Les probiotiques peuvent agir sur la santé mentale
C’est la conclusion d’une étude récente tout à fait passionnante (1).
Elle montre qu’une combinaison de 14 souches bactériennes atténue les symptômes de l’anxiété et de la dépression.
Bien que les liens entre déséquilibres du microbiote et dépression soient bien établis, la recherche n’avait pas encore démontré officiellement que la prise de probiotiques pouvait être efficace contre la dépression. Une des raisons c’est qu’en général on étudie une seule souche de probiotiques à la fois dans l’espoir de la breveter et de faire fortune. Car j’espère que vous ne croyez pas que les industriels du médicament s’intéressent à votre santé ? Mais non voyons, uniquement à leurs dividendes.
Heureusement ce n’est pas le cas de tout le monde et cette étude pilote ouvre enfin la voie à des études plus vastes explorant l’utilisation de compléments multi-souches pour la santé mentale.
Dans cette étude, les 49 patients inclus ont reçu soit le probiotique à 14 souches, soit un placebo. Tous les sujets étaient âgés de 18 à 55 ans, souffraient d’un trouble dépressif majeur et prenaient un antidépresseur qui ne résolvait pas complètement leurs symptômes.
Les patients du groupe « probiotique » ont montré une réduction de la gravité de leur dépression sur deux échelles d’évaluation. Ils ont bénéficié d’un soulagement encore plus important de l’anxiété, ce qui n’était pas attendu.
Evidemment, aucun effet secondaire de « traitement » n’a été mis en évidence. La balance bénéfice-risque est donc particulièrement favorable contrairement aux antidépresseurs qui ont souvent de nombreux effets secondaires.
L’objectif n’est pas pour autant de remplacer les antidépresseurs par les probiotiques, mais bien d’associer les deux pour optimiser les résultats et réduire la dose d’antidépresseur.
Il reste maintenant à faire d’autres études pour expliquer plus en détail el mécanisme d’action des probiotiques sur le système nerveux et l’humeur. Les auteurs ont mis en évidence les niveaux du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) et la production de BDNF comme explication possible de la façon dont les microbes présents dans l’intestin peuvent causer ou guérir la dépression. Le Dr Palmer a déclaré que cette découverte était cohérente avec les recherches qu’il a effectuées pour son livre « Brain Energy », publié en novembre 2022.
Les chercheurs ont également établi un lien entre le stress oxydatif et les types et le nombre de microbes qui se forment dans l’intestin. « Le stress oxydatif est lié à diverses maladies humaines, dont la dépression », note la méta-analyse de l’International Journal of Molecular Sciences.
Cela veut dire aussi qu’on peut influer sur l’humeur à travers l’alimentation puisque cette dernière impacte favorablement ou défavorablement l’équilibre du microbiote.
Dans tous les cas, l’intestin confirme son rôle de « deuxième cerveau ».
1 – JAMA Psychiatry. 2023;80(8):842-847. doi:10.1001/jamapsychiatry.2023.1817 – https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2806011