Les cancers de la peau

Partie 11 - Le carcinome basocellulaire

Le plus fréquent et le moins grave

Après ces différentes fiches sur le mélanome qui est le cancer cutané le plus grave, mais heureusement un des moins fréquents, venons-en à celui qui est le plus fréquent, mais aussi le moins grave : le carcinome basocellulaire souvent appelé par son petit nom « le BASO » ! Sachez qu’on parle parfois d’épithélioma basocellulaire.

Si le mélanome est un cancer de l’adulte jeune ou du jeune sénior, le BASO est un cancer du sujet âgé en général. Et lui est directement lié à l’exposition au soleil, cela ne fait aucun doute même s’il y a des terrains génétiques plus favorables. Si votre mère ou votre père ont fait des basocellulaires alors vous avez un risque plus élevé d’en faire également. Et le phototype n’est pas le facteur de risque principal à priori.

Quand on cherche des informations sur le net, on se rend compte que beaucoup de sites font des amalgames entre les différents cancers de la peau alors que mélanome et basocellulaire sont des maladies TOTALEMENT différentes !

La grande différence c’est que le mélanome est une maladie maligne qui aura une évolution métastatique si on ne l’opère pas à temps alors que le BASO ne métastase jamais et à une évolution exclusivement loco-régionale. Et personne ne meurt à cause d’un basocellulaire, mais ce dernier peut nécessiter parfois des opérations assez délabrantes.

On se demande même parfois pourquoi il est classé dans les cancers tellement cette maladie est bénigne.

Diagnostic

On va suspecter un carcinome basocellulaire devant une petite lésion comme une croute, une petite dermite dont la caractéristique principale est de ne pas guérir. Les patients attendent souvent des mois et parfois même des années avant de le signaler au médecin.

Ça n’a absolument rien à voir avec un grain de beauté. La lésion se développe en zone de peau saine et ressemble simplement à une petite plaie banale qui forme une croûte non douloureuse et peu saignante au moins au début.

Un BASO peut aussi prendre l’aspect d’une plaie ouverte, d’une simple plaque rouge, d’une petite excroissance rosée, d’une banale cicatrice ou d’une excroissance avec des bords légèrement surélevés et roulés et/ou une entaille centrale.

Le plus évocateur est la présence d’une sorte de croûte ou de desquamation récurrente. On gratte la croûte qui se reforme inexorablement.

Une autre caractéristique du BASO est son évolution très lente. La lésion peut être de 1 à 2 cm et reste ainsi pendant des mois. Mais encore une fois, sa principale caractéristique est de ne jamais guérir. Dans un basocellulaire, aucune cicatrisation possible. Son évolution est inexorable : il va persister et s’agrandir petit à petit. Il est peu épais, mais va s’étendre progressivement.

Contrairement au mélanome qui peut se développer n’importe où, le basocellulaire apparaît essentiellement sur des zones exposées chroniquement au soleil. C’est pourquoi on en trouve beaucoup sur le visage, les oreilles, le nez et plus rarement sur les membres.

Si on laisse un BASO évoluer, il va envahir petit à petit les tissus avoisinant et c’est la raison pour laquelle il est classé dans les cancers. Il va aussi évoluer en profondeur. C’est pourquoi il est nécessaire d’en faire le diagnostic le plus tôt possible afin de pouvoir l’opérer sans besoin d’une chirurgie trop large.

Alors si vous présentez une telle lésion, en particulier sur le visage, parlez-en tout de suite à votre médecin.

En cas de doute, on devra procéder à une exérèse complète de la lésion afin de l’examiner au microscope qui est le seul examen permettant un diagnostic formel. C’est uniquement en cas de lésion étendue qu’on envisagera une biopsie avant d’opérer, mais dans le basocellulaire, c’est vraiment très rare vu son évolution lente.

Traitement

Il n’existe qu’un seul traitement pour un basocellulaire : la CHIRURGIE.

On n’utilise jamais ni chimiothérapie ni radiothérapie pour ces lésions globalement bénignes.

Par contre, si on n’enlève pas totalement toutes les cellules anormales, la récidive locale sera systématique. C’est pourquoi, après l’examen au microscope de la pièce opératoire (examen anatomo-pathologique) il peut arriver qu’on doive élargir l’exérèse si les marges de sécurité ne sont pas suffisantes.

