Les cancers de la peau

Partie 2 - Introduction aux cancers cutanés

On décrit 2 grands types de cancers de la peau :

  • Les mélanomes qui sont de très loin les plus graves
  • Les carcinomes qu’on divise en 2 types : le carcinome basocellulaire (le plus fréquent et le moins grave des cancers de la peau) et le carcinome spinocellulaire ou épidermoïde (plus rare, mais plus agressif.)

Le risque évolutif de ces cancers est tellement différent qu’on ne peut pas parler « des » cancers de la peau. Il faut absolument les voir comme des maladies totalement différentes.

Ainsi, quand on dit qu’on dénombre chaque année environ 100 000 cancers de la peau en France, c’est totalement absurde sauf si on veut faire peur à la population.

En réalité, le seul chiffre qui compte c’est celui de l’incidence des mélanomes qui s’élèvent à 15000 cas par an (à peu près autant chez l’homme que chez la femme).

Et encore, ce chiffre doit être relativisé, car, heureusement, beaucoup de ces mélanomes sont diagnostiqués très tôt, à un stade très précoce où la chirurgie va permettre une guérison totale et définitive. Le mélanome a tout de même causé le décès de 2000 personnes en 2018 ce qui est bien trop, mais représente « seulement » 1.2% des décès par cancer en France.

On comprend tout de suite que la priorité dans le mélanome c’est le dépistage le plus précoce possible alors que pour les autres cancers de la peau, la situation est un peu différente.

Voyons comment diagnostiquer, soigner, mais surtout prévenir ces cancers de la peau, si différents les uns des autres.

Le Mélanome

Le mélanome est donc le cancer de la peau le plus grave et le seul potentiellement mortel.

Il se développe à partir des mélanocytes situés dans l’épiderme. Ces cellules fabriquent la mélanine qui donne la couleur à la peau, aux poils, aux cheveux et aux yeux. 

Le risque de cancer n’est pas lié à la quantité de mélanine fabriquée, mais à la dégénérescence de la cellule « mélanocyte » liée à plusieurs facteurs favorisants. Les personnes à peau blanche font d’ailleurs beaucoup plus de mélanomes que celles à peau noire. Aux USA, le risque de développer un mélanome a été évalué à 2,6% pour les Blancs, 0,1% pour les Noirs et 0,6% pour les Hispaniques.

Il y a donc un lien avec le phototype de la personne et pas avec le nombre de mélanocytes ou la quantité de mélanine.

Les mélanocytes ont la capacité de se regrouper et former ainsi des « grains de beauté » ou « naevus » (nævi au singulier) sur la peau. Ils sont assimilés à des tumeurs bénignes et la plupart, heureusement, ne donneront jamais de cancers. D’ailleurs, un mélanome n’est que rarement la transformation d’un grain de beauté en cancer, mais plus souvent une lésion qui est, dès le départ, pathologique contrairement à la grande majorité des grains de beauté.

Statistiquement un grain de beauté donné est donc peu susceptible de devenir malin. Le risque sur une vie est d’environ 1 sur 3000 chez l’homme et 1 sur 10 000 chez la femme. Cependant, les patients ayant plus de 50 grains de beauté sont considérés comme présentant un risque accru de développer un mélanome et seront donc plus attentivement surveillés.

Au final, le risque quand on a beaucoup de grains de beauté n’est pas tant de faire plus de mélanomes, mais que ce dernier ne soit pas dépisté suffisamment tôt, car « caché » par la multitude de grains de beauté et autres taches cutanées.

Il faudra tout de même se méfier d’un changement de couleur, de taille ou de forme d’un grain de beauté qui peut être le premier signe de la présence d’un mélanome. 

Mais en pratique, dans 80% des cas, le mélanome se développe « de novo », sur une peau « saine qui ne présentait aucune lésion ou grain de beauté. Seuls 20% des mélanomes se développent à partir d’un grain de beauté existant.

Et ces mélanomes n’apparaissent pas forcément sur des parties exposées régulièrement à la lumière (contrairement aux basocellulaires par exemple). J’ai déjà vu des mélanomes à l’intérieur du nombril ou sous la voute plantaire. On peut également en voir sous les ongles.

Il faut savoir qu’un mélanome peut en réalité apparaître presque n’importe où dans l’organisme, dès qu’il y a des mélanocytes. On décrit ainsi des mélanomes des muqueuses comme au niveau des voies nasales, de la bouche ou encore du canal anal. Il existe même un mélanome de la choroïde de l’œil. Heureusement, ces cas restent très rares.

On surveillera plus particulièrement certaines professions comme les soudeurs qui ont un risque plus élevé de mélanome de l’œil lié aux rayonnements UV émis par leur métier

Pour finir cette introduction sur le mélanome, sachez que sur le plan anatomique on décrit 4 types de mélanomes : le mélanome superficiel extensif (le plus fréquent), le mélanome de Dubreuilh, le mélanome nodulaire et le mélanome acrolentigineux.

Dans ce dossier je parlerai du mélanome de façon générale en me basant surtout sur le mélanome dit « superficiel extensif ».

Ce qu'il faut retenir

  • Deux types : mélanomes (graves, 15 000 cas/an en France, 2000 décès) vs carcinomes (basocellulaire fréquent/bénin, spinocellulaire rare/agressif).
  • Mélanome : issu de mélanocytes, plus chez peaux claires ; grains de beauté (naevus) rarement cancérigènes (80% de novo).
  • Localisations variées (peau, muqueuses, œil) ; professions à risque (ex. soudeurs).
  • Priorité : dépistage précoce pour guérison par chirurgie.

Pour aller plus loin

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.