Rhinopharyngite
Prise en charge conventionnelle
En réalité il n’existe aucun traitement validé par l’académie de médecine pour traiter une rhinopharyngite. La faculté considère que c’est une banale infection virale et qu’il suffit d’attendre que ça passe.
Sur le fond elle n’a pas tort. Pourtant cette infection virale peut être pénible et handicapante et peut aussi se surinfecter et se compliquer. Alors peut-être serait-il utile de la soigner ? Mais en allopathie, aucun traitement pour agir sur la cause. On va donc donner uniquement des traitements dits « symptomatiques ».
Voici les principaux remèdes que pourrons vous conseiller votre médecin ou votre pharmacien.
Agir sur la fièvre ?
Le traitement le plus souvent prescrit est un antalgique-antipyrétique pour faire baisser la fièvre et calmer les douleurs. Il s’agit en général d’ibuprofène (un anti-inflammatoire) ou de paracétamol. Parfois les médecins prescrivent de l’aspirine, mais c’est plus rare.
Il est certain que pour continuer à travailler et ne rien changer à sa vie quotidienne pendant cette infection, ces médicaments peuvent avoir un intérêt. Mais sont-ils vraiment utiles sans risque ?
La fièvre est l’un des symptômes les plus communs à toutes les infections. Pourquoi ? Parce que la fièvre est le premier mécanisme de défense que notre organisme met en place. C’est donc une alliée et non pas un symptôme à combattre.
En cas d’infection aiguë, l’organisme va se défendre par la fièvre et le déclenchement d’un syndrome inflammatoire qui augmentent nos défenses immunitaires tout en limitant la propagation des virus. Les courbatures sont liées à cette réaction inflammatoire créée par notre corps et non pas par le microbe.
Et on sait que faire baisser la fièvre ou donner des anti-inflammatoires en cas d’infections virales peut augmenter la gravité et la durée de l’infection. Des épidémiologistes pensent même que la gravité de la grippe espagnole a été liée en partie à l’utilisation de l’aspirine qui aurait augmenté la mortalité de la maladie. À l’époque, les médecins prescripteurs d’aspirine avaient 60% de décès contre moins de 10% pour ceux qui n’en utilisaient pas ! (1)
Cet effet paradoxal et aggravant des anti-inflammatoires a été confirmé par plusieurs travaux. Des études sur l’animal montrent une plus grande agressivité de la maladie virale si on lui administre des antipyrétiques avec une augmentation de la contagiosité du virus. Des chercheurs de l’université canadienne de McMaster concluent, dans une étude parue dans Proceedings of the Royal Society B, que les anti-inflammatoires pourraient favoriser la propagation de la maladie et aggraver les épidémies !
Pourtant, beaucoup de patients attendent de leur médecin un remède pour soulager fièvre et douleurs. Car dans notre monde moderne on n’accepte pas qu’un banal rhume puisse nous empêcher d’aller travailler, faire du sport ou sortir avec les amis. Et pourtant ! Si on est malade, c’est qu’on a une fragilité (parfois purement ponctuelle) avec baisse des défenses immunitaires. Et quoi de mieux que quelques jours de repos et de diète pour améliorer son terrain ?
Donc, la prochaine fois que vous avez un peu de fièvre, prenez le temps de la réflexion avant d’ingurgiter des anti-inflammatoires. Contentez-vous éventuellement d’un peu de paracétamol si les maux de tête sont importants ou si la fièvre dépasse 39 et orientez-vous plutôt vers une prise en charge intégrative ;
(voir les fiches sur la prise en charge intégrative des rhinopharyngites)
Les pulvérisateurs nasaux
À côté des antipyrétiques, les médecins vont souvent prescrire des médicaments pour « déboucher » le nez. Il est vrai que ce symptôme peut être particulièrement pénible et handicapant. Surtout la nuit.
Pour autant, ce sont uniquement des médicaments de confort dont les effets secondaires ne sont pas anodins.
Il existe 3 types de produits :
- Les sprays à base de cortisone qu’il faut éviter au maximum, car ils altèrent les muqueuses nasales et augmentent le risque de diffusion locale des microbes. Ils sont réservés à des cas très particuliers comme les situations où un patient doit prendre l’avion alors qu’il a déjà le nez et les sinus bouchés. Le décollage et surtout l’atterrissage peuvent être hyper douloureux et les sprays à base de cortisone (+/- vasoconstricteurs) la seule solution pour lui permettre de faire son voyage.
- Les vasoconstricteurs qui ont été pour la plupart interdits tellement leur balance bénéfice-risque est mauvaise. Ne vous faites pas piéger par leur efficacité rapide, car on peut devenir dépendant de ces produits à cause d’un effet rebond dans les heures qui suivent l’utilisation. Là encore leur utilisation doit être réservée à des cas très particuliers sous contrôle médical.
- Des produits simplement désinfectants, mais qui peuvent aussi agir sur la sensation de nez bouché. Il en existe plusieurs de qualité variable.
Cela veut dire qu’il n’y a pas de traitement miracle pour ce symptôme de nez bouché et surtout pas de médicament qui offre un bon rapport bénéfice-risque.
Les médicaments « spécifiques » des rhumes
Ce sont en fait, pour la plupart, des médicaments qui agissent uniquement sur certains symptômes du rhume : céphalées, fièvre, nez bouché et j’en passe. En aucun cas ils n’agissent sur les causes du rhume ou sur nos défenses immunitaires.
Ce sont surtout des associations d’antipyrétiques, d’anti-inflammatoires et de vasoconstricteurs. Inutile de vous dire que, pour moi, ils doivent être utilisés avec prudence et même évités dans la mesure du possible, car leur balance bénéfice-risque n’est pas vraiment bien évaluée à mon sens ! La revue prescrire, seule revue indépendante des laboratoires les a classés dans les médicaments à éviter voire à interdire.
Il en existe beaucoup. Aucun n’est remboursé, car leur « service médical rendu » est faible, mais, de ce fait, les fabricants peuvent faire de la publicité à la télévision ou dans les journaux et tous les hivers on voit fleurir ces pubs qui vous expliquent que vous respirerez mieux et serez soulagés plus vite.
Des avantages marketing qu’il faut mettre en balance avec les effets secondaires potentiels et le risque de voir l’infection se prolonger.
Les sprays et pastilles pour la gorge
Là encore, vous allez voir de nombreux spots de pub au sujet de ces produits qui contiennent pour la plupart bien plus d’excipients que de molécules actives.
Ils sont souvent peu efficaces et sans grand intérêt. Ce sont de banals antiseptiques avec parfois du miel ou des huiles essentielles ou parfois un antalgique ou anesthésiant voire de la cortisone.
Je ne les utilise pas, car les médecines naturelles offrent des alternatives bien plus intéressantes avec l’aromathérapie, la propolis et l’homéopathie.
Pour aller plus loin, reportez-vous aux fiches :
1 – Journal of the American Institute of Homœopathy, Vol. XIII, No. 11, May 1921, page 1038. Par W. A. Dewey, M. D., Université de Michigan
Ces conseils n’ont pas vocation à remplacer une consultation médicale. Ils peuvent vous aider à mieux dialoguer avec votre médecin afin de faciliter le diagnostic et les choix thérapeutiques.
Ils peuvent éventuellement vous permettre d’attendre le rendez-vous avec votre médecin si les délais sont un peu longs.