qu’après l’accouchement, le problème est moindre. Ainsi, en 2011, l’ASEF a réalisé une étude très originale dans la ville d’Aix-en-Provence (qui n’est pas la plus polluée de France ! (1)) . Elle a équipé des poussettes pour bébé de capteurs de pollution. Car on ne s’en rend pas toujours compte, mais nos bébés dans leur poussette sont juste à la hauteur des pots d’échappement et de toute façon dans une position moins « aérée » qu’un adulte debout.

Et les résultats ont été malheureusement sans surprise : sur les deux parcours, matin comme soir, les taux ne sont quasiment jamais inférieurs à 20 μg/m3. Peu importe le niveau de vie, tous les enfants sont pollués de la même façon… Gare routière, arrivée de l’autoroute où se trouve un célèbre fast-food, zone de travaux dans les rues du centre-ville, marché du Cours Mirabeau, fête foraine, collège, etc. les taux relevés sont de 2 à 6 fois supérieurs à l’objectif de qualité de l’OMS.

Pour mémoire, de nombreuses études scientifiques ont montré que les enfants étant exposés aux pollutions automobiles, et notamment aux microparticules développaient plus facilement asthme, infections ORL et allergies respiratoires. « Or, en poussette nos enfants sont aux premières loges pour inhaler les pots d’échappement des véhicules –forts nombreux à Aix-en-Provence où les transports collectifs sont sous-développés… » affirme le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l’Association Santé Environnement France.

La vraie solution est donc évidemment de réduire globalement la pollution des villes en réduisant la circulation des véhicules à moteur à explosion. Mais en attendant, prenez conscience de la pollution à laquelle est soumise votre enfant quand vous le promenez en poussette dans des villes polluées et surtout pendant les pics de pollutions liés aux conditions climatiques particulières !

Et protégez-vous également quand vous passez des heures dans les transports en commun.

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.