Bronchiolite aiguë

Prise en charge intégrative

Par le Dr Pierre Popowski – Pédiatre homéopathe

Le contexte de 2023

Les capacités d’accueil des services se dégradent en raison de la fermeture de lits, entraînant leur saturation. Il est donc important de tout faire pour éviter une sur fréquentation des urgences pédiatriques qui pourrait facilement être évitée grâce à des mesures préventives et curatives simples en médecine de ville, car plusieurs solutions très efficaces sont à la disposition des parents.

Des mesures « barrière » pour prévenir la bronchiolite

Actuellement, la prévention repose principalement sur les mesures d’hygiène dites « barrière » :

  • Se laver les mains avant d’approcher un nourrisson. Cela doit durer 30 secondes, avec de l’eau et du savon ou en utilisant une solution hydro-alcoolique s’il n’est pas possible de se laver les mains ;
  • Éviter, quand cela est possible, d’emmener son enfant dans les endroits publics confinés (transports en commun, centres commerciaux, services d’urgences des hôpitaux, etc.), où il risquerait d’être en contact avec des personnes enrhumées ou malades (gastro – entérite en particulier) ;
  • Ne pas partager les biberons, sucettes ou couverts non lavés ;
  • Aérer la chambre en ouvrant les fenêtres au moins 10 minutes par jour ;
  • Éternuer dans le coude ;
  • Utiliser des mouchoirs à usage unique ;
  • Ne pas fumer à proximité des bébés et des enfants ;
  • Nettoyer régulièrement les objets avec lesquels le nourrisson est en contact (jeux, jouets, tétines…).

Prise en charge

Il n’existe pas de traitement médical spécifique pour guérir la bronchiolite chez le nourrisson. Les antitussifs, expectorants, fluidifiants, corticoïdes inhalés et bronchodilatateurs sont contre-indiqués chez l’enfant de moins de 2 ans. 

Les antibiotiques ne sont pas indiqués, la bronchiolite aiguë étant d’origine virale. L’antibiothérapie ne peut être envisagée que secondairement, seulement en cas de surinfection.  

C’est pourquoi la prise en charge homéopathique a toute sa place face à cette maladie virale. 

Les médicaments homéopathiques de la bronchiolite :

  • ETHYL SULFUR DICHLORATUM : très efficace au tout début des symptômes, quel que soit le cas.
  • KREOSOTUM : précieux dans les bronchiolites des tout petits nourrissons. Écoulement nasal excoriant, purulent, d’odeur fétide, « tombant sur les bronches », avec toux grasse asthmatiforme aggravée la nuit, aux changements de position et difficultés respiratoires, dont il faut savoir apprécier le degré. Aggravation pendant les périodes de la dentition.
  • IPECA : nourrisson pâle, aux yeux cernés et aux extrémités froides et moites, sifflements respiratoires nettement audibles, liés à l’hypersécrétion. Toux spasmodique qui fait vomir, aggravée par le mouvement et après avoir bu. Spasmes digestifs avec vomissements qui entraînent un abattement. Périodicité annuelle des troubles.
  • ANTIMONIUM TARTARICUM : mucosités bronchiques abondantes avec expectoration difficile, difficulté respiratoire aggravée en étant allongé et la nuit vers 4 heures. 
  • CUPRUM METALLICUM : toux spasmodique quinteuse « comme une coqueluche », avec sifflements audibles à l’expiration, hoquet et peu d’expectoration. Amélioration des quintes en buvant une gorgée d’eau froide. 
  • CUPRUM ARSENICOSUM peut lui être préféré en cas de sifflements importants liés à une obstruction bronchique importante.
  • SAMBUCUS NIGRA : nez bouché avec tendance à s’étouffer en tétant. Toux sèche et suffocante, surtout nocturne, avec aggravation à minuit. Dyspnée expiratoire intense, cyanose, amélioration en position assise. 

Ces remèdes sont utilisés la plupart du temps en basse dilution (5CH) mais pourront être prescrits en plus haute dilution en fonction du cas et du thérapeute.

La kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite aiguë

Elle propose un ensemble de techniques manuelles visant à améliorer la respiration des patients en les aidant à expectorer les sécrétions présentes dans les voies respiratoires.

