Les cancers de la peau
Partie 6 - Diagnostic du mélanome
Diagnostic du mélanome
Le diagnostic du mélanome est une étape essentielle, car plus il est précoce et plus les chances de guérison totale sont importantes.
Les mélanomes ont différents aspects. Quelques-uns se présentent sous forme de taches marron planes et irrégulières avec des petits points de couleur noire. D’autres ont la forme de taches marron surélevées avec des points rouges, blancs ou bleus. Un mélanome peut également apparaître comme une grosseur ferme, rouge, noire ou grisâtre.
Moins de 10 % des mélanomes ne produisent aucun pigment. Ces mélanomes amélanotiques peuvent être roses, rouges ou marron clair et ressembler à des excroissances bénignes ou à une forme de cancer de la peau non mélanomateux.
Tout ça pour dire que le diagnostic « visuel » n’est pas simple et qu’au moindre doute, le médecin généraliste vous enverra chez le dermatologue.
Vous-même, devant un grain de beauté nouveau ou suspect (anormalement noir ou inflammatoire ou avec un bord très irrégulier ou d’aspect différent des autres nævus que vous avez habituellement, consultez rapidement votre médecin. Tout naevi qui saigne doit aussi vous amener à consulter même si souvent c’est bénin.
Des outils permettent aux dermatologues de distinguer un grain de beauté atypique d’une lésion suspecte de mélanome. Parmi eux, on compte notamment la lumière polarisée et la dermoscopie, qui permettent de mieux évaluer les excroissances.
Il existe plusieurs critères qui permettent au médecin généraliste d’éliminer à coup sûr un mélanome en cas de nævi suspect, mais au moindre doute on demandera l’avis du dermatologue qui pourra envisager une exérèse de la lésion par sécurité.
Et pour preuve que le diagnostic visuel n’est pas simple, une étude récente a demandé à ChatGPT, le système d’intelligence artificielle d’analyser 100 images de nævus dont on savait que la moitié étaient des mélanomes. Et bien l’IA a fait beaucoup moins bien que l’œil et l’expérience du dermatologue. La capacité de ChatGPT à différencier une lésion maligne ou bénigne donne seulement 46 % de sensibilité, 78% de spécificité et 62% de précision. (1)
N’utilisez donc pas encore ces procédés modernes pour avoir un avis sur une « tache » suspecte, mais on ne doute pas que cette IA ne demande qu’à apprendre et progresser et d’ici quelques années ou décennies, elle remplacera peut être le médecin avec tout ce que cela comporte de relation froide et inhumaine, car évidemment, l’IA ne prend pas de gant pour vous annoncer le diagnostic, elle !
L’ABCDE du mélanome
Les critères qui doivent alerter le patient et le médecin et amener à consulter le dermatologue. Ces signaux d’alerte sont appelés « ABCDE du mélanome ».
- A – Asymétrie : aspect asymétrique ou irrégulier (les deux moitiés du grain de beauté ne sont pas identiques)
- B – Bords : bords irréguliers (les bords se confondent avec la peau adjacente ou ne sont pas ronds ou ovales)
- C – Couleur : modifications de la couleur du grain de beauté, en particulier, si la pigmentation devient brune, noire, rouge, blanche ou bleue, ou d’une couleur très différente ou plus sombre que celle des autres grains de beauté des personnes
- D – Diamètre : environ 6 millimètres de large, soit la taille de la plupart des gommes de crayon
- E – Évolution : un nouveau grain de beauté chez les personnes de plus de 30 ans ou un grain de beauté qui évolue
Biopsie ou exérèse
En cas de lésion douteuse, seul l’examen au microscope qu’on appelle examen anatomo-pathologique permettra à coup sûr d’infirmer ou d’affirmer la présence d’un mélanome.
Pour cela, 2 solutions : biopsie ou exérèse complète.
Une biopsie va retirer une partie de la lésion et en laisser une autre partie. C’est un geste agressif qui entraîne une inflammation de la lésion. Ce n’est sûrement pas la meilleure des façons de limiter une éventuelle évolution métastatique. La biopsie est donc à éviter dans la plupart des cas. Elle est parfois choisie en cas de grosse lésion, mais ça doit rester l’exception.
Dans la majorité on fera une exérèse totale et même un peu « élargie » de la lésion dans le but de l’examiner au microscope, mais aussi, dans la majorité des cas, de la supprimer définitivement.
S’il s’agit d’un mélanome, l’anatomo-pathologiste pourra dire si la lésion a été retirée en totalité. Si ce n’est pas le cas ou si les marges de « sécurité » ne sont pas suffisantes, on devra procéder à une reprise chirurgicale afin de se donner le plus de chance de guérison complète et définitive.
On recherchera aussi des mutations génétiques, car les résultats peuvent aider au choix d’un meilleur traitement.
Heureusement, la majeure partie des nævus suspects prélevés en vue d’un examen au microscope ne sont pas des mélanomes, mais de simples grains de beauté. Pour autant, on préfère prendre le risque d’une exérèse « pour rien » que de laisser en place un mélanome qui évoluera inexorablement vers l’extension et les métastases s’il n’est pas retiré à temps.
D’ailleurs, certaines formations ne sont ni de simples grains de beauté, ni des mélanomes, mais des lésions intermédiaires. Ces excroissances, appelées grains de beauté atypiques (nævus dysplasiques), peuvent se transformer avec le temps en mélanomes.
Ce qu'il faut retenir
- Soleil : accélère vieillissement (rides, taches via collagène/élastine) mais pas unique cause de mélanome ; bénéfices (antidépresseur, rhumatismes).
- Diagnostic : visuel difficile ; aspects variés (taches irrégulières, grosseurs) ; outils (dermoscopie).
- ABCDE : Asymétrie, Bords irréguliers, Couleur variée, Diamètre >6mm, Évolution.
- Biopsie : éviter (inflammation) ; préférer exérèse complète pour diagnostic et retrait.
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.