Constipation
« Comment allez-vous ? »
Les causes
La constipation peut être un des symptômes d’une maladie plus complexe, voire plus grave.
Avant de conclure à une constipation « banale », appelée « essentielle » ou « idiopathique », c’est-à-dire sans cause médicale précise, il est important d’avoir éliminé une constipation dite « secondaire » à une autre maladie.
Les causes de constipation « secondaire ».
La recherche d’une cause organique, avant tout une sténose (rétrécissement pathologique), s’impose devant toute constipation récente ou récemment aggravée :
- Priorité à la recherche d’une obstruction mécanique :
- Cancer colorectal cause de rétrécissement « interne » (ou sténose)
- Compression extrinsèque (tumorale bénigne ou maligne, adhérences post-chirurgicales)
- Sténose colique non tumorale (diverticulaire, ischémique, maladie inflammatoire intestinale, suite de radiothérapie)
- Sténose anale de causes diverses
- Des maladies métaboliques et générales peuvent ralentir le transit. En particulier :
- Diabète
- Hypothyroïdie (c’est une des causes fréquentes de constipation)
- Hypercalcémie ou hypocalcémie – Carence en magnésium (cause de constipation spasmodique)
- Chute du potassium (qui doit systématiquement être recherchée)
- Maladies neurologiques – Maladie de Parkinson – Sclérose en plaques
- Tumeur médullaire ou Traumatisme médullaire
- Accident vasculaire cérébral
- D’autres causes liées aux circonstances sont classiques :
- Immobilisation suite à un accident ou une opération par exemple
- Dépression avec apathie et sédentarité excessive
- De nombreux médicaments peuvent aussi entrainer une constipation :
- Les médicaments contre la douleur à base de morphines ou de ses dérivés comme la codéine (cause fréquente de constipation récente)
- Certains médicaments pour la prostate, le glaucome…
- Beaucoup de médicaments agissant sur le système nerveux : antidépresseurs, anticonvulsivants, antipsychotiques et antiparkinsoniens
- Le fer pharmaceutique donne souvent colite et constipation.
- Des médicaments pour le cœur ou contre l’hypertension comme les bêtabloquants et les diurétiques sont régulièrement incriminés.
- La plupart des chimiothérapies
- Le calcium donnera rarement un ralentissement du transit
- Paradoxalement l’abus de laxatifs finira par aggraver la constipation de la même façon que la pratique régulière et excessive des lavements.
Toutes ces causes sont assez simples à diagnostiquer à condition d’y penser et de les rechercher. C’est le travail du médecin dès que la constipation est atypique ou d’apparition récente.
Les causes de la constipation « essentielle »
Cette situation est la plus fréquente. La constipation n’est pas liée à une autre maladie. Elle EST la « maladie ». Mais comme toute maladie, elle a des facteurs favorisants qui sont, pour la plupart, bien connus.
Le dolichomégacôlon
C’est, avec les erreurs diététiques, la cause la plus fréquente de la constipation. Le dolichomégacôlon est un côlon trop grand et trop gros. Cette variante de la normale n’est pas une maladie en soi. On peut avoir un « grand » côlon comme d’autres ont de grandes oreilles. Ce mégacôlon est souvent congénital (de naissance) et même génétique (les parents ou grands-parents présentent le même type de côlon et souffrent aussi de constipation).
Parfois, il peut être aggravé par des erreurs diététiques dans l’enfance ou par des intolérances alimentaires.
Il n’y a pas de traitement spécifique de ce gros côlon. On ne peut pas (et on ne doit pas) l’opérer. Les personnes qui présentent ce type d’anomalie morphologique auront tendance à être constipées toute leur vie ou tout au moins d’avoir un transit irrégulier et capricieux. Elles devront donc suivre à vie des règles hygiéno-diététiques, personnalisées et régulières pour obtenir un confort intestinal acceptable.
La sédentarité
Le sport est un « traitement » très efficace de la constipation. Inversement, la sédentarité en est une cause fréquente.
