Antidépresseurs : un risque plus élevé de mort subite ?
Ce que révèle une étude danoise
Une récente étude menée au Danemark met en lumière un lien potentiel entre la prise d’antidépresseurs et un risque accru de mort subite d’origine cardiaque. Cette recherche, présentée au congrès EHRA 2025 et publiée dans le BMJ Journals, s’est appuyée sur l’analyse des décès survenus en 2010 dans une population de 4,3 millions d’adultes danois âgés de 18 à 90 ans.
Un risque accru chez les patients sous antidépresseurs
Les chercheurs ont comparé deux groupes : les personnes ayant pris des antidépresseurs (prescrits au moins deux fois sur une année) et celles non exposées.
Résultat : les utilisateurs de ces médicaments depuis 1 à 5 ans présentent un risque de mort cardiaque subite 56 % plus élevé. Ce risque est multiplié par 2,2 chez ceux sous traitement depuis plus de 6 ans.
Les tranches d’âge les plus touchées sont les 30-59 ans, chez qui le risque peut être jusqu’à cinq fois plus élevé par rapport à la population non exposée.
Un lien, mais pas une preuve de causalité
Les chercheurs soulignent qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives : cette association ne signifie pas que les antidépresseurs causent directement des décès cardiaques.
La dépression elle-même est un facteur de risque cardiovasculaire reconnu. Un traitement bien mené peut améliorer la qualité de vie et réduire les risques liés à des comportements délétères (sédentarité, tabac, mauvaise alimentation…).
Des résultats à nuancer selon l’âge
Chez les plus de 70 ans, bien que le risque reste plus élevé en cas d’exposition prolongée, l’écart entre les différents groupes diminue. En revanche, chez les moins de 30 ans et les plus de 80 ans, l’association n’est pas significative statistiquement.
Ces données suggèrent que la durée de traitement, l’âge et les antécédents de santé jouent un rôle majeur dans le niveau de risque observé.
Ce qu’il faut retenir
- Un traitement antidépresseur de longue durée est associé à un risque accru de mort cardiaque subite, surtout chez les 30-59 ans.
- Ce lien n’est pas forcément causal : la dépression elle-même impacte la santé cardiaque.
- Il ne faut pas arrêter son traitement sans avis médical.
- Des recherches complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes en jeu.
- European Heart Rhythm Association – EHRA 2025
- BMJ Journals – étude complète
- Medscape, 15 avril 2025
- Communiqué ESC, 30 mars 2025