Les cancers de la peau
Partie 12 - Le carcinome spinocellulaire ou épidermoïde
Un cancer à dépister
C’est un cancer qui se situe un peu entre les 2 précédents.
- Il est plus fréquent que le mélanome, mais bien plus rare que le basocellulaire
- Il est plus grave que le basocellulaire, mais bien moins que le mélanome.
Le spinocellulaire représente environ 20% de tous les cancers de la peau quand le basocellulaire en représente 75 à 80%.
Le SPINO prend naissance dans les cellules squameuses de la peau, qui sont des cellules plates présentes dans la partie externe de l’épiderme. En général, il se développe lentement, mais plus rapidement que le BASO. Il est plus grave, car son risque d’extension locorégionale est bien plus important que dans le BASO qui reste très souvent limité à l’épiderme.
Quand on détecte un spinocellulaire à un stade précoce et qu’il est limité à l’épiderme, on parle de carcinome in situ ou parfois de maladie de Bowen. Cette forme dépistée tôt sera guérie par la chirurgie comme dans le cas d’un basocellulaire.
Si on le dépiste tardivement, il peut devenir infiltrant, envahir les tissus voisins ou des couches de peau plus profondes et nécessiter des traitements complémentaires à la chirurgie. Il faudra surtout une opération plus profonde aux conséquences esthétiques et parfois fonctionnelles plus complexes.
Le SPINO, comme le BASO, apparaît surtout sur des surfaces de peau exposées au soleil. Il peut se développer sur des surfaces de peau blessées ou enflammées comme des cicatrices, des brûlures et des lésions ou des ulcères qui ne guérissent pas. Des cas particuliers et rares de SPINO peuvent toucher la peau qui entoure l’anus et le vagin.
Diagnostic
Le diagnostic, comme pour tous les cancers de la peau, est avant tout visuel.
Les spinocellulaires peuvent prendre la forme de plaques rouges squameuses ou de petites plaies. Ils peuvent juste avoir l’aspect de peau rugueuse, épaissie ou ressemblant à des verrues, ou des excroissances en relief avec une dépression centrale.
Parfois, les SPINO peuvent former une croûte, des démangeaisons ou des saignements.
Comme ces lésions surviennent surtout sur des zones du corps exposées au soleil, on peut plus facilement penser au diagnostic, mais le principal piège est de les confondre avec un BASO. Au final, ce n’est pas très grave puisque le traitement initial reste, le même, la chirurgie. Mais les SPINO étant plus rapidement évolutifs et potentiellement plus grave, il ne faut pas trop tarder à poser le diagnostic.
C’est pourquoi on proposera rapidement une exérèse devant toute lésion suspecte de BASO ou de SPINO puisque seul l’examen anatomopathologique pourra affirmer ou infirmer le diagnostic.
L’évolutivité et l’ancienneté de la lésion peut éventuellement orienter plus particulièrement vers un SPINO ou un BASO, mais ces lésions peuvent vraiment prendre des aspects très variables d’une personne à l’autre donc le médecin restera toujours méfiant et prudent.
Traitement
Le traitement principal est la chirurgie.
Le risque des spinocellulaires est de donner des lésions étendues et profondes nécessitant une chirurgie délabrante, ce qui peut être vraiment problématique pour des lésions qui touchent avant tout le visage.
Négligé, un SPINO peut donner des métastases contrairement au basocellulaire et mettre en jeu le pronostic vital. Bien que ce soit rare, on peut mourir d’un carcinome spinocellulaire.
Dans les lésions limitées à l’épiderme, on propose parfois les mêmes traitements accessoires que dans le basocellulaire (voir ci-dessus).
Par contre, dans les lésions avancées on complètera la chirurgie par un curage ganglionnaire, ce qu’on ne fait jamais pour un basocellulaire qui ne métastase pas.
Causes et Prévention
On retrouve les mêmes facteurs de risque que dans le basocellulaire. L’exposition au soleil reste la cause principale, mais il faut sûrement d’autres facteurs favorisants pour faire un SPINO plutôt qu’un BASO.
Les facteurs de risque spécifiques pourraient être :
- Un système immunitaire affaibli
- Une génétique prédisposant aux lésions cutanées et à la dégénérescence des tissus avec des lésions dites précancéreuses comme la maladie de Bowen, la kératose actinique ou des leucoplasies qui touchent en particulier la bouche et les lèvres.
- Un terrain fragilisé par une mauvaise hygiène de vie alors que pour le basocellulaire ça semble moins marqué.
- Les contacts avec des polluants professionnels comme le goudron ou l’arsenic semblent augmenter le risque.
- On a aussi évoqué certains virus oncogènes comme le papillomavirus ou HPV (lésions anales ou génitales), mais ça reste surement un facteur accessoire vu la fréquence du HPV et la rareté du spinocellulaire.
La prévention est avant tout basée sur la protection du soleil dont j’ai déjà largement parlé.
La prise en charge du terrain est plus importante que pour le basocellulaire.
Ce qu'il faut retenir
- SPINO : 20% cancers peau ; intermédiaire en fréquence/gravité ; issu cellules squameuses.
- Diagnostic : plaques rouges, croûtes sur zones exposées ; exérèse pour confirmation.
- Traitement : chirurgie ; curage ganglionnaire si avancé ; risque métastases rare mais fatal.
- Causes/prévention : soleil, immunité faible, lésions précancéreuses, pollutions ; protection solaire, terrain.
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.