Ces dernières années on a développé des traitements alternatifs à la chirurgie classique. Le dermatologue pourra ainsi vous proposer en cas de lésion récente et suffisamment petite :

  • Un curetage avec électrodésiccation (électrochirurgie)
  • Une thérapie photodynamique
  • Une cryochirurgie
  • Une chirurgie par laser
  • Des médicaments topiques qui sont comme des chimiothérapies locales

Cette liste n’est pas exhaustive.

Ces méthodes sont proposées pour éviter une chirurgie qui aura des conséquences esthétiques souvent plus marquées. Mais leur défaut est de ne pas pouvoir contrôler le résultat sur le plan anatomopathologique puisqu’on ne retire pas la lésion. De ce fait, toutes ces méthodes ont un défaut commun : on maitrise moins bien le risque de récidive.

À vous donc d’en discuter avec le dermatologue pour déterminer le meilleur choix thérapeutique qui dépendra beaucoup de la localisation de la lésion.

De fait, il n’existe pas de traitement naturel du basocellulaire. Des essais ont été réalisés avec des huiles de cannabis, mais à ce jour aucun traitement de ce type n’est validé.

Les approches intégratives seront surtout utilisées pour la prévention des récidives. Vous en trouverez la synthèse à la fin de ce dossier.

Causes et Prévention

Le carcinome basocellulaire est provoqué par des dégradations et des modifications de l’ADN des cellules basales de la couche la plus superficielle de la peau. L’exposition aux rayons ultraviolets (UV) du soleil ou des cabines de bronzage est de loin la principale cause des BASO

Comme pour le mélanome, certains métiers comme les soudeurs ont des risques augmentés.

Les facteurs de risques reconnus sont :

  • Exposition au soleil fréquente. Je dirais même : l’accumulation de cette exposition avec le temps et l’âge. Malheureusement, quand on fait un baso, cela veut dire que la peau a été largement soumise à cette exposition depuis des décennies. On vous conseillera alors de ne plus vous exposer et de vous protéger, mais ça n’empêchera pas toujours d’avoir un 2ème basocellulaire à un autre endroit du fait de cette accumulation d’UV depuis trop longtemps. C’est donc très différent du mélanome.
  • Antécédents de cancer de la peau et en particulier de basocellulaire comme je viens de l’expliquer. Si le terrain est défavorable, on peut faire plusieurs BASO dans sa vie. J’ai eu des patients qui en ont fait 1 par an pendant plusieurs années jusqu’à ce que le traitement de fond améliore suffisamment leur terrain et qu’ils arrêtent de s’exposer sans protection.
  • Âge supérieur à 50 ans : la plupart des BASO apparaissent chez les personnes de plus de 50 ans et même plus de 60 !
  • Peau claire. Les phototypes 1 et 2 sont plus à risque, mais ce n’est pas le facteur le plus marquant. J’ai connu beaucoup de patients avec des phototypes 3 ou 4 qui ont fait plusieurs basocellulaires. D’ailleurs, les personnes qui bronzent facilement et font peu de coups de soleil ont parfois la mauvaise habitude de s’exposer avec excès et sans protection. Et ces personnes font tout autant des basocellulaires que les autres phototypes, ce qui n’est pas le cas pour le mélanome.
  • Sexe masculin : les hommes sont bien plus susceptibles de développer un BASO sans qu’on sache réellement pourquoi.
  • Infections chroniques et inflammation de la peau causées par des brûlures, des cicatrices et d’autres affections. Là encore c’est un facteur qu’on ne retrouve pas dans le mélanome.

 

La prévention passe donc avant tout par une protection efficace contre le soleil. J’ai déjà largement développé ce point dans le chapitre sur le mélanome. Je vous propose donc de vous y référer.

Pour agir sur le terrain et la qualité de la peau, reportez-vous au dernier chapitre du dossier.

Ce qu'il faut retenir

  • Basocellulaire : fréquent chez >50 ans, lié à l’exposition solaire cumulative ; non métastatique, bénin.
  • Diagnostic : lésion non cicatrisante (croûte, plaque) sur zones exposées ; exérèse pour confirmation.
  • Traitement : chirurgie principale ; alternatives (curetage, photodynamique) pour petites lésions.
  • Causes/prévention : UV chronique, antécédents, peau claire, hommes ; protection solaire, terrain.

Pour aller plus loin

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.