Médecine Traditionnelle Chinoise

Une autre face de la médecine globale

Par Vincent ASTIER, ostéopathe et spécialiste de la MTC

Ce qu’on sait,
savoir qu’on le sait,
ce qu’on ne sait pas,
savoir qu’on ne le sait pas :
Voilà le vrai savoir.

CONFUCIUS

La Médecine Traditionnelle Chinoise  (MTC) est une voie rationnelle et ésotérique de la santé selon la philosophie « TAOÏSTE »

Elle s’est construite depuis 5000 ans sur des fondamentaux d’observation des phénomènes de la nature en interaction avec le vivant.

À force de déductions, d’analyses fines des comportements face aux phénomènes externes : climatiques, sociétaux et culturels, les Chinois ont progressivement mis au point une Médecine globale qui prend en compte les relations de l’Homme et son environnement.

Une particularité ressort dans cette approche qui est la notion d’énergie : l’énergie revêt plusieurs aspects, toutefois une définition  s’en dégage : « c’est un matériau invisible et toujours en mouvement », contrairement au sang et autres liquides corporels.

Les Chinois ont pour habitude de dire : 

Depuis l’existence de ce grand pays, les différents empereurs ont fait avancer cette médecine à travers les âges, et ce, malgré les chaos qui se succèdent immuablement, car grandeur et décadence sont les deux mamelles de la Chine, tout est paradoxe.

Pour l’histoire, certains empereurs exigeaient de leurs médecins de les maintenir en bonne santé, et les rémunéraient pour ces actes et conseils d’hygiène vitale. Ils cessaient de les payer s’ils devenaient malades en dépit des conseils et des soins  prodigués.

Force est de constater que ces peuples se sont adaptés aux évolutions planétaires sans pour autant vendre leur âme pleine d’ingéniosité. L’investissement dans la recherche clinique est le socle qui a donné naissance aux théories fondamentales  de la physiopathologie, de l’étio-pathologie et la thérapeutique adaptée aux causes  qui se répercutent sur le « soma » : c’est la médecine « psychosomatique des modernes ». 

En effet, la recherche des causes d’apparition de symptômes est en partie une des clés pour sélectionner des traitements tant sur le plan curatif que préventif.

 La MTC ne s’est pas construite à l’âge de la technique occidentale conformiste et législative du XIXe siècle jusqu’à nos jours, elle est essentiellement « clinique, empirique » puisque les méthodes d’investigation scientifiques n’existaient pas.

La MTC se veut une approche humaniste de la santé publique  qui respecte les lois universelles, où le symbolisme et ses interprétations imagées sont très présents.

Le symbolisme explique aussi bien des aspects de la science occidentale, car la médecine occidentale n’échappe pas aux interprétations subjectives qui relèguent son approche, tantôt au rang de la rigueur analytique, tantôt au rang de l’art de soigner propre aux « guérisseurs et autres chamans du monde » .

Toutes les intelligences ont besoin de symbolisme pour penser et agir en pleine conscience.

À l’origine de tout il y a l’imagination, le verbe, la recherche, la vérification et l’application.

La MTC  vise à déclencher chez l’Homme des processus d’auto-guérison, des facteurs de prise de conscience que la maladie n’est pas forcément la faute à pas de chance, que nous sommes des acteurs de notre santé, car la santé n’est pas un dû.  Elle  tient  compte des malveillances humaines ou des changements climatériques désordonnés qui provoquent des cascades d’infections virales et autres.

Toutefois, il s’agit bien de stimuler les défenses naturelles pour lutter contre des invasions ennemies. 

Les traditions ne sont pas périmées à condition de suivre le flot de l’évolution permanente, au risque de devenir obsolètes.  Cultiver le grand écart pour pouvoir revenir au centre et trouver un point  d’équilibre, cela s’appelle : la sagesse.

la philosophie du « TAO » et des théories du « YANG / YIN ».

Cette recherche du centre est la base de la philosophie du « TAO » et des théories du « YANG / YIN ».

C’est la dualité en toutes choses qui devient et se transforme du binaire au ternaire, car l’équilibre se situe au milieu des deux aspects, yang-chaud et yin-froid. L’Homme devient un trait d’union entre la terre et le  ciel,  récipiendaire des forces cosmogoniques.

Une autre théorie moins philosophique et plus pragmatique a donné naissance à la physiologie énergétique se rapprochant des cycles biologiques expliqués par la médecine occidentale, c’est la théorie des trois foyers.

Cette théorie  est  le reflet d’une répartition  des fonctions métaboliques en trois niveaux à l’instar d’un cuiseur vapeur à trois étages. 

Le feu de la vie, représente la quintessence de « l’énergie prénatale, capital génétique », thésaurisée dans les « reins » en correspondance avec les glandes surrénales.

Représente la casserole remplie d’eau et de grains que l’on extrait, les fonctions digestives, hépatiques, gastriques, rate/pancréas. Ce foyer assure le tri alimentaire, sépare le pur de l’impur. 

Symbolise le couvercle et la vapeur qui se distribue dans les canaux (vaisseaux, nerfs) est le siège des fonctions cardio-respiratoires et de la tête.

la loi des cinq éléments

Après avoir décrit l’existence de la théorie du yang-yin, des trois foyers, une autre théorie s’appuie sur les deux autres : la loi des cinq éléments.

