Microplastiques, impact sur la santé et moyens de protection
Plusieurs articles et études ont été publiés ces derniers mois sur l’impact des microplastiques sur notre santé. En voici une courte synthèse.
Présence des microplastiques et impact sur la santé
Les microplastiques et nanoplastiques (particules inférieures à 5 mm) sont omniprésents dans notre environnement et se retrouvent dans l’air, l’eau, les aliments, les emballages, les textiles synthétiques, les pneus et les cosmétiques.
Une étude de 2019 menée par l’ONG WWF a estimé que l’être humain moyen ingère environ 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit. Toutefois, certaines études ultérieures ont révisé cette estimation à la baisse, sans qu’un consensus soit trouvé.
Des recherches récentes ont détecté des microplastiques dans les poumons, le foie, le placenta et le sang humain, notamment dans une étude néerlandaise publiée en 2022 dans Environment International. D’autres études, comme celle publiée en 2024 dans le New England Journal of Medicine, ont montré la présence de microplastiques dans les plaques carotidiennes de plus de 300 patients ayant subi une endartériectomie carotidienne, ce qui était associé à un risque 4,53 fois plus élevé d’accident cardiovasculaire.
Sources de pollution par les microplastiques
Les principales sources de contamination incluent :
- L’eau en bouteille : Une étude récente a révélé que chaque litre d’eau en bouteille contient environ 240 000 particules de plastique, dont 90 % sont des nanoplastiques.
- Les sachets de thé : Une étude publiée en novembre 2024 dans Chemosphere a montré qu’un seul sachet de thé en plastique libérait 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques lorsqu’il était infusé.
- Les aliments emballés en plastique et les ustensiles de cuisine en plastique : Plusieurs études ont mis en évidence la migration des particules plastiques vers les aliments en raison des températures élevées ou de la durée de stockage.
- L’air : Une étude de 2023 parue dans Physics of Fluids a montré que les microplastiques inhalés avaient tendance à s’accumuler dans la cavité nasale ou à l’arrière de la gorge en fonction de leur taille et de leur forme.
- Les textiles synthétiques : Lors du lavage en machine, ces vêtements libèrent des microfibres plastiques qui se retrouvent dans l’eau et l’air.
- Les cosmétiques et produits d’hygiène : Certains dentifrices, gels douche et crèmes contiennent des microbilles de plastique, qui peuvent être absorbées par la peau ou ingérées.
Conséquences sur la santé
- Toxicité cellulaire : Une étude publiée en février 2025 dans Food Chemistry a montré que les microplastiques pouvaient être absorbés par les cellules intestinales et causer des mutations de l’ADN, augmentant ainsi les risques de cancer et de maladies digestives.
- Perturbations hormonales : Une revue scientifique a analysé les effets des polybromodiphényléthers (PBDE), du bisphénol A (BPA) et des phtalates sur la santé humaine. Elle a montré que ces substances sont associées à des malformations génitales, au diabète, à l’obésité et à des troubles du développement cognitif.
- Risques cardiovasculaires : L’étude du New England Journal of Medicine a révélé que la présence de microplastiques dans les plaques carotidiennes augmentait de manière significative le risque d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde et de mortalité toutes causes confondues.
- Troubles respiratoires : Des recherches sur des tissus pulmonaires humains et de souris ont montré que les microplastiques inhalés pouvaient perturber le développement pulmonaire et favoriser des inflammations chroniques, augmentant le risque de fibrose et de cancer du poumon.
Comment se protéger des microplastiques ?
Bien qu’il soit difficile d’éliminer complètement l’exposition aux microplastiques, certaines mesures permettent de la réduire :
- Limiter la consommation d’aliments emballés en plastique et privilégier le verre ou l’acier inoxydable pour le stockage et la cuisson.
- Boire de l’eau filtrée plutôt que de l’eau en bouteille.
- Utiliser du thé en vrac ou des sachets en papier plutôt que des sachets en plastique.
- Aérer régulièrement son domicile pour limiter l’accumulation de microplastiques en suspension dans l’air.
- Privilégier les vêtements en fibres naturelles comme le coton ou la laine pour limiter l’inhalation de microplastiques issus des textiles synthétiques.
- Éviter les cosmétiques contenant des microbilles plastiques et opter pour des produits naturels.
Conclusion
Les microplastiques représentent une menace croissante pour la santé humaine. Bien que leurs effets à long terme restent mal connus, les preuves actuelles suggèrent un impact non négligeable sur les systèmes digestif, respiratoire, cardiovasculaire et hormonal.
Les études mentionnées montrent l’urgence de mettre en place des régulations strictes pour limiter la production et l’utilisation des plastiques. Des négociations internationales sont en cours pour établir un traité contraignant visant à réduire cette pollution. En attendant, des actions individuelles comme la réduction de l’usage du plastique et l’adoption d’alternatives plus sûres sont essentielles pour limiter l’exposition aux microplastiques.
- L’AFP
- Une étude publiée dans le numéro de novembre 2024 de Chemosphere
- l’édition française de Medscape