La Flore Intestinale ou Microbiote - Partie 13

Soigner sa flore - 1ère partie

12 fiches sont consacrées à la flore intestinale avant celle-ci. Elles vous ont apporté suffisamment de preuves de l’importance du microbiote pour comprendre qu’une des priorités en termes de prévention santé est de protéger et entretenir la flore.

2 éléments prioritaires ont déjà été développés dans les autres fiches :

  • une alimentation équilibrée et adaptée à chaque individu en fonction aussi des intolérances personnelles ;
  • ne pas détruire ou déséquilibrer inutilement la flore en limitant l’utilisation des antibiotiques et autres médicaments agressifs pour le microbiote. Les huiles essentielles ou la propolis auront moins d’effets délétères.

Mais une fois qu’il existe une dysbiose, ou, pire, une pathologie impactée par cette dysbiose, que peut-on faire ?

Paradoxalement, il existe des maladies complexes comme les maladies auto-immunes ou la dysbiose se caractérise par la présence excessive de bactéries ou de champignons qu’on appellera « pathogènes » et qui sont responsables de certains symptômes voire de la maladie elle-même comme on l’a vu plus haut.

Dans ce cas, il faudra parfois passer par des cures d’antibiotiques même si ça peut paraître paradoxal ou encore des antifongiques allopathiques. Cette approche thérapeutique est réellement efficace si on sait la mettre en œuvre avec les précautions nécessaires.

Nous ne rentrerons pas ici dans les détails de cette pratique qui ne peut être mise en place que par un médecin. Mais cela nous amènera à évoquer la conduite à tenir en cas de traitement antibiotique jugé indispensable.

Voyons d’abord comment entretenir son microbiote ou rééquilibrer une dysbiose modérée.

En priorité des probiotiques, mais pas seulement !

Vous l’avez déjà compris, la priorité est évidemment la prise de probiotiques. 

Comment bien les choisir  ?

Les probiotiques sont définis comme des « suppléments alimentaires » composés de bactéries vivantes, telles que les lactobacillus et les bifidobactéries. 

Le Larousse nous donne comme définition : « Se dit d’un micro-organisme vivant (bactérie ou levure, notamment ferment lactique) qui, ingéré en quantité suffisante, a un effet bénéfique sur la santé en améliorant l’équilibre de la flore intestinale ».

On parle aussi de ferments lactiques, car ces bactéries produisent de l’acide lactique. En revanche, il n’y a aucun dérivé du lait et en particulier pas de lactose dans la plupart des probiotiques. Ne vous laissez pas tromper par le terme « lactique ». 

On trouve aussi des levures dans certains produits probiotiques, mais leur intérêt et leur efficacité est plus discutable ou tout au moins aléatoire.

Il existe de très nombreux produits à base de probiotiques sur le marché., très différents dans leurs compositions et leur efficacité. Nous avons une préférence pour les probiotiques qui apportent :

  • 5 à 10 milliards de bactéries par prise, mais il existe des probiotiques qui apportent 100 et même 250 milliards de bactéries qui ont une place particulière dans notre arsenal « thérapeutique ». Il faut éviter un apport inférieur à 5 milliards.
  • entre 3 et 6 souches différentes pour une meilleure efficacité. Nous éviterons les probiotiques qui n’ont qu’une ou deux souches sauf dans des indications très particulières. Certains, inversement, apportent 10 ou 12 souches. Ils ne sont pas forcément supérieurs, mais ce sont malgré tout de bons produits.

Le premier écueil reste la traversée de l’estomac, car l’acidité stomacale peut détruire 90 % des probiotiques pris sous forme de complément alimentaire. Certains fabricants proposent des gélules gastro-résistantes pour remédier à ce problème. Ce n’est pas forcément une solution idéale. La qualité des probiotiques et le mode de fabrication font souvent la différence, mieux que la forme « gastro-résistante ». C’est donc aussi l’expérience du thérapeute qui compte ? Demandez conseil au vôtre.

D’ailleurs, les probiotiques présents dans les yaourts sont efficaces sans qu’ils soient dans un « emballage » gastro-résistant. Leur principal défaut : le risque que le patient soit intolérant au lactose ou aux protéines du lait. 

