Les cancers de la peau

Partie 1 - Anatomie rôle et secrets de notre plus grand organe

La peau est considérée comme un organe à part entière, mais très particulier sur le plan anatomique et fonctionnel. Sa surface est en moyenne de 1.75m² et elle pèse entre 4 et 10kg. C’est donc le plus grand « organe » du corps humain.

On la divise en 3 couches :

  • L’épiderme est la partie supérieure, visible ;
  • Le derme contient des éléments très divers comme les nerfs, les vaisseaux, les glandes sudoripares et sébacées, mais aussi des cellules de l’immunité ;
  • L’hypoderme est constitué essentiellement de cellules graisseuses.

L’épiderme est la partie la plus fine de la peau. Il mesure de 1 à 4 mm avec deux couches principales :

  • La couche cornée, en surface, est faite de cellules vieillies provenant de la couche basale. Ces cellules remontent en surface puis desquament, c’est-à-dire que les cellules mortes se détachent en lambeaux cornés. Ce phénomène permet le renouvellement continuel de l’épiderme.
  • La couche basale est faite de cellules vivantes qui se divisent et permettent un renouvellement de l’épiderme ainsi que sa réparation en cas de plaie. Elle repose sur une membrane basale qui la sépare du derme.
    La couche basale contient 2 types de cellules :
    les kératinocytes, les principales cellules de l’épiderme qui sont jointives et distribuées en plusieurs couches. Elles forment l’essentiel de l’épiderme.
    Les mélanocytes qui donnent sa couleur à la peau, mais peuvent aussi être le siège du mélanome, le plus grave des cancers de la peau.

Cet épiderme est avant tout une couche protectrice de notre corps contre les diverses agressions extérieures et qui le rend « étanche » sans l’empêcher de « respirer ».

À noter que cette couche extérieure n’est pas vascularisée. La couche basale se nourrit par imbibition à partir du derme.

L’hypoderme, parfois appelé tissu sous-cutané, est un tissu assez banal, situé sous le derme et constitué essentiellement de tissu graisseux (ou adipocytes).

Le derme, entre les deux, est la couche « fonctionnelle » de la peau

Entre l’épiderme et l’hypoderme, nous trouvons donc le derme qui est la couche la plus importante pour « l’organe peau ». Cette couche plus profonde est aussi plus épaisse. Elle contient de nombreux éléments :

Le follicule pilo-sébacé est un système complexe regroupant :

  • les follicules pileux qui fabriquent le poil
  • les muscles lisses arrecteurs, responsables du hérissement des poils ;
  • les glandes sébacées, sécrétant le sébum le long des poils.

On trouve également dans le derme :

  • les glandes sudoripares, sécrétant la sueur;
  • un système nerveux très développé, essentiellement sensitif,
  • des fibres de collagène et d’élastine qui vont déterminer la souplesse et l’adaptation de la peau aux contraintes ;
  • des mélanocytes qui donnent la couleur à la peau et lui permettent de « bronzer »
  • des vaisseaux sanguins et lymphatiques qui permettent à la peau de se nourrir.

Quand on saigne ou quand on a mal lors d’un choc, c’est donc que l’épiderme a été dépassé et que le derme est agressé.

Le système circulatoire du derme est assez classique, contrairement au système nerveux qui est particulièrement développé. Ces vaisseaux sont, en revanche, reliés à 2 structures particulières que sont :

  • les poils qui sont à la fois un organe sensitif, mais aussi un organe d’élimination à travers les glandes sébacées ;
  • les glandes sudoripares qui sont l’autre organe d’élimination de la peau.

Il existe aussi dans ce derme un système immunitaire très particulier, mais très développé dont les fonctions vont bien au-delà de la simple défense anti-infectieuse. C’est entre autres à cause de lui qu’on dit parfois que la peau est « le reflet de l’âme » ou qu’on nous dit qu’on a « mauvaise mine » quand on est déprimé.

La peau est donc un organe qui nous protège physiquement de l’extérieur, mais qui nous relie aussi à ce monde extérieur et qui nous permet également d’éliminer des déchets et des toxines.

Sa structure particulièrement complexe et ses liens avec le monde extérieur, mais aussi avec notre système nerveux central et nos émotions expliquent que les maladies de la peau sont souvent complexes à comprendre et à soigner.

Dans ce dossier, je ne développerai que les maladies en lien avec le soleil et en particulier les cancers de la peau, mais il existe bien d’autres affections de notre « enveloppe corporelle »

Une étonnante fonction d’élimination

Pour autant, je ne peux pas évoquer une quelconque pathologie cutanée sans parler du rôle émonctoriel de notre peau.

On considère en effet le tissu cutané comme un véritable organe émonctoriel, c’est-à-dire capable d’éliminer de nombreuses toxines, en particulier grâce aux glandes sébacées et sudoripares, mais pas seulement. C’est un émonctoire accessoire comparé au foie et au rein, mais qui, vu la surface de la peau, devient essentiel quand les 2 émonctoires principaux sont surchargés, voire dépassés.

Ainsi certaines dermatoses peuvent être liées à des efforts d’élimination des toxines à travers ces 2 glandes (sébacées et sudoripares) afin de protéger les autres organes d’un encrassement, voire d’une intoxication délétère. 