L’évolution des métiers, moins physiques et plus souvent assis, fait que les habitants des pays industrialisés sont de plus en plus constipés.
Si on rajoute à cela les heures passées devant la télévision ou les jeux électroniques plutôt que d’aller faire son jardin ou courir derrière un ballon, on comprend que la constipation soit devenue ce fléau des populations occidentales.
Un rythme de vie déséquilibré
La régularité du transit dépend de plusieurs facteurs, et en particulier de notre « horloge interne ». C’est pourquoi les « constipés » le sont parfois moins les jours de repos ou le week-end.
Si on prend le temps de manger à des heures qui nous correspondent et que, surtout, on prend le temps d’aller à la selle au moment où l’on en a envie, le transit sera bien plus facile.
Mais le monde moderne nous impose son rythme qui ne convient pas à tous. La pire des choses pour une personne constipée est de ne pas écouter son corps et de laisser passer le moment où l’envie d’aller à la selle se fait sentir.
Alors, si vous avez un transit lent, pensez à prendre le temps de vous écouter !
Le stress et la mauvaise gestion des émotions
Quand on dit que tel évènement « me prend aux tripes », l’image est très parlante. Notre intestin est contrôlé essentiellement par notre système neuro-végétatif. Or, ce système nerveux particulier est très lié à nos émotions. C’est lui qui est perturbé dans la « spasmophilie ». C’est encore lui qui est en cause dans le malaise vagal.
Ce système nerveux neuro-végétatif est en connexion directe avec nos émotions et comme c’est lui qui commande les contractions de l’intestin, on peut comprendre que le stress puisse agir fortement sur notre transit (nos tripes).
Les gens émotifs, stressés, anxieux présenteront souvent des troubles du transit à type de constipation spasmodique ou d’alternance diarrhée / constipation.
Mais ce n’est pas la seule cause « émotionnelle » de la constipation.
La défécation est un mécanisme complexe qui fait appel à des mécanismes primaires. Manger et déféquer sont les premières choses que le nouveau-né apprend à faire… instinctivement.
Mais les selles sont aussi, dans l’inconscient collectif, quelque chose de sale (c’est de la merde). Beaucoup de personnes, en particulier les femmes plus attentives à la « propreté », ont une relation complexe avec la défécation. Elles en parlent plus difficilement. Parfois même elles ne veulent pas qu’on sache qu’elles vont à la selle. Elles ne veulent pas qu’on les entende et, plus que les hommes, elles ont besoin de se laver ensuite (ce qui n’est pas un défaut loin s’en faut)
Pour toutes ces raisons « psychologiques », bon nombre de personnes sont systématiquement constipées quand elles ne sont pas chez elles. Soit parce qu’elles ne peuvent pas être tranquilles pour aller à la selle, soit parce qu’elles craignent que les toilettes ne soient pas suffisamment propres, soit pour des raisons psychologiques plus complexes que Freud a décrites avec le « le stade anal ».
C’est pourquoi la prise en charge de la constipation chez ces personnes nécessite une prise en charge des émotions. Une thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) peut être nécessaire afin de faire verbaliser et de dédramatiser la situation.
Toutes les techniques de relaxation comme la sophrologie, le yoga, mais aussi l’acupuncture pourront être utiles chez ces constipés stressés.
Les erreurs diététiques
Je termine mon énumération par la cause la plus importante de la constipation essentielle : la nutrition. Non seulement les erreurs diététiques sont des causes fréquentes de constipation, mais c’est aussi, avec les émotions et le sport, la cause sur laquelle on peut le plus agir.
Les causes alimentaires classiques sont :
- Alimentation pauvre en fibres
- Boissons insuffisantes
- Alimentation trop grasse ou trop sucrée
Mais corriger ces éléments est parfois insuffisant. La prise en charge diététique de la constipation doit aller plus loin.
Pour aller plus loin, reportez-vous aux fiches :
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.