La médecine intégrative
Partie 4 - Différences entre médecine intégrative et santé intégrative
Depuis le début de ce dossier, je vous parle surtout de « médecine intégrative ». Mais j’ai aussi évoqué la « santé intégrative ». Quelles sont les différences entre ces 2 termes ?
Il n’y a pas de consensus parfait sur leurs définitions et leurs différences, mais voici quelques éléments qui vous permettront de comprendre ma position quant à ces 2 approches complémentaires, mais un peu différentes.
Définition de la médecine intégrative
La médecine intégrative est une approche « médicale », comme son nom semble l’indiquer. D’ailleurs, les instances officielles en France et l’Ordre des Médecins en particulier considèrent que le terme de « médecine » doit être exclusivement réservé aux médecins et professions de santé à diplôme reconnu. Faisant ainsi, ils excluent la médecine traditionnelle chinoise ou la médecine ayurvédique de ces approches, car souvent pratiquées par des non-médecins.
Sa définition « officielle » est donc « une médecine qui combine la médecine conventionnelle, basée sur des preuves scientifiques (comme si les autres ne disposaient pas de preuves suffisantes malgré une utilisation millénaire), avec des pratiques complémentaires issues des médecines alternatives ou traditionnelles, comme l’acupuncture, l’ostéopathie, la méditation ou la phytothérapie ». La liste de ces approches « complémentaires (que je refuse d’appeler alternatives) est très limitée dans cette définition officielle.
Cette « MI » vise à « traiter le patient dans sa globalité, en tenant compte de ses dimensions physique, psychologique, émotionnelle, sociale et spirituelle, plutôt que de se focaliser uniquement sur la maladie ».
Cette partie de la définition me convient bien, sauf que les outils proposés sont trop limités. On parle bien ici de « traiter », ce qui nous ramène au terme « médecine ».
« L’objectif est d’optimiser la santé et le bien-être en personnalisant les soins, en renforçant la relation médecin-patient et en intégrant des thérapies complémentaires validées scientifiquement ».
Ici, rien à dire et je ne peux que souscrire à cette dernière phrase, mais en posant la question : qui décide qu’une approche thérapeutique est validée scientifiquement et quelles méthodes sont utilisées pour les valider ? J’ai déjà évoqué ce problème où l’homéopathie ou la kinésiologie ne peuvent pas être validées par les mêmes méthodes qu’un médicament chimique.
Selon le Collège Universitaire de Médecines Intégratives et Complémentaires (CUMIC), « elle repose sur une coordination multidisciplinaire centrée sur le patient ».
Au final, si on oublie la problématique de la validation et l’exclusion des approches pratiquées par des non-médecins, cette définition est tout à fait juste et explique pourquoi j’aime dire que je tente, pour tous mes patients, de pratiquer une « médecine intégrative » que je développe également tout au long de mes dossiers Guérir et bien Vieillir depuis 100 numéros.
Définition de la santé intégrative
La santé intégrative, bien que proche de la médecine intégrative, adopte une perspective plus large. Introduit au Québec en 2008 par les chercheuses Luce Pélissier-Simard et Marianne Xhignesse, ce concept englobe non seulement les soins médicaux, mais aussi les déterminants de la santé, comme le mode de vie, l’environnement social et les politiques publiques.
La santé intégrative met l’accent sur la prévention et l’autonomisation des individus à travers des pratiques comme une alimentation saine, l’exercice physique, la gestion du stress et des interventions communautaires.
Contrairement à la médecine intégrative, qui se concentre sur l’acte médical, la santé intégrative inclut des professionnels non médicaux (diététiciens, coachs de santé, éducateurs) et des initiatives sociétales pour promouvoir le bien-être global. Elle vise à créer un écosystème où la santé est soutenue à tous les niveaux, de l’individu à la collectivité.
Au-delà de ces définitions « officielle », pour moi, la santé intégrative inclut 2 concepts essentiels qui viennent compléter la médecine intégrative :
- Le patient est au centre du jeu et totalement impliqué dans les choix thérapeutiques
- Il bénéficie, en plus des soins, d’une éducation à la santé afin de le rendre de plus en plus autonome, mais aussi proactif et réellement acteur de sa propre santé.
La santé intégrative demande donc des structures de soins et de formations qu’un médecin (ou quel que soit le thérapeute) ne peut appliquer seul dans son cabinet.
Elle nécessite une structure pour accueillir et accompagner de façon vraiment globale le patient.
Je reste persuadé que cette vision holistique et personnalisée est l’avenir pour la population et pourrait « sauver » notre système de santé en pleine décrépitude.
Oui, mais voilà, y a-t-il une volonté politique d’aller dans ce sens ? Est-ce que nos « experts » officiels sont prêts à accepter une telle évolution et la favoriser ? Que va faire l’industrie pharmaceutique qui n’a pas grand-chose à gagner dans cette évolution ?
Les questions d’ego et d’argent semblent être des obstacles majeurs pour que les politiques acceptent un jour de changer de paradigme en santé publique. C’est pourquoi, aujourd’hui, seules des initiatives citoyennes et locales ont une chance de permettre la création de telles structures.
Plusieurs existent déjà (j’en ai cité quelques-unes plus haut) et d’autres sont en projet. C’est le cas de l’association REEV qui cherche à ouvrir un véritable centre de santé intégrative dans la région toulousaine. Pour plus de renseignements, consulter leur site : https://www.associationreev.com/.
Ce qu'il faut retenir
On peut dire que la principale différence entre médecine et santé intégrative réside dans leur champ d’application.
- La médecine intégrative est centrée sur le soin clinique, intégrant des thérapies complémentaires dans un cadre médical pour traiter des pathologies spécifiques, comme l’oncologie intégrative pour accompagner les patients atteints de cancer.
- La santé intégrative, quant à elle, adopte une approche systémique, visant à transformer les modes de vie et les environnements pour prévenir les maladies. Par exemple, un médecin intégratif pourrait prescrire de l’acupuncture pour gérer la douleur chronique, tandis qu’un programme de santé intégrative inclurait des ateliers de nutrition ou des cours de yoga dans une communauté.
En résumé, la médecine intégrative est une pratique clinique, tandis que la santé intégrative est une vision holistique et préventive de la santé.
Pour aller plus loin
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.