Constipation

« Comment allez-vous ? »

Généralités et Diagnostic

Vous savez peut-être que l’expression « comment allez-vous ? » nous vient de l’époque de Louis XIV, car le Roi-Soleil était un grand constipé et chaque jour on lui demandait « comment allez-vous Sire ? » ce qui voulait dire « comment allez-vous à la selle ».

Depuis longtemps on sait que la qualité du transit va influencer non seulement l’humeur du jour, mais aussi la santé de l’individu. Déjà Confucius avait développé la même réflexion qui peut se résumer à « quand l’intestin va, tout va ! »

Curieusement, avec l’avènement de la médecine moderne, la qualité du transit, l’aspect des selles, sont considérés comme des détails sans importance. La constipation n’est qu’un symptôme fonctionnel et pas une maladie et, excusez-moi pour cette expression grossière, mais imagée, les constipés sont souvent pris pour des « emmerdeurs » par les médecins.

À part des laxatifs parfois dangereux pour la santé, il existe peu de médicaments allopathiques efficaces. S’opposeront alors la frustration du médecin ne parvenant pas à soulager son patient et l’obsession du patient désirant avoir un transit parfait. Les médecins ont donc fini par donner un nom à cette phobie : l’apopathodiaphulatophobie ou « peur de la constipation ». 

Et dans les faits, cette phobie existe même si elle n’est pas si fréquente. Elle peut entrainer chez certains individus une surconsommation de produits laxatifs dangereuse pour la santé.

Dans ces échecs thérapeutiques, on oublie parfois que la constipation est souvent le symptôme d’un déséquilibre plus profond et qu’elle nécessite une prise en charge plus globale du terrain du patient. Il est pourtant nécessaire de soigner ces patients, car la constipation peut avoir des conséquences plus complexes qu’un simple inconfort abdominal.

Or, le symptôme « constipation » est fréquent dans nos civilisations occidentales. Il toucherait, suivant les études, de 15 à 35% de la population européenne, dont 5% souffrent de constipation chronique. Chez les personnes âgées en institution, les chiffres peuvent aller jusqu’à 80% ! 

Les personnes de plus de 55 ans ont 5 fois plus de risque de souffrir d’une constipation que celles de 20-30 ans.

Mais pour être sûr que nous parlons bien de la même chose et surtout pour trouver le bon traitement, il est indispensable de bien définir ce qu’on appelle « constipation »

Définitions de la constipation

Tous les troubles du transit ne sont pas des constipations.

Inversement, des personnes constipées peuvent présenter régulièrement des diarrhées.

Qu’appelle-t-on finalement « constipation » ?

Elle se définit surtout en opposition au transit normal.

L’idéal serait d’avoir une selle par jour, à la même heure, d’expulsion facile et de consistance normale. Mais moins d’un tiers de la population présente un transit aussi régulier.

Le transit normal ou plutôt « non-pathologique » se définit ainsi :

  • Rythme : entre 3 selles par jour et 1 selle tous les 3 jours
  • Expulsion : elle doit être simple, ne pas nécessiter d’efforts excessifs, ne pas faire saigner ni déclencher d’hémorroïdes.
  • Aspect de la selle qui, idéalement, sera moulée, non collante, de couleur marron, ni trop foncée, ni trop décolorée
  • La selle, dans la cuvette, doit couler au fond. Elle ne doit ni coller aux parois ni flotter à la surface de l’eau.

Je vous prie de m’excuser pour tous ces détails, un peu rebutant pour certains, mais il faut savoir de quoi on parle quand on veut aider un patient qui souffre. Trop de personnes arrivent chez le médecin en se plaignant de ce qu’ils croient être une constipation et, si l’interrogatoire n’est pas précis, on peut partir sur un faux diagnostic et donc un traitement inadapté.

Pour résumer mon point de vue, à la lumière des explications ci-dessus, la constipation se définit bien plus par la qualité de la selle et la difficulté d’expulsion que par le rythme.

 

Mais la définition officielle de la constipation est la suivante : une insatisfaction du malade lors de la défécation, due :

  • soit à des selles peu fréquentes (moins de 3 selles hebdomadaires)
  • soit à une difficulté pour exonérer
  • soit aux deux

On comprend bien à travers cette définition donnée par les gastro-entérologues que la constipation est avant tout un symptôme fonctionnel, une question de ressenti et non une véritable pathologie.

Pour autant elle est source d’inconfort, mais aussi de complications parfois graves. Cette définition ne nous dit rien des causes et je voudrais différencier les 2 types de constipations qui nous permettent d’y voir plus clair sur la situation du patient.

Deux grands types de constipation

Les spécialistes distinguent plutôt la constipation fréquente de la constipation occasionnelle, mais pour les praticiens d’une médecine intégrative s’intéressant au terrain, on peut distinguer 2 types de constipation :

  • La constipation ATONIQUE
  • La constipation SPASMODIQUE

Cette distinction est simple à faire. Une seule question est nécessaire : « avez-vous envie d’aller à la selle ou pas ? »

La constipation spasmodique

C’est une constipation donnant un inconfort assez différent qui est plus en lien avec la difficulté d’exonération. Le patient a ENVIE d’aller à la selle, mais il n’y arrive pas.

