Les cancers de la peau
Partie 5 - Classification des mélanomes
Classification des mélanomes
Depuis des années, on cherche à classifier les mélanomes de façon précise pour déterminer les lésions qui nécessitent un traitement complémentaire de celles pour lesquelles la chirurgie paraît suffisante.
Tout dépend de la taille et surtout de la profondeur de la tumeur. Il n’y a pas de consensus international et différentes classifications ont été utilisées.
L’examen anatomopathologique (au microscope) classe souvent le mélanome en fonction de la classification de CLARK ET BRESLOW
La classification de Clark est basée sur le concept de franchissement de barrières anatomiques qui détermine le risque d’évolution métastatique. On décrit 5 stades de Clark :
- Niveau I : les cellules malignes se trouvent au-dessus de la couche basale (mélanome in situ).
- Niveau II : les cellules malignes ont envahi le derme papillaire, mais pas le derme réticulaire.
- Niveau III : la tumeur s’est étendue à la zone entre le derme papillaire et le derme réticulaire, où commence la formation des faisceaux collagènes.
- Niveau IV : des cellules malignes sont présentes entre les faisceaux collagènes du derme réticulaire.
- Niveau V : des cellules malignes ont atteint les tissus sous-cutanés
La classification de Breslow est plus ancienne, mais toujours utilisée. Elle est basée sur la profondeur qui est plus « grave » que la surface de la lésion. La mesure est effectuée au microscope à partir d’une coupe histologique standard. Elle mesure l’épaisseur maximum comprise entre les cellules superficielles de la couche granuleuse épidermique et la base de la tumeur (cellule maligne la plus profonde). On décrit 4 stades :
- < 0,75 mm
- 0,76 à 1,50 mm
- 1,51 à 4 mm
- 4 mm
L’épaisseur est une appréciation indirecte de la masse de la tumeur. Il existe une corrélation presque linéaire entre épaisseur et le pronostic.
On peut aussi classer le mélanome suivant la classification dite TNM qui est commune à tous les cancers :
- T : taille de la tumeur
- N : présence ou non de ganglions métastatiques proches de la tumeur.
- M : présence de métastases à distance.
Voici un tableau reprenant cette classification qui n’est pas basée uniquement sur l’examen de l’exérèse, mais nécessite un bilan plus complet.

Certains spécialistes résument ces classifications complexes en 4 stades :
- stade I, la tumeur est localisée, mais s’est propagée dans la couche en dessous de l’épiderme.
- stade II, la tumeur atteint une profondeur supérieure à 1 mm et peut être ulcérée. À ce stade-là, le mélanome ne s’est pas encore propagé au-delà de la tumeur primaire, mais le risque est élevé qu’il touche les ganglions lymphatiques locaux.
- stade III, les cellules cancéreuses se sont propagées aux ganglions lymphatiques locaux ou à plus de 2 cm de la tumeur primaire par un vaisseau lymphatique, sans affecter encore les ganglions lymphatiques locaux.
- stade IV, les cellules cancéreuses affectent d’autres parties du corps, des ganglions lymphatiques ou des organes éloignés, en particulier les poumons, le foie, le cerveau, les os et le tractus gastro-intestinal.
À mon sens, c’est une classification bien suffisante pour le patient.
Les conséquences de ces stadifications sont doubles :
- Elles impactent directement le risque de récidive et d’évolution après la chirurgie
- Elles déterminent le traitement que vous proposera l’oncologue.
On comprend encore une fois à quel point il est important de dépister le plus tôt possible les mélanomes afin d’arriver au stade 1 avec une tumeur peu profonde et non ulcérée. Dans ce cas la guérison définitive est obtenue dans plus de 99% des cas grâce à l’opération seule.
Inversement, un mélanome qui a déjà touché les ganglions devient beaucoup plus difficile à guérir et nécessitera des traitements très agressifs.
Ce qu'il faut retenir
- Classifications : Clark (5 niveaux anatomiques), Breslow (profondeur mm), TNM (T/N/M), ou 4 stades simplifiés.
- Pronostic : 99% guérison stade 1 ; survie 5 ans baisse à 35% si métastases ;
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.