Herpès Cutané
Le reconnaître et le comprendre
Beaucoup d’entre vous savent ce qu’est une poussée d’herpès pour en avoir eu vous-même ou l’avoir observé chez un proche. Détaillons les différentes situations.
Le HHV1 comme tous les herpesviridae est un virus très malin. Après la primo-infection qui a atteint la muqueuse buccale, il va aller se cacher dans un ganglion « nerveux » qu’il ne faut pas confondre avec les ganglions lymphatiques.
C’est beaucoup moins connu, mais de la même façon qu’il existe des ganglions sur les trajets lymphatiques, il existe des ganglions sur le trajet des nerfs en dehors du système nerveux central. Ce sont des amas de cellules nerveuses qui assurent des jonctions entre différents nerfs. Une forme de carrefour de la diffusion des informations.
Le HHV1 va se cacher dans ces structures, au cœur de la cellule nerveuse sensitive qu’il ne va pas agresser. Il y est « dormant » et ne se réplique pas localement. Ainsi il est invisible pour notre système immunitaire et peut y rester sans se faire remarquer pendant des années.
Quand le HHV1 veut sortir de sa « cachette », il est immédiatement repéré par le système immunitaire qui a été « immunisé » lors de la primo-infection. Il va donc être détruit rapidement sans donner le moindre symptôme.
L’herpès, un signe de faiblesse immunitaire
Oui, mais voilà, notre système immunitaire peut être moins vigilant suivant les circonstances. Et s’il ne réagit pas suffisamment rapidement, la lésion herpétique va pouvoir se développer.
Ainsi, une poussée d’herpès a toujours un lien avec une chute de notre système immunitaire que l’on observe surtout en cas de :
- Fatigue importante qui peut avoir de nombreuses causes et en particulier, la période des règles chez la femme.
- Stress important.
- Autre microbe qui monopolise notre immunité. D’où le nom de « bouton de fièvre », car l’herpès sort en même temps que la fièvre qui est en lien avec cette autre infection.
- Traitement immunosuppresseur comme la cortisone ou une chimiothérapie.
- Maladie immunosuppressive comme le HIV.
Mais un herpès peut aussi être lié à une cause locale et en particulier un « traumatisme » de la lèvre. Ça peut être le fait de se « tirer » la peau des lèvres, d’avoir une fissure à cause de lèvres sèches ou de soins dentaires ou encore une exposition excessive au soleil.
Si le virus voit une « ouverture » du fait de ce manque de défenses générales ou locales, il va parcourir le trajet du nerf où il est caché et émerger à l’extrémité de ce nerf, au niveau du derme où il va se développer et créer la lésion typique de l’herpès cutané.
Son terrain privilégié : la lèvre (mais pas seulement)
L’herpès labial est le plus fréquent, mais pas le seul
Pour des raisons physiologiques liées à la primo-infection qui touche la bouche et à l’anatomie des nerfs, la localisation la plus fréquente de cette récurrence herpétique est la lèvre. Pour être précis, à la lisière entre la peau et la muqueuse. On parle donc d’herpès cutanéo-muqueux.
Et comme le virus est souvent caché dans un seul nerf, il ressort toujours au même endroit. Mais certaines personnes peuvent avoir du virus dans plusieurs nerfs en lien avec la lèvre et ils pourront avoir des herpès labiaux à plusieurs endroits de la lèvre en fonction de la poussée, un jour à droite puis la fois suivante, à gauche.
Si la lèvre est la localisation la plus fréquente de l’herpès cutané, elle n’est pas la seule.
En réalité, une poussée d’herpès pourrait apparaître n’importe où sur le corps. Mais en dehors de la lèvre, les endroits les plus fréquents où l’on observe des poussées d’herpès récurrents sont :
- Le palais qui donne des lésions beaucoup plus atypiques.
- La zone autour des narines
- La fesse qui est une localisation observée essentiellement chez des femmes après la ménopause sans qu’on puisse clairement expliquer pourquoi. Ce type d’herpès est un des plus difficiles à traiter. Il peut faire suite à une primo-infection herpétique génitale.
- La zone génitale qui est une localisation fréquente, mais liée surtout au HHV2. On parle d’herpès génital.
- L’œil.

Diagnostic et évolution de l’herpès labial

Cette fiche se limitera à la description de l’herpès labial, mais ce que je vais vous expliquer est proche de ce qu’on observe pour les autres localisations.