Ici, l’intestin se contracte trop, mais surtout de façon anarchique. Ces contractions qui se font de façon désordonnée ne permettent pas aux selles d’avancer efficacement vers le rectum. En revanche, comme les contractions sont présentes, les envies le sont aussi.

Les patients ressentent ainsi des envies inefficaces, qu’on appelle aussi ténesme. Ils se présentent à la selle, mais n’arrivent rien à expulser, soit parce qu’il y a un spasme du rectum qui ne laisse pas sortir les selles soit parce que ce dernier est vide et a envoyé une fausse information en se contractant.

Ces spasmes anarchiques de l’intestin sont souvent favorisés par le stress. Le premier traitement de cette constipation sera donc la relaxation et le sport.

Du fait de ces contractions anarchiques, ces patients peuvent présenter une alternance de selles molles et de constipation. Dans ce cas on parle toujours de constipation, car les selles molles sont une conséquence de cette constipation.

La constipation atonique

La constipation atonique se définie par un rythme lent : 1 selle tous les 4 à 7 jours, mais surtout avec AUCUNE ENVIE d’aller à la selle.

C’est la constipation que je rencontre le plus fréquemment, peut-être parce qu’elle est la plus inconfortable. Les patients ne ressentant aucune envie, ils finissent souvent par utiliser et abuser des laxatifs, voire des lavements, afin de déclencher la selle et de vider leur rectum.

Au quotidien, ils ressentent essentiellement une lourdeur abdominale, l’impression d’être « rempli » avec des ballonnements parfois douloureux et la sensation d’être encrassés, intoxiqués. Le besoin de se vider sera de plus en plus pressant, mais sans envie de déféquer.

Cette constipation est due à une ATONIE de l’intestin. L’intestin ne se contracte pas normalement. Son péristaltisme est lent. De ce fait, les selles n’avancent pas vers le rectum qui ne se remplit pas bien.

Parfois, l’atonie qui atteint le rectum fait que celui-ci se dilate avec l’arrivée progressive des selles, mais sans déclencher l’envie d’évacuer. Car normalement, l’envie d’aller à la selle intervient quand le rectum est plein et qu’il le fait savoir en se contractant.

Les différents types de selles

Au-delà de l’envie et de la fréquence, c’est la QUALITÉ de la selle qui définit la constipation. Surtout que l’aspect de cette selle peut aussi nous indiquer des pistes de traitement, en particulier en homéopathie, très efficace dans la prise en charge de la constipation.

Une selle « normale » devrait être :

  • Moulée, d’un volume cohérent avec l’âge et la taille de la personne
  • Ni trop dure, ni trop molle
  • De couleur marron, ni trop claire, ni trop noire
  • Elle ne doit pas être recouverte de glaire et encore moins de sang
  • Elle ne doit pas coller aux parois des toilettes ni flotter. Elle est censée couler au fond de la cuvette.

En quoi une selle peut être anormale et nous indiquer éventuellement les causes de la constipation (je ne parlerai pas des selles molles ou liquides, car ce n’est pas le sujet) ?

Situation fréquente chez les constipés, cela indique un manque de fibre et surtout d’eau. Le transit est trop lent. Ce type de selle entraine un risque de fécalome (Accumulation d’excréments durcis dans le rectum), mais aussi de fissure anale ou d’hémorroïdes.

Appelées plus communément « crottes de biques ». Les selles sortent sous forme de petites billes noires et dures, parfois agglomérées par du mucus ou parfois une par une. Le risque de fécalome et de fissures est moins grand, mais les causes sont identiques à l’exemple précédent : manque de fibres et d’eau. C’est une autre forme courante de la constipation.

C’est-à-dire très fine, de la taille d’un gros crayon. Il faut d’abord envisager un problème de sphincter trop spasmé. Une consultation chez le gastro-entérologue s’impose pour faire un bilan.

Doit faire penser à un problème de foie ou de vésicule biliaire. La bile s’élimine mal et le médecin pourra envisager une échographie du foie et de la vésicule. La vésicule biliaire joue un rôle important dans le transit, car la bile « lubrifie » l’intestin. Si la vésicule fonctionne mal, la constipation est plus fréquente.

Doit faire évoquer la présence de sang digéré dans la selle. On parle alors de « méléna ». Il sera nécessaire de faire une recherche de sang dans la selle et en rechercher la cause (souvent une gastrite qui saigne). Mais la prise de fer peut aussi donner des selles noires.

Signent souvent la présence d’une fissure anale ou d’hémorroïdes. Une consultation médicale est indispensable pour traiter la cause et surtout éliminer la possibilité d’un polype du colon.

Doivent faire envisager une coloscopie à la recherche d’un polype. Mais les glaires sur les selles sont souvent retrouvées sans aucune cause particulière. Certaines personnes éliminent des glaires par la muqueuse intestinale comme elles le font au niveau nasal par exemple. Cela peut être tout à fait banal, traduisant néanmoins une inflammation de l’intestin liée parfois à un transit de mauvaise qualité.

cela est lié à une présence excessive de graisses dans la selle. Avant de penser à un excès alimentaire, il faut surtout envisager une mauvaise digestion et surtout un manque d’enzymes pancréatiques ou de bile. Là encore c’est au médecin de prescrire les examens qui lui paraitront nécessaires. Ce type de selles signe avant tout une insuffisance de fonctionnement du pancréas.

Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.

 Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.