C’est pourquoi on dit parfois qu’une élimination à la peau (donc une dermatose) doit être « respectée » sous peine d’enfermer des toxines dans l’organisme et faire alors souffrir des organes plus profonds et plus nobles !

Quand la sueur ou le sébum se chargent de toxines à éliminer, ces sécrétions deviennent plus épaisses. Cela se traduit par une transpiration malodorante ou un sébum plus gras qui tache le linge, mais aussi par des glandes sébacées ou sudoripares qui s’encrassent et peuvent finir par se boucher et donc s’infecter. 

Je n’irai pas plus loin dans cette description, car il n’y a pas de lien direct avec les cancers de la peau bien que les glandes sudoripares jouent un rôle important pour nous protéger de la morsure du soleil et que le derme est le lieu essentiel des tumeurs cutanées.

Elle fabrique la vitamine D

Dans un dossier sur soleil et peau, je me dois de parler de la synthèse de la vitamine D.

La peau va en effet permettre, comme vous le savez sûrement, de fabriquer cette vitamine essentielle.

Les cellules profondes de l’épiderme vont synthétiser la vitamine D3 sous l’action du rayonnement des UV-B. Cette synthèse se fait à partir d’une molécule dérivée du cholestérol (le 7-déshydrocholestérol). Encore une preuve que le cholestérol est essentiel à la santé humaine.

Grâce à l’action des ultraviolets, le 7-déshydrocholestérol se transforme en cholécalciférol, une molécule encore inactive qui va passer dans le sang pour être ensuite métabolisée par le foie en 25-hydroxy-vitamine D. Cette dernière devra ensuite être transformée par le rein en 1-25-dihydroxy-vitamine D (calcitriol), la forme active de la vitamine D.

Sans soleil, pas de vitamine D. Mais trop de soleil va aussi agresser la peau qui va tenter de se défendre en fabricant de la mélanine grâce aux mélanocytes. C’est le bronzage. Mais en stimulant de façon excessive ces mélanocytes, ils peuvent malheureusement se cancériser et donner un mélanome, un cancer de la peau redoutable.

Les relations entre la peau et le soleil sont donc complexes et jouent un peu à « je t’aime moi non plus ».

Essayons d’en apprendre plus sur les maladies de la peau et ses liens avec le soleil.

Les différents types de peau

Comme pour tous les organes, chacun a « sa » peau, son terrain, sa génétique.

Ainsi, certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux rayons UV en fonction de leur « type de peau » appelé « phototype ». 

Il existe 5 types de phototypes classés en fonction de leur réaction ou leur sensibilité au soleil. Les phototypes 1 sont les plus sensibles au soleil et donc plus à risque de pathologie que les phototypes 5.

PHOTOTYPE 1 : 

  • Caractéristiques : Peau très blanche, cheveux roux ou blonds, yeux bleus/verts, taches de rousseur
  • Réactions au soleil : Coups de soleil systématiques

PHOTOTYPE 2 : 

  • Caractéristiques : Peau claire, cheveux blonds roux à châtains, yeux clairs à bruns, parfois apparitions de taches de rousseur
  • Réactions au soleil : Coups de soleil fréquents, bronze à peine ou très lentement

PHOTOTYPE 3 : 

  • Caractéristiques : Peau intermédiaire, cheveux châtains à bruns, yeux bruns
  • Réactions au soleil : Coups de soleil occasionnels, bronze graduellement

PHOTOTYPE 4 : 

  • Caractéristiques : Peau mate, cheveux bruns / noirs, yeux bruns / noirs
  • Réactions au soleil : Coups de soleil occasionnels lors d’expositions intenses, bronze bien

PHOTOTYPE 5 : 

  • Caractéristiques : Peau brun foncé, cheveux noirs, yeux noirs
  • Réactions au soleil : Coups de soleil rares bronze beaucoup

Ce qu'il faut retenir

  • La peau est l’organe le plus grand du corps (1.75 m², 4-10 kg).
  • Divisée en épiderme (protection visible), derme (fonctionnel) et hypoderme (graisseux).
  • Épiderme : couche cornée (renouvellement) et basale (kératinocytes et mélanocytes).
  • Rôle protecteur étanche mais respirant, non vascularisé en surface.
  • Hypoderme : tissu graisseux banal sous le derme.
  • Derme : couche fonctionnelle avec glandes, nerfs, vaisseaux, collagène, élastine et système immunitaire.
  • Rôles : nutrition, élimination (sueur, sébum), sensibilité, lien émotionnel.
  • Fonction émonctorielle : élimine toxines quand foie/reins surchargés ; dermatoses comme « soupape » protectrice.
  • Peau synthétise vitamine D3 via UV-B à partir de cholestérol ; activation au foie/rein.
  • Excès de soleil : bronzage protecteur mais risque de mélanome via mélanocytes.
  • Phototypes : 1 à 5, du plus sensible (clair, coups de soleil systématiques) au moins (foncé, bronze bien).
  • Phototypes clairs plus à risque de pathologies solaires.

Pour aller plus loin

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.