Les probiotiques sont en général très bien tolérés par eux-mêmes, mais certaines personnes vont décrire des troubles du transit et surtout de la constipation quand ils en prennent. Les probiotiques ne constipent pas par eux-mêmes donc, si cela arrive, c’est que la modification de la flore va favoriser ces troubles du transit et ce sera au médecin de comprendre pourquoi.

La seule contre-indication des probiotiques, c’est l’aplasie médullaire en cas de protocole de chimiothérapie qui précède les greffes de moelle. En dehors de ce cas particulier, tout le monde peut prendre des probiotiques, même les nouveau-nés quand ils ne sont pas allaités.

Mais les probiotiques ne sont pas forcément utilisés seuls.

Penser aux prébiotiques, mais attention à la tolérance.

Les prébiotiques sont des substances alimentaires composées généralement de molécules de glucose liées entre elles par des liaisons qui les empêchent d’être digérées par les enzymes pancréatiques. On les appelle parfois oligosaccharides ou polysaccharides à courte chaîne. Ils sont aussi assimilés à des fructo-oligosaccharides, mais avec des tailles plus petites. Ils peuvent donc être considérés comme des FODMAPs (voir la fiche correspondante).

Ils contiennent de 2 à 20 unités du glucose et les chaînes courtes qu’on appelle G4 ou G5 (4 ou 5 molécules de glucose) sont tout aussi efficaces et bien mieux tolérées que les fibres probiotiques qu’on trouve dans les aliments comme les topinambours ou la chicorée (il s’agit essentiellement de l’inuline qui donne beaucoup de ballonnements). 

Certaines personnes ne tolèrent aucun prébiotique, mais les chaînes courtes sont vraiment mieux tolérées et il faut les privilégier.

Les prébiotiques, en apportant un substrat aux bactéries intestinales, vont favoriser la croissance des probiotiques et permettent de conserver un microbiote plus diversifié et mieux équilibré.

Plusieurs spécialités associent dans la même gélule ou le même sachet un probiotique + un prébiotique. On les appelle des synbiotiques. Nous avons une préférence pour ces produits sauf chez les personnes qui ne tolèrent pas les prébiotiques ou qui ont un syndrome de l’intestin irritable très marqué.

Les nombreux bienfaits des probiotiques

Il suffit de regarder les multiples rôles du microbiote pour comprendre l’intérêt de prendre des probiotiques. Voici uniquement les indications qui sont validées par la science avec quelques références bibliographiques (1-2)  :

  • prévenir et traiter la diarrhée infectieuse (gastroentérite et tourista) ;
  • soulager les symptômes du syndrome de l’intestin irritable ;
  • prévenir les complications d’un traitement aux antibiotiques ;
  • prévenir les infections nosocomiales ou associées à un traitement médical ;
  • participer au traitement de l’infection par Helicobacter pylori ;
  • participer au traitement des infections vaginales ;
  • prévenir la diarrhée causée par une radiothérapie ;
  • prévenir et participer au traitement l’eczéma atopique (principalement chez les enfants)
  • Réguler le transit intestinal ;
  • prévenir les récidives de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique (MICI) ;
  • participer à la prise en charge de l’obésité et du diabète ;
  • action régulatrice de l’immunité (3)  ;
  • prévention et traitement des allergies saisonnières (4)  ;
  • augmente de 25 % la synthèse de la vitamine D par notre organisme (5) ;
  • participent à la prise en charge des maladies psychiatriques (6) ;
  • prise en charge du syndrome autistique et des troubles envahissant du développement (7) ;
  • prévention des infections hivernale (probablement une des principales indications en prévention). Pour ma part, les probiotiques font partie de mes traitements systématiques pour la prévention hivernale (8-9) ;
  • prévention et traitement des cystites (une autre grande indication des probiotiques) (10) ;
  • prévention des polypes coliques et du cancer du côlon.

Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive et beaucoup d’études sont en cours pour mieux cerner et comprendre les différentes indications des probiotiques ou des symbiotiques.

