Thon en conserve : une contamination généralisée au mercure inquiète les experts
Le thon en conserve, pourtant perçu comme une source saine de protéines, est aujourd’hui au cœur d’une polémique sanitaire.
Une enquête publiée par les ONG Bloom et Foodwatch en octobre 2024 révèle que 100 % des boîtes de thon testées en Europe contiennent du mercure, un métal lourd classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus dangereuses pour la santé publique.
Sur les 148 échantillons analysés dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie), plus d’une boîte sur deux dépasse 0,3 mg/kg, soit la limite maximale fixée pour d’autres poissons comme le cabillaud ou l’anchois.
En France, la marque Petit Navire a été particulièrement mise en cause, certaines boîtes atteignant des teneurs allant jusqu’à 3,9 mg/kg, bien au-dessus du seuil européen de 1 mg/kg autorisé pour le thon.
En résumé :
Les analyses montrent une contamination généralisée du thon en conserve au mercure, avec des niveaux parfois 10 fois supérieurs à ceux considérés comme sûrs pour la santé.
Des normes taillées pour l’industrie, pas pour la santé
Bloom et Foodwatch dénoncent des seuils de tolérance fixés selon les taux moyens de contamination, et non selon le risque toxicologique réel.
Les ONG estiment que les normes actuelles permettent de commercialiser 95 % du thon européen, quitte à exposer les consommateurs à des doses préoccupantes de mercure.
Les associations réclament une révision immédiate des seuils européens, afin de les aligner sur les limites les plus protectrices, soit 0,3 mg/kg.
Elles rappellent que le mercure n’est pas moins toxique selon le type de poisson consommé, et qu’il s’accumule dans l’organisme, affectant particulièrement le système nerveux et le cerveau.
En résumé :
Les normes actuelles sur le mercure dans le thon visent avant tout à préserver la commercialisation du produit, au détriment du principe de précaution.
Le ministère de l’Agriculture minimise, les villes réagissent
Face à l’alerte des ONG, le ministère de l’Agriculture a affirmé qu’aucune “défaillance sanitaire” n’avait été constatée dans les contrôles officiels.
Selon lui, toutes les analyses respectent la réglementation européenne, et les produits restent “sûrs” pour la consommation.
Mais plusieurs grandes villes françaises — Paris, Lyon, Lille, Montpellier, Rennes, Grenoble — ont préféré appliquer le principe de précaution. Elles ont annoncé la suspension du thon dans les cantines scolaires, le temps qu’un seuil plus strict soit adopté.
Elles soulignent que les enfants sont les plus vulnérables : leur système nerveux en développement est particulièrement sensible au mercure, susceptible de provoquer baisse du QI, troubles du comportement, difficultés de mémoire et de motricité.
En résumé :
Tandis que les autorités affirment que tout est sous contrôle, plusieurs villes françaises prennent les devants pour protéger les enfants d’une exposition au mercure.
Un métal lourd aux effets irréversibles sur la santé
Le mercure se dépose dans les océans principalement via les émissions industrielles et les centrales à charbon.
Sous sa forme organique (méthylmercure), il s’accumule dans la chair des poissons prédateurs comme le thon, l’espadon ou le requin.
Une consommation régulière expose à de graves risques :
- troubles neurologiques,
- ralentissement cognitif,
- perturbations du développement chez les enfants,
- atteintes du foie, des reins et du système immunitaire.
Même à faible dose, le mercure s’accumule dans les tissus au fil du temps. Les femmes enceintes, les enfants et les consommateurs réguliers de thon en boîte sont donc les populations les plus à risque.
En résumé :
Le mercure est un poison cumulatif : chaque portion de thon contaminé augmente la charge toxique de votre organisme.
Ce qu'il faut retenir
- 100 % des boîtes de thon testées par Bloom et Foodwatch contiennent du mercure.
- Plus d’une sur deux dépasse le seuil maximal fixé pour d’autres espèces.
- Les ONG dénoncent des normes conçues pour protéger l’industrie, non les consommateurs.
- Les grandes villes françaises ont suspendu le thon dans les cantines scolaires par précaution.
- Le mercure, toxique pour le système nerveux, s’accumule dans l’organisme et représente un danger particulier pour les enfants et les femmes enceintes.
Le thon reste une source de protéines intéressante, mais sa consommation doit être raisonnée, ponctuelle et diversifiée, en privilégiant les poissons moins contaminés comme les sardines ou le maquereau.
- CNEWS, Le thon en conserve est largement contaminé au mercure, selon une étude, 31 octobre 2024.
- CNEWS, Thon contaminé au mercure : il n’y aurait « aucune défaillance », selon le ministère de l’Agriculture, 29 août 2025.
- ONG Bloom & Foodwatch, Rapport sur la contamination du thon au mercure en Europe, octobre 2024.
- Organisation mondiale de la santé (OMS), Mercure et santé humaine : dix substances les plus préoccupantes, rapport 2023.