Dans la majorité des cas, la poussée commence par une sorte de prurit, de sensation de piqûre ou de névralgie peu douloureuse et toujours très localisée.
Les personnes qui font régulièrement de l’herpès savent reconnaître ces premiers symptômes assez frustes. Le traitement homéopathique devrait être commencé dès ces premiers signes. Ils correspondent au début de l’infection, quand le virus commence à se multiplier, entraînant une petite réaction inflammatoire locale à bas bruit.
Puis rapidement, en moins de 12 h souvent, une lésion de la lèvre va apparaître proche de la lisière entre la peau et la muqueuse. D’abord une rougeur puis une boursouflure (papule) qui va se transformer en vésicule.
Il peut exister une seule lésion, mais la plupart du temps, on va observer un « bouquet » de vésicules très évocateur d’un herpesviridae (on aura la même chose dans le zona).
À ce stade, la douleur et la sensation de brûlure augmentent de façon plus ou moins importante. C’est aussi le moment où on est le plus contagieux. La douleur est liée à la lésion inflammatoire, mais aussi à la lutte entre le virus et notre système immunitaire, qui explique en partie ce prurit assez caractéristique.
Le virus crée une lésion cutanée assez profonde dont va dépendre la durée de cicatrisation.
En quelques jours, les vésicules inflammatoires contenant un liquide clair (qu’il ne faut surtout pas percer) vont devenir plus blanchâtres puis vont s’ouvrir et laisser la place à une plaie comme un petit cratère plus au moins profond. À ce stade, le virus disparaît et la lésion se surinfecte à cause des germes de la peau et en particulier le staphylocoque.
Si on prend des antiviraux comme le Zovirax, à ce stade, ils ne servent plus à rien (voir la fiche sur le traitement de l’herpès), car on passe d’une infection virale à une « plaie » cutanée surinfectée.
La lésion, comme toutes les plaies, évoluera vers une croûte (qu’il faut respecter) puis une cicatrisation plus ou moins longue en fonction de la profondeur de la lésion et de l’importance de la poussée.
Sans traitement, la poussée herpétique va toujours évoluer vers une guérison totale, mais mettra souvent une bonne quinzaine de jours à disparaître. La prise en charge que je décris dans la fiche sur l’herpès permet de réduire nettement la violence et la durée de la crise.
Sans aucune prise en charge, le principal risque reste la récidive. Certaines personnes font même une poussée d’herpès par mois et parfois plus !
Confirmer le diagnostic
Le diagnostic est essentiellement clinique et ne fait en général aucun doute. Le plus typique reste le « bouquet de vésicules », mais aussi les autres symptômes décrits et la localisation.
Ce sont uniquement des localisations inhabituelles ou particulières qui peuvent créer un doute comme la kératite herpétique de l’œil qui nécessite une consultation chez un ophtalmologue ou encore les encéphalites herpétiques rares et difficiles à affirmer.
L’herpès génital peut parfois prendre des formes atypiques et d’autres affections gynécologiques peuvent parfois faire évoquer un herpès.
Il est très rare qu’on fasse un prélèvement pour rechercher le virus dans les lésions. On le fait parfois dans les herpès génitaux ou encore chez une femme enceinte qui pourrait avoir du virus au niveau vaginal. Pour cela, il faut avoir des vésicules encore « fermées » et mettre en culture le liquide prélevé. Le résultat demande 48 h en général.
Évidemment, on ne fait jamais cela pour un herpès cutané.
On peut également réaliser une PCR (par exemple sur un prélèvement de larmes pour la kératite ou du liquide céphalorachidien pour les encéphalites), mais comme pour le coronavirus, cette PCR est loin d’être parfaitement fiable.
Si elle revient positive, elle sera un argument suffisant pour traiter.
On peut également faire une sérologie (prise de sang) afin de rechercher des anticorps dirigés contre le HHV1 et/ou le HHV2.
Si la sérologie est négative, on conclut que le patient n’a jamais rencontré ce virus et il faut donc envisager un autre diagnostic.
Si la sérologie est positive, cela veut juste dire qu’on a eu un contact, un jour, avec le virus (ce qui est le cas, je vous le rappelle, de 50 à 90 % de la population). Mais la sérologie ne nous dit pas si l’infection actuelle est réellement un herpès.
Pour revenir au sujet principal de cette fiche, l’herpès « cutané », le diagnostic est donc uniquement clinique et le doute est vraiment exceptionnel.
Pour aller plus loin, reportez-vous aux fiches :
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.