Moins connue, la chlorophylle magnésienne agit sur la flore fongique, mais pas seulement

Nous proposons souvent d’associer ou d’alterner les probiotiques avec la chlorophylle magnésienne, car ce sont des produits très synergiques.

La chlorophylle est un produit naturel formidable pour agir sur le confort intestinal. Mais surtout elle va agir sur la flore fongique pour la réguler et éviter le développement excessif des levures, ce que ne font pas vraiment les probiotiques.

Elle va ainsi agir sur la dysbiose et va absorber les gaz produits par la fermentation et la putréfaction, souvent en excès en cas de dysbiose.

Son seul défaut : la chlorophylle a un petit effet laxatif qui, comme souvent, dépend de chaque patient et de la santé de son intestin. Elle peut rendre les selles un peu molles et sera donc à éviter si le patient a des selles trop molles et trop fréquentes. Ne jamais l’utiliser dans les périodes de diarrhée.

A noter que la prise de chlorophylle va donner des selles couleur vert-noir qui peuvent parfois surprendre. C’est tout à fait physiologique et sans risque.

La chlorophylle magnésienne a en réalité de nombreuses propriétés. En effet, elle a la même structure que l’hème qui constitue l’hémoglobine. À la place du fer, on peut trouver un ion de cuivre ou de magnésium. Seule la chlorophylle magnésienne possède les propriétés suivantes :

  • elle améliore l’oxygénation cellulaire ;
  • elle agit donc sur la dysbiose et freine le développement des candidoses digestives ;
  • elle a un effet cicatrisant de contact et absorbe les gaz. C’est pourquoi elle est très utilisée pour le confort intestinal en association aux probiotiques ;
  • elle corrige la mauvaise haleine et les transpirations malodorantes ;
  • elle possède un léger effet laxatif à prendre en compte ainsi que des propriétés chélatrices nécessitant de prendre ce complément alimentaire à distance des repas.

Il faut choisir des gélules de chlorophylle magnésienne pure, souvent dosées à 200 mg de chlorophylle par gélule, parfois associée au totum de la plante dont elle est issue (ortie, lamier, feuille de mûrier…).

1 – https://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=probiotiques_ps

2 – https://fr.wikipedia.org/wiki/Probiotique#Int%C3%A9r%C3%AAt_pour_la_sant%C3%A9

3 – Rapport AFSSA février 2005

4 – Snel J, Vissers YM, Smit BA, et al. Strain-specific immunomodulatory effects of Lactobacillus plantarum strains on birch-pollen-allergic subjects out of season. Clin Exp Allergy. 2011 Feb;41(2):232-42.

5 – Jones ML, Martoni CJ, Prakash S. Oral supplementation with probiotic L. reuteri NCIMB 30242 increases mean circulating 25-hydroxyvitamin D: a post-hoc analysis of a randomized controlled trial.J Clin Endocrinol Metab. 2013 Apr 22.

6 – Dinan TG, Stanton C, Cryan JF. Psychobiotics: A Novel Class of Psychotropic. Biological Psychiatry, Volume 74, Issue 10, 15 November 2013, Pages 720-726.

Burnet P.W.J, Cowen P.J. Psychobiotics Highlight the Pathways to Happiness. Biological Psychiatry, Volume 74, Issue 10, 15 November 2013, Pages 708-709.

7 – https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(16)30730-9

8 – Sources : « Recommandation pratique – Probiotiques et prébiotiques », Organisation mondiale de Gastroentérologie (WGO), mai 2008.

9 – Gut dysbiosis during influenza contributes to pulmonary pneumococcal superinfection through altered short-chain fatty acid production – Valentin Sencio  et al – Cell Reports, le 3 mars 2020. DOI: 10.1016/j.cmet.2020.02.004. https://www.cell.com/cell-reports/fulltext/S2211-1247(20)30167-4

10 – Ann E. Stapleton,  et al; Randomized, Placebo-controlled Phase 2 Trial of a Lactobacillus crispatus Probiotic Given Intravaginally for Prevention of Recurrent Urinary Tract Infection. Clin Infect Dis. (2011) doi: 10.1093/cid/cir183

Pour aller plus loin, reportez-vous au dossier complet :