Le kinésithérapeute est un acteur précieux de premier recours dans le parcours de soins de la prise en charge de la bronchiolite :

  • Il peut instituer un traitement kinésithérapique adapté à la situation de l’enfant, notamment une désobstruction des voies aériennes lorsqu’elle est nécessaire pour optimiser la respiration du nourrisson.
  • Il peut permettre d’éviter les consultations non justifiées aux services d’urgences, ce qui est de nature à fluidifier le parcours du nourrisson et de la maintenir à domicile, lui évitant la iatrogénicité potentielle de l’hôpital, la saturation des services d’urgence et l’encombrement de lits des services de pédiatrie. Les kinésithérapeutes sont formés spécifiquement à cette prise en charge.
  • Il peut participer à l’évaluation et la surveillance de l’évolution, notamment dans les 72 premières heures qui nécessitent une surveillance rapprochée devant le risque de dégradation.
  • Il peut informer les parents sur les signes de dégradation et leur surveillance. 
  • Il peut initier un apprentissage et une observance des actes de désobstruction nasale par l’entourage de l’enfant pour qu’ils soient efficaces et répétés.
  • Il peut mettre en place une évaluation et une adaptation de l’environnement de vie de l’enfant : couchage, alimentation, température de la chambre, tabagisme passif notamment.

La désobstruction nasale

Il faut tenter d’éviter le lavage des fosses nasales « à grande eau » et privilégier l’utilisation du mouche-bébé par aspiration. Le geste consiste à aspirer avec une poire ou un mouche-bébé électrique par une narine, puis par l’autre les sécrétions après les avoir fluidifiées avec du sérum. 

Ce geste, moins invasif et désagréable que le « lavage du nez », est cependant très efficace pour faciliter l’élimination des sécrétions. Mais attention à choisir un embout souple pour ne pas blesser les narines de bébé.

La prise en charge de la fièvre

Trois mesures simples sont à privilégier, associées éventuellement à un traitement médicamenteux : 

  • proposer fréquemment à boire, 
  • ne pas trop couvrir l’enfant, 
  • ne pas augmenter la température de la pièce. 

Il n’y a pas lieu d’utiliser les mesures suivantes : bain frais ou enveloppement frais, dont l’effet est modeste et transitoire, et qui peuvent majorer l’inconfort de l’enfant. 

Il peut être utile de donner du Paracétamol dans les formes fébriles, lorsque la fièvre est très élevée ou mal supportée, avec des signes d’inconfort importants. La perception des parents doit être prise en compte. 

Le couchage 

Coucher l’enfant en proclive à 30° dans une chambre bien aérée et non surchauffée (19 °C) peut être utile.

Un circuit de surveillance pluridisciplinaire en ambulatoire doit être instauré

La bronchiolite aiguë durant en moyenne 10 jours, il convient de tenir compte des 72 premières heures, période pendant laquelle tout nourrisson est susceptible de s’aggraver. 

Il est essentiel d’assurer une surveillance pluridisciplinaire de ces nourrissons afin de ne pas les perdre de vue pendant cette période critique. Le kinésithérapeute, le médecin généraliste ou le pédiatre devront s’assurer de la mise en place :

  • Des mesures éducatives, en particulier expliquer aux parents les signes d’alerte devant faire consulter de nouveau,
  • Des mesures de surveillance adaptées à l’évaluation du nourrisson par les professionnels de premier recours et les réseaux « bronchiolite ».
  • Des mesures de maîtrise de l’environnement autour du nourrisson : absence de tabagisme, niveaux adaptés de température et de chauffage, hygiène et lieux de prise en charge à domicile, chez la nourrice.

La prise en charge nécessite de programmer des évaluations fiables dans les 72 premières heures en restant à disposition par téléphone ou par mail ainsi que d’informer les parents des recours aux structures d’urgence possibles dans leur territoire de santé.

Dans la grande majorité des cas, le recours hospitalier n’est pas nécessaire, ni aux urgences ni en hospitalisation.

Pour aller plus loin, reportez-vous aux fiches :

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.