C’est une loi d’interactions entre les éléments de la terre : bois, feu, terre, métal, eau, qui sont en rapport dans un tableau de correspondances avec des fonctions organiques, foie, cœur, rate/pancréas, poumon, rein.

Également avec des tissus corporels, des organes des sens, des cycles saisonniers d’engendrements vertueux, de contrôles, par exemple : Le bois nourrit le feu, le feu nourrit la terre, l’eau contrôle le feu, autrement dit les reins qui contrôlent le cœur.

Il existe donc toute une théorie qui amène à comprendre la complexité des phénomènes pathologiques croisant l’externe (peau) et l’interne (organes et fonctions).

La MTC recèle bien d’autres théories et approches dialectiques pour expliquer aussi l’immunologie, la virologie, la rhumatologie, la psychologie, etc.

Je ne pouvais occulter la théorie des méridiens et des points à actions spécifiques sur les fonctions organiques.

En effet les méridiens sont des lignes de force, ou canaux qui véhiculent l’énergie (produit de la transformation « air + aliments » par la fonction des trois foyers) et assurent le maintien du corps. Aujourd’hui en occident on parle volontiers de chaines musculaires, de points réflexes, « trigger point », etc.

Une partie des explications modernes est attribuée à la réflexologie, à l’existence des capteurs cutanés en lien neuro-vasculaire avec le cerveau. Cette approche neuronale est partielle et n’explique pas toutes les théories fondamentales qui constituent l’archétype de la MTC.

Les points énergétiques situés sur les méridiens servent à réguler les flux d’énergie soit en stimulation-excitation, soit en inhibition-sédation. Ensuite il y a des points qui sont thermorégulateurs en interaction avec les schémas endocriniens vus par la MTC. Bien sûr la recherche permet d’identifier et démystifier certains aspects « traditionnels » qui peuvent paraître magiques.

Nous devons aussi comprendre que ces théories doivent être des outils utiles pour établir un diagnostic « chinois » basé sur quatre temps :

Le teint du visage, tableau de bord de la santé : forme, couleur de peau, expression du regard, examen de la langue qui indique l’état des liquides et des congestions viscérales, observation de la posture comme on observe un arbre.

Du malade sur ses symptômes, chronologie, récurrence, phénomènes déclenchant les  douleurs.  La douleur en MTC signe un blocage, une obstruction à la libre circulation liquidienne, mécanique et énergétique.

Des bruits du corps intéressent les ralentissements dans la circulation énergétique, notamment au niveau digestif : gaz, gonflements, ballonnements, bruits, etc.

Intéresse plusieurs niveaux du diagnostic :

Premièrement elle renseigne sur l’état musculosquelettique, postural, par les tensions, raideurs, ou relâchements articulaires. La palpation renseigne sur l’état inflammatoire manifesté à la peau, localement chaude/ froide, ou bien un état général chaud /froid.

La palpation en MTC possède une particularité qui est la prise des « pouls ». La palpation des pouls aux deux poignets à trois niveaux sur l’artère radiale, informe sur l’état de bonne ou de mauvaise circulation du sang dans l’organisme, et ce, selon les théories fondamentales de la MTC.

Cette palpation informe sur l’état des trois foyers et des cinq mouvements.

Il existe une interprétation de l’examen des pouls « périphériques » qui renseignent également sur des fonctions de montées et descentes de l’énergie, de la répartition droite / gauche, haut / bas..

Une fois les informations recueillies par ce canevas, nous utilisons une méthode de classement des signes cliniques selon la théorie des « huit règles ».

Une grille simplifiée permet d’aller à l’essentiel.

Pour ce faire deux catégories :

yang : chaud, excès, externe et yin : froid, vide, interne.

Ces paramètres se mixent pour donner une hypothèse diagnostique du type vide et froid de la rate-pancréas et expliquer des diarrhées, des crampes dues au froid, liées à l’absorption  d’aliments et boissons froides inappropriées, ou excessives. Ou alors cela signe  une cause interne qui peut engendrer les mêmes symptômes, dus à la rumination, atteinte affective, etc…

Des boissons froides régulières portent atteinte à la digestion, produisent ainsi des stagnations d’énergie qui peuvent évoluer en pathologies malignes.

Une stagnation de sang, produit des ralentissements veineux, des caillots, des douleurs fixes chroniques, etc.

Abordons à présent succinctement les outils thérapeutiques de la MTC

L’art de bien manger repose sur l’analyse des aliments de par leur nature : froide, chaude ; leurs saveurs : amère, salée, etc., les combinaisons des mets se font en relation avec les saisons climatiques et la condition de la maladie du patient.  S’il est affaibli, on appliquera une diététique de saveur douce et de nature tiède. 

Est une extension de la diététique avec des principes thérapeutiques enjoignant le règne : animal, végétal, minéral.

Ont pour but de débloquer les spasmes, faire circuler les liquides, harmoniser la physiologie biomécanique pour traiter les troubles posturaux, à l’instar des méthodes ostéopathiques, chiropratiques occidentales.

Ici massage avec ventouse circulante pour lever la stagnation de sang et humidité dans le foyer supérieur

Ces techniques visent toujours le même objectif : faire circuler l’énergie et le sang  en fonction du diagnostic chinois